Fin du sida : pas assez de RDR en matière de drogues

Publié par jfl-seronet le 23.10.2016
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Pour en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030, la lutte contre le sida ne doit pas oublier les personnes consommatrices de drogues injectables, a rappelé récemment (10 octobre) l’Onusida. Pour l’agence onusienne, il est nécessaire d'avoir des politiques de lutte contre les drogues et des services de prévention, de traitement, de soins et d'appui anti-VIH qui tiennent compte des droits humains et répondent aux besoins de santé de ces personnes.

Dans le monde, les estimations officielles indiquent qu’il existe environ 12 millions de consommateurs de drogues injectables, dont 1,6 million (14 %) vivent avec le VIH et 6 millions (50 %) vivent avec l'hépatite C. Autre donnée : la prévalence du VIH chez les femmes qui consomment des drogues injectables est souvent plus élevée que chez les hommes. Selon l'Onusida, 140 000 consommateurs de drogues injectables ont été nouvellement infectés par le VIH dans le monde en 2014 et aucune baisse n'a été enregistrée dans le nombre annuel de nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables entre 2010 et 2014. Ces données émanent pour partie d’un rapport de l’Onusida : "Pour moins de risque – santé, droits humains et consommateurs de drogues". Ce document mentionne que "des lois et des politiques moins répressives à l'égard des consommateurs de drogues" et "une hausse des investissements" dans les programmes qui leur sont destinés se traduisent par une "baisse des nouvelles infections à VIH et un meilleur état de santé, tout en apportant des bénéfices sociaux de manière plus générale". Le rapport, appuyé notamment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), défend aussi l’idée que "la réduction des risques, ça fonctionne". Ainsi, le traitement substitutif aux opiacés a été associé à une réduction de 54 % du risque d'infection à VIH chez les personnes consommatrices de drogues injectables, à une baisse du risque d'infection par le VHC, à une augmentation de l'observance du traitement antirétroviral pour le VIH, à une baisse des dépenses de santé non remboursées et à une réduction du risque d'overdose aux opiacés de près de 90 %. Le rapport cite l’exemple de l’Australie où dix ans de programmes d’échanges de seringues ont permis de faire  diminuer le nombre de cas de VIH jusqu'à 70 % et celui de VHC jusqu'à 43 %. Et histoire de bien enfoncer le clou, l’Onusida réaffirme que les "données probantes montrent aussi clairement que les lois et les politiques qui empêchent les consommateurs de drogues d'accéder aux services de santé ne fonctionnent pas". Par exemple, la surveillance policière des lieux de soins et de services de réduction des risques décourage les consommateurs de drogues injectables d'accéder à ces services.

Des alternatives aux poursuites et incarcérations

"Accélérer la riposte au sida nécessite de défendre les droits des consommateurs de drogues d'accéder à des services de réduction des risques de haute qualité, éclairés par des données probantes, et de supprimer les obstacles à l'accès à ces services", explique Aldo Lale-Demoz, directeur exécutif adjoint de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. De plus, appliquer des lois qui proposent une alternative aux poursuites judiciaires et à l'incarcération pour usage et possession de drogues pour consommation personnelle permet de réduire les effets nocifs pour la santé associés à la consommation de drogues. Et contrairement à une idée reçue, cela n'aboutit pas à une augmentation de la consommation de drogues.

Les investissements actuels dans la RDR sont insuffisants

On le voit les preuves, notamment scientifiques, concernant l’efficacité de la politique de réduction des risques en matière d’usage de drogues ne manquent. Et pourtant, malgré ce large corpus de preuves, seulement 80 des 158 pays dans lesquels la consommation de drogues injectables a été recensée disposent d'au moins un lieu proposant un traitement substitutif aux opiacés, et seulement 43 pays ont mis en place des programmes d’échanges de seringues et/ou d’accompagnement dans les prisons. Les programmes d’échanges aiguilles-seringues sont disponibles dans 90 pays uniquement et seuls 12 pays fournissent le seuil recommandé de 200 aiguilles stériles par consommateur de drogues injectables et par an, détaille le rapport de l’Onusida. On est donc très loin du compte. Très clairement, l’agence onusienne estime que " la combinaison entre l'indisponibilité des services de réduction des risques et une couverture inadéquate là où ils existent met en péril le progrès de la riposte au VIH". Cela revient aussi à "refuser des services de santé vitaux aux millions de consommateurs de drogues injectables". "Lorsqu'il s'agit de consommateurs de drogues, les preuves sont nécessaires mais insuffisantes pour catalyser les engagements impératifs des gouvernements et des donateurs", explique doctement l’Onusida. "La réduction des risques est une méthode de prévention du VIH qui fonctionne clairement. Elle a la faveur des gens qui en ont besoin et coûte peu cher. Le désengagement financier n'a aucun sens, ni scientifiquement, ni moralement", déclare, pour sa part, Daniel Wolfe, de l'Open Society Foundations. C’est l’évidence, il manque des financements. Les investissements actuels dans la RDR sont insuffisants. Le maintien des niveaux actuels ne suffira pas pour en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030 et être à la hauteur des engagements pris dans la Déclaration politique de 2016 sur la fin du sida, rappelle l’Onusida. "Les consommateurs de drogues injectables figurent parmi ceux qui ont été le plus laissés de côté par la riposte mondiale au VIH", déclare Mauro Guarinieri du Fonds mondial. "Nous devons admettre que le niveau de criminalisation, de discrimination et de violence auquel sont confrontés les consommateurs de drogues ne peut que se traduire par l'incitation à des comportements de prise de risque, en les excluant des systèmes d'appui sociaux et de santé dont ils ont besoin. Nous devons aller vers un traitement universel, pour tout le monde y compris les consommateurs de drogues, parce que ce sont des êtres humains comme nous", conclut-il.

Commentaires

Portrait de unepersonne

j'aurais 65 ans mais ils delirent total la haut !

pourquoi pas en 2050 ?

si je comprends bien tous les anciens sero d'aujourd'hui ne connaitrons jamais ce jour merveilleux mais les nouveaux contaminées des années 2010 2015 ont de beaux espoirs devant eux

encore faut que ce ne soit pas un des ces rumeurs comme il y en a depuis les annnées 80

putain 2030 je serais bon pour le refonte si j'ai pas été croqué avaant