Fiertés 2021 : voix publiques !

Publié par jfl-seronet le 25.06.2021
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InitiativeMarche des fiertés 2021

Dernière Marche des Fiertés avant les présidentielles de 2022, l’édition 2021 est l’occasion pour l’Inter-LGBT qui l’organise, de faire le bilan du macronisme appliqué aux LGBTQI+. Ça frappe dur et cela donne toutes les raisons d’aller faire entendre sa voix dans la rue, samedi 26 de Pantin à Paris. Explications et infos pratiques sur l’événement LGBTQI+ de l’année.

Un départ dans le 9-3

Samedi 26 juin, se tient la Marche des fiertés LGBT+ 2021 de Paris et Île-de-France. Pour la première fois, cet événement important part de banlieue ; en l’occurrence Pantin en Seine-Saint-Denis (93). « Depuis son lancement en 1977, la Marche s’est toujours déroulée intramuros. Pourtant, une grande majorité des bénévoles qui font vivre cet événement habitent en banlieue. Cette année, nous voulions vraiment que cette marche soit à l’image de toutes celles et tous ceux qui la font », explique Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de l’Inter-LGBT. « Ce choix de faire démarrer cette Marche 2021 à Pantin est dans le prolongement de notre participation à la Marche des fiertés qui a déjà été organisée à Saint-Denis [une marche des LGBTQI+ en Seine-Saint-Denis, à l’initiative de militants-es locaux, ndlr]. Nous sommes très contents-es de pouvoir faire cela cette année », confirme Elisa Koubi, co-présidente de l’Inter-LGBT.

« Partir de Pantin, passer par la porte de Pantin, puis marcher dans des quartiers que nous n’avons pas l’habitude de couvrir est nécessaire. C’est bien plus qu’un symbole, avance Matthieu Gatipon-Bachette. C’est notre façon de prendre en compte un département qui est le plus pauvre des départements de métropole, de prendre en compte les LGBTQI+ qui vivent dans des quartiers défavorisés et qui, dans un contexte difficile, peuvent être d’autant plus fragilisés selon leur lieu de vie ». En conférence de presse de présentation de l’événement, les principaux-ales responsables de l’Inter-LGBT ont rappelé l’importance pour cet événement de « mettre en valeur des idées », de « donner du sens » et de « sortir de la routine » qui fait toujours emprunter les mêmes rues. « Cette manifestation est à caractère politique. Ce n’est pas un carnaval. Elle a vocation à installer un rapport de force », explique d’ailleurs le porte-parole de l’Inter-LGBT.

4 ans, 3 marches, 1 plan, 0 progrès !

Justement question rapport de force, cette édition 2021 s’inscrit dans un contexte particulier. Elle se déroule la veille du second tour des élections régionales et départementales. Or, il y a un fort enjeu électoral dans la région Île-de-France. Par ailleurs, cette édition est la dernière avant les élections présidentielles qui se dérouleront en avril 2022. Cette Marche 2012 sera donc hautement politique et pas seulement parce qu’il n’y aura pas de chars avec de la musique cette année (conséquence de la crise de la Covid-19) pour couvrir les slogans revendicatifs. La teneur politique de l’événement, on la comprend bien à la lecture de l’Appel publié pour cette marche en amont de cet événement. Il en est l’épine dorsale militante et le bilan exigeant des quatre années écoulées. Le document est très complet et met le doigt, là où cela fait mal. Il souligne autant qu’il dénonce le décalage qu’il y a « entre une communication bien huilée sur les questions LGBTQI+ et la stratégie adoptée et l’effectivité des mesures annoncées », résume Mathias Neviere, co-président de l’Inter-LGBT. Un décalage que l’Inter-LGBT résume d’une phrase assassine : « En quatre ans, il y a eu beaucoup de blabla, mais pas plus de droits. Il y a eu beaucoup de promesses et pourtant… on régresse ». Un bilan qui se résume à ce slogan : « 4 ans, 3 marches, 1 plan, 0 progrès ! »

Infos pratiques

La Marche part à 13h30 de l’Église de Pantin et va jusqu’à la Place de la République. Le parcours emprunte l’avenue Jean Lolive, l’avenue de la porte de Pantin, puis l’avenue Jean-Jaurès, la rue La Fayette, le boulevard de Magenta jusqu’à République. Fin de manifestation vers 19h30. Un village des Fiertés est proposé à Pantin, samedi 26 juin de 10 heures à 15 heures, place de la Pointe avec des rencontres, des échanges, des animations, des stands de prévention et de sensibilisation.

Plus de droits, moins de blabla ! Trop de promesses, on régresse !
C’est sous ce titre que se déroule le « texte d’appel » de la Marche des Fiertés de Paris et Île-de-France du 26 juin 2021. Il s’inscrit dans un « contexte toujours compliqué pour les populations LGBTQI+ touchées par une crise sanitaire encore actuelle, dont les plus précaires, les plus fragilisés-es et les plus discriminés-es en payeront malheureusement longtemps le prix fort ». Cet appel  se lance dans le droit d’inventaire du macronisme appliqué aux droits des LGBTQI+. Et ce n’est pas brillant ! Pour l’Inter, la période restera marquée par un « immobilisme en matière d’évolution des droits pour les personnes LGBTQI+ » qui se traduit par une communication ministérielle tape à l’œil (de Marlène Schiappa à Elisabeth Moreno) qui lance des plans sans moyens. Et le texte d’appel de rappeler que « les droits ne sont rien s'ils ne sont pas effectifs ! ». « De restrictions budgétaires en dématérialisation des services publics, il est de plus en plus difficile de les faire valoir, en particulier pour les plus vulnérables. Entre-temps, l'extrême droite est toujours plus proche du pouvoir et ose même se présenter comme une réponse aux violences LGBTQI+phobes ; mais qui peut imaginer que ces partis mortifères puissent être un jour du côté des minorités sexuelles ou d'identités de genre ? », s’inquiète l’Inter-LGBT. Et l’appel de pointer, entre autres, quelques dossiers maltraités par l’exécutif.

Extension de la PMA : 9 ans de gestation et accouchement dans la douleur !
« Alors que le gouvernement n'hésite pas à passer des projets de loi ayant un impact majeur sur les droits fondamentaux en procédure accélérée, il a laissé trainer le projet de loi bioéthique de lecture en lecture, laissant les couples lesbiens et les femmes célibataires attendre des années avant de pouvoir débuter leur parcours de PMA, ou les contraignant à se rendre à l'étranger en pleine épidémie de Covid. Il s'obstine également à exclure les hommes trans, le don d'ovocyte intraconjugal (méthode Ropa), à compliquer la reconnaissance des parents d'enfants nés de GPA, et à créer un mode de filiation spécifique pour les couples de femmes (…) Encore un exemple montrant que les droits des femmes sont loin d'être une priorité et que la grande cause nationale annoncée en début de mandature se résume à une opération de communication », note l’appel.

Thérapies de conversion : « circulaire », il n'y a rien à voir !
« Les témoignages de victimes se multiplient et démontrent l'existence des « thérapies » de conversion en France, depuis trop longtemps ignorées. Reconnues comme de la torture, elles détruisent psychologiquement, socialement et même physiquement toutes les personnes LGBTQI+ qui en sont la cible ! La réponse : une circulaire ! En affirmant que les lois en l'état assurent une protection des personnes LGBTQI+ contre ces pratiques qui perdurent dans l'impunité totale, le gouvernement fait le choix de détourner le regard en abandonnant les victimes à leurs bourreaux. Nous exigeons des actions concrètes et efficaces pour renforcer la lutte contre les « thérapies » de conversion et leurs auteurs qui nous détruisent ! », dénonce l’appel.

Santé bafouée, LGBTQI+ en danger !
« Le gouvernement Macron, loin d'être en rupture avec ses prédécesseurs, continue de considérer la santé sous un angle purement gestionnaire. Malgré une crise sanitaire qui a mis cette stratégie au pied du mur, des lits ont continué à être fermés, les hôpitaux regroupés et des services supprimés. Plus grave encore, cette politique laisse les plus fragiles d'entre nous à l'écart de notre système de santé. Les personnes les plus vulnérables ont été tout simplement abandonnées à leur sort, et cela malgré des signaux alarmants, qui n'ont pas été entendus. Le « quoi qu'il en coûte » ne s'est clairement pas appliqué à tout le monde. Oubliés-es également celles et ceux d'entre nous en rupture familiale et dont les liens sociaux sont essentiellement communautaires. Ils et elles ont été laissés-es dans leur solitude, confinés-es face à leurs angoisses, leurs blessures et parfois leurs traumatismes. Or les taux de dépressions, de suicides, de comportements à risque, de fragilité face aux produits psychoactifs sont bien plus élevés dans nos populations, et cela dans une indifférence générale et dévastatrice (….) Enfin que dire du manque total de volonté politique pour éradiquer définitivement l'épidémie de VIH ? Quarante ans après l'apparition de la maladie, qui a fait plus de 30 millions de morts, nous pourrions y mettre un terme, mais, sans réels engagements, les choses n'avancent pas. Politique de santé désastreuse, désintérêt de l'État et maintenant une crise sanitaire, les dons sont en chute libre et le risque de regain de l'épidémie resurgit. Si les mêmes moyens déployés pour la promotion de la Prep, du Tasp et du TPE étaient les mêmes que ceux pour la Covid, les résultats seraient là depuis longtemps. Une épidémie ne doit pas en faire oublier une autre ! », souligne l’appel.

Un plan c'est bien, mais avec des moyens, c'est mieux !
Si le « Plan national d'actions de lutte contre les LGBTphobies » avance, les budgets alloués à la Dilcrah, eux, stagnent. Au-delà du vernis des belles annonces, quelles sont les avancées palpables pour les personnes LGBTQI+ alors que les chiffres de SOS homophobie prouvent une recrudescence, ces dernières années, des actes LGBTQI+phobes ? Comment mettre en place de nouvelles mesures sans allouer aux ministères concernés les moyens nécessaires à leur mise en œuvre ? Là encore, le gouvernement applique la même méthode : faire toujours plus avec toujours moins », tacle l’appel.

Arrêtez leurs assassins, pas leurs clients-es s !
« Depuis cinq ans que la loi de pénalisation des clients a été votée, la situation des travailleurs-ses du sexe ne fait qu'empirer. Alors que la Cour européenne des droits humains a accepté le recours de 261 travailleurs-ses du sexe contre l'État français pour dénoncer l'inhumanité de cette loi, celui-ci continue son déni de la réalité. Leur situation, déjà difficile depuis 2016, s'est terriblement aggravée avec la crise sanitaire. Au ravage de la Covid-19, à l'exposition au VIH et à l'exclusion du système de santé s'ajoutent une chute des revenus pour (sur)vivre, la mise en danger constante avec une augmentation des crimes, agressions et assassinats, et la traite, qui continue de plus belle. L'inefficacité de cette loi est criante et, pourtant, le gouvernement reste sourd à toute discussion et à toute demande de soutien, affirmant sa posture abolitionniste ; les travailleur·euse·s du sexe continuent de mourir ! », explique l’appel.

Et l’appel de conclure : « Cette liste non-exhaustive montre malheureusement qu'en 2021, il est enfin temps de reprendre les rues pour réclamer une réelle politique de progrès social et anti-patriarcal, pour revendiquer l’accès à nos droits, et obtenir la reconnaissance de toutes les personnes LGBTQI+ ! » L’appel proposé par l’Inter-LGBT aborde bien plus de sujets que ceux qui sont présentés ici.