Fonds mondial contre le sida : la France doit "voter contre" un plafonnement de la lutte

Publié par jfl-seronet le 28.11.2012
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Des associations françaises de lutte contre le sida (AIDES, Act Up-Paris, Coalition PLUS, Solidarité Sida ) ont appelé le 13 novembre la France à "voter contre" un nouveau mode de financement au Fonds mondial contre le sida, pénalisant pour les malades des pays pauvres.

Mercredi 13 novembre, le Fonds mondial a ouvert son conseil d'administration à Genève. Un conseil qui devrait prendre des "décisions historiques". A cette occasion et parce que cette menace se profile, les associations françaises "appellent la France à voter contre la proposition d'instaurer des plafonds limitant le nombre de malades pouvant désormais être soignés par pays".
 
 Plafonds pervers
"Jusqu’ici, lorsque le Fonds mondial jugeait pertinent le programme de lutte contre les pandémies d’un pays pauvre, ce pays voyait son programme financé par le Fonds mondial. Lorsque le Fonds n’avait pas assez d’argent pour financer toutes les demandes de subvention, il finançait intégralement les demandes les plus prioritaires, et ensuite tentait de trouver des ressources additionnelles pour financer les demandes restantes", rappellent les associations françaises dans leur communiqué. "Pendant 10 ans, ce système a fonctionné parfaitement : aucun pays ne s’est jamais vu débouté par le Fonds mondial pour manque d’argent. Les seuls pays déboutés furent ceux dont le programme sanitaire n’était pas jugé suffisamment crédible ou efficace, et cette décision était prise par un groupe d’experts en santé publique, complètement indépendants du Fonds. Cette politique de sélection des programmes prioritaires et de leur financement intégral découlait des engagements pris par les dirigeants du G8 dans les années 2000", indiquent-ils.
"La proposition soumise au conseil d’administration du Fonds mondial (….) aura pour absurde conséquence d'entraver la montée en puissance des programmes les plus efficaces de lutte contre les pandémies, au lieu de la soutenir intégralement comme par le passé. Le Fonds mondial utiliserait désormais une formule mathématique pour calculer administrativement le "montant idéal" que chaque pays pauvre devrait recevoir par programme. Or, la base de calcul retenue pour cette formule aboutit à ce que ces plafonds de financement soient 2 à 3 fois inférieurs aux sommes dont un pays à besoin pour atteindre l’accès universel au traitement, objectif majeur de la communauté internationale en matière de lutte contre le sida, expliquent les organisations françaises. La formule va jusqu’à prévoir que, si un pays pauvre trouve des sommes supplémentaires en dehors du Fonds mondial, ces sommes soient retranchées de l’enveloppe à laquelle il aurait eu droit autrement. Un tel changement de méthode dans le mode de financement revient de fait à empêcher les pays pauvres de mettre en œuvre des programmes de lutte contre les pandémies à hauteur des besoins des malades. Il revient aujourd’hui aux associations de lutte contre le sida de dénoncer haut et fort le coût humain des décisions proposées au conseil d’administration du Fonds mondial : plafonner d’office les sommes que le Fonds mondial peut apporter à chaque pays pauvre, c'est condamner des centaines de milliers de malades du sida, auxquels la communauté internationale a pourtant promis un traitement".
 
Hollande et Canfin interpellés
Le président François Hollande et Pascal Canfin, ministre délégué au Développement, "doivent se mobiliser personnellement contre une telle décision", soulignent les organisations non gouvernementales dans un communiqué commun. "En tant que deuxième financeur du Fonds mondial, engagé en faveur du doublement du nombre de malades du sida traités de 7 à 15 millions, la France doit s'opposer à l'instauration de plafonds au Fonds mondial", poursuivent-elles. Pour ces organisations, "ce plafonnement est incompatible avec les objectifs sanitaires affichés". Depuis sa création en 2002, le Fonds mondial est devenu la principale source de financement des programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en approuvant le financement de subventions pour un montant total de 22,6 milliards de dollars (17,7 milliards d'euros) alloués à plus de 1 000 programmes dans 150 pays.