Fin de l’épidémie VIH : un nouveau rapport montre qu'il est urgent d'agir

Publié par jfl-seronet le 27.05.2016
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Mondefin de l'épidémie

Un nouveau rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, alerte sur la perte de bénéfices majeurs en matière de lutte contre le VIH/sida si aucune action n'est mise en œuvre dans les cinq prochaines années. Le rapport exhorte les pays à réagir en augmentant les investissements et en renforçant leur action. Explications.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, vient de publier, début mai, un rapport. Ce dernier met en évidence qu’il y a un risque sérieux de ne pas en finir avec l’épidémie de VIH en 2030 si "aucune action n'est mise en œuvre dans les cinq prochaines années". Le rapport de l’Onu a pour titre : "Accélérer la riposte pour mettre fin à l’épidémie de sida". Il révèle que les grands progrès réalisés ces quinze dernières années en matière de lutte contre le sida pourraient être perdus si les efforts sont relâchés, si les investissements stagnent, etc.

"Au-delà des résultats obtenus, la lutte contre le sida nous a apporté la motivation et les moyens concrets nécessaires pour mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030", a expliqué Ban Ki-Moon dans son rapport. Mais il a assorti cela d’une mise en garde : "si nous acceptons le statu quo et en restons là, l’épidémie reprendra de plus belle dans plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire. Les investissements considérables que nous avons engagés et le plus grand mouvement que l’humanité ait connu pour défendre le droit à la santé auront été vains".

Pourquoi une telle mise en garde ?

"Le fait d'avoir atteint l'objectif d'assurer l'accès au traitement antirétroviral à quinze millions de personnes vivant avec le VIH neuf mois avant la date butoir de décembre 2015 représente une victoire majeure à l'échelle mondiale", note le rapport. Il souligne qu'un traitement rapide à grande échelle a constitué un élément décisif dans le déclin de 42 % des décès liés au sida depuis son apogée en 2004 et note que cela a entrainé une hausse significative de l'espérance de vie dans les pays les plus touchés par le VIH ces dernières années. Pour l’Onu, les "efforts de la communauté ont constitué un élément clé dans la suppression de nombreuses barrières en apportant une réponse à grande échelle au virus du sida, en sensibilisant les populations exposées en collaboration avec les services VIH, en assistant les personnes dans l'accès aux traitements et en renforçant d'autres services de santé essentiels".

Tout cela est très bien… mais le bilan comporte aussi des points noirs. Ainsi, "bien que de nouveaux outils de prévention et de nouvelles approches aient vu le jour, les programmes de prévention du VIH ont été affaiblis ces dernières années en raison d'un manque de leadership, d'une faible responsabilité et de financements déclinants". Les nouvelles infections ont certes diminué, mais assez faiblement : seulement 8 % entre 2010 et 2014. Par ailleurs, le rapport onusien attire l'attention sur les régions où de nouvelles infections à VIH continuent de s'amplifier, notamment en Europe de l'Est et en Asie centrale. Elles ont augmenté de 30 % entre 2000 et 2014, touchant principalement les personnes qui s'injectent des drogues. Bien sûr l’accès aux médicaments anti-VIH s’est amélioré… mais pas suffisamment : environ 22 millions de personnes n'ont toujours pas accès au traitement. Le rapport impute la faute à un obstacle de taille, la diffusion du traitement contre le VIH à grande échelle à un stade tardif du diagnostic.

Que faut-il faire ?

Le rapport onusien se veut un peu optimiste. Il reste possible de mettre fin à l'épidémie de sida "en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030", mais, pour ce faire : "Il est nécessaire de mettre en place une riposte globale, accessible, fondée sur les droits de l'homme et concentrée sur des services à grande échelle pour les personnes et les régions les plus touchées". Il faut également "abroger les lois punitives ainsi que les politiques répressives qui pénalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe, les consommateurs de drogue et les professionnels du sexe, car celles-ci entravent l'accès aux services de santé. Nous devons renforcer les démarches axées sur les droits fondamentaux, notamment celles qui promeuvent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes", a également indique Ban Ki-Moon. "Nous devons garantir l’accès aux services pour les personnes les plus touchées, les plus marginalisées et qui sont les premières victimes de discrimination, notamment les personnes vivant avec le VIH, les jeunes femmes et leurs partenaires sexuels en Afrique subsaharienne,  les enfants et les adolescents du monde entier, les homosexuels et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, les travailleurs du sexe et leurs clients, les usagers de drogues injectables, les personnes transgenres, les prisonniers, les personnes handicapées, les migrants et les réfugiés". Comme on le voit, cela fait du monde.

Le rapport indique aussi que les progrès réalisés ces dernières années l’ont été grâce aux financements. Les Nations Unies estiment qu'en 2014, 19,2 milliards de dollars ont été débloqués dans les pays à revenus faibles et moyens afin de riposter contre le VIH, et que d'ici 2020, les ressources devront atteindre environ 26,2 milliards de dollars afin de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. Le rapport demande donc aux pays de s’engager dans la "procédure accélérée de l'Onusida afin de mettre fin à l'épidémie de sida".