Fonds mondial : des financements en hausse, mais insuffisants

Publié par jfl-seronet le 24.09.2016
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Conférencesfonds mondial

Les 16 et 17 septembre dernier s’est tenue à Montréal la 5e conférence de reconstitution des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. L’enjeu était particulièrement important pour la lutte contre le VIH au niveau mondial. Que s’est-il passé ? Quels engagements financiers ont été pris ? Sont-ils suffisants pour mettre fin à l’épidémie de VIH d’ici à 2030 ? Seronet fait le point.

Quels sont les enjeux ?

Selon les données du Fonds mondial : 3,2 milliards de personnes risquent de contracter le paludisme si les moyens ne sont pas à la hauteur. Pour être précis, 214 millions de cas ont été recensés en 2014. Depuis 2014, 9,66 millions de personnes ont contracté la tuberculose. En fait, la tuberculose touche dix millions de personnes par an dans le monde. Aujourd’hui, plus de 36,7 millions de personnes vivent avec le VIH et moins de la moitié d’entre elles a accès à un traitement anti-VIH. Puissance invitante, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réaffirmé l’objectif d’éradiquer ces trois pandémies d’ici 2030. Pour ce faire, le Fonds mondial, créé en 2002, s’était fixé pour objectif de collecter 13 milliards de dollars pour financer ses actions contre ces trois maladies pour les années 2017 à 2019.

Quels objectifs pour le Fonds mondial ?

Sur le site du Fonds mondial, il est indiqué que les 13 milliards de dollars demandés permettront d’atteindre les objectifs suivants sur la période 2017-2019 : "sauver jusqu’à huit millions de vies humaines, soit un total de 30 à 32 millions de vies sauvées à l’horizon 2020" ; "s’appuyer sur les progrès réalisés et empêcher la recrudescence de ces trois maladies"; "prévenir 300 millions de nouvelles infections" ; "aider les partenaires à investir 41 milliards de dollars de ressources nationales dans la lutte contre ces trois maladies" ; "engendrer des gains économiques pouvant atteindre 290 milliards de dollars".

2016 : qui a donné quoi ?

Les Etats-Unis se sont engagés à donner 4,3 milliards de dollars pour trois ans. La France a annoncé en juin dernier le maintien de son engagement, soit 1,08 milliard d’euros pour trois ans. Le Japon a promis 800 millions de dollars, le Canada s’est engagé à hauteur de 600 millions. Cela représente une hausse de 20 % pour ce dernier pays. La Grande-Bretagne fait une contribution de 1,28 milliard d’euros pour la période. Cela fait d’elle le deuxième pays contributeur. Elle devance désormais la France. L’Union Européenne va donner 470 millions d’euros pour les trois ans. Stefan Löven, le Premier ministre suédois, a promis 2,5 milliards de couronnes suédoises. La Norvège a promis 2 milliards de couronnes norvégiennes, une progression de 18 % de sa contribution. L’Australie versera 220 millions de dollars australiens, une hausse de 10 %. D’autres pays ont donné également. Des donateurs privés contribuent également à la reconstitution des fonds. C’est le cas de la fondation de Bill et Melinda Gates qui a annoncé un apport de 600 millions de dollars. Depuis le début, la fondation Gates a alloué 1,6 milliard de dollars du Fonds.

Au total, le Fonds mondial a pratiquement atteint son objectif avec près de 13 milliards de dollars réunis pour l’exercice 2017-2019. Interrogé par l’AFP, Bill Gates a expliqué : "Avec 12,9 milliards de dollars (11,5 milliards d'euros), nous avons récolté plus d'argent que jamais dans l'histoire du Fonds, et 1,2 milliard de plus qu'il y a trois ans, malgré tous les défis qu'on connaît : les violences au Moyen-Orient, la crise des migrants, etc. Les bonnes nouvelles existent, et le Fonds mondial en est une en particulier".

Les pays du sud aussi financent le Fonds mondial

Les pays africains ont renforcé leurs investissements dans le Fonds mondial, indique l’institution dans un communiqué (19 septembre). L'Afrique du Sud, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Kenya, la Namibie, le Nigeria, le Sénégal, le Togo et Zimbabwe ont chacun apporté une contribution à la cinquième reconstitution des ressources du Fonds mondial. "Les promesses faites par les pays africains au Fonds mondial s'inscrivent dans la logique d'une hausse nettement plus importante des investissements nationaux qu'ils réalisent dans la santé — soit 10,9 milliards de dollars engagés pour la période 2015/2017. C'est la première fois que le financement national alloué à la santé en Afrique dépasse le financement extérieur", note le Fonds mondial. Cette année, le Togo a fait sa toute première contribution : 1 million de dollars. Le Président Faure Gnassingbé a indiqué que son pays allait assumer sa part de responsabilité dans le combat mené contre les épidémies, afin d'en finir pour de bon avec elles. Alassane Ouattara, le Président de la Côte d'Ivoire a, lui aussi, promis 1 million de dollars au Fonds mondial. En annonçant une promesse de 5 millions de dollars, Uhuru Kenyatta, le président du Kenya a déclaré que son pays apportait une "contribution financière en signe de solidarité et de responsabilité partagée dans le combat mené contre les maladies".

Quels sont les pays bénéficiaires du Fonds mondial ?

Les fonds récoltés sont destinés à la prévention et au traitement des maladies. Sur plus de cent pays où sont menés les programmes du Fonds mondial, 70 % des sommes engagées vont aux pays africains. Le Nigeria, la RDC, le Kenya, l’Afrique du sud, la Tanzanie, l’Ouganda sont les pays qui reçoivent le plus d’aide de la part du Fonds mondial.

Des incertitudes sur Unitaid ?

Plusieurs organisations non gouvernementales françaises (Sidaction, Action santé mondial, Equilibres et Populations, Oxfam France, Solthis, Solidarité sida) avaient appelé, en amont de la conférence de Montréal, la France à maintenir sa contribution au Fonds mondial ; là où d’autres organisations comme Coalition PLUS et AIDES demandaient au président de la République de l’augmenter. Cette différence d’appréciation nette et inédite marque un tournant quant au niveau de pression que les ONG entendent mettre pour avoir des financements publics à la hauteur des enjeux. La veille de la conférence de Montréal, plusieurs ONG (1) publient une tribune sur le "Huffington Post". Les associations y expliquent qu’elles ont "salué l’engagement du président Hollande de maintenir la contribution française au Fonds mondial" et expliquent avoir appris que le financement français à Unitaid "serait menacé d’une coupe de 20 %". Un tel désengagement de la part de la France serait incompréhensible et aurait des conséquences inquiétantes pour la santé mondiale", expliquent-elles alors. Pour ces ONG, le maintien de la contribution française au Fonds mondial ne peut "se faire au détriment d’autres contributions financières, comme celle destinée à Unitaid qui doit être impérativement maintenue". La pilule passe d’autant plus mal qu’en juin 2016, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait rappelé l’importance stratégique d’Unitaid pour la France et la santé mondiale. A Montréal, la France était représentée par André Vallini, secrétaire d'Etat chargé du Développement. Interrogé par l’AFP, le ministre a fermement démenti ces affirmations, indiquant que Paris a toujours l'intention de demeurer le premier contributeur à Unitaid et que la participation française serait annoncée en fin d'année 2016, le temps que soient menés des arbitrages budgétaires.

L’annonce française en mode critiques

Evidemment, ceux qui avaient demandé le maintien de la contribution française sont contents. La plupart des experts se veulent confiants et saluent les efforts consentis lors de la conférence de Montréal. "Nous sommes maintenant au point d’inflexion" de la lutte contre ces épidémies, a souligné le directeur général du Fonds mondial, Mark Dybul. "Nous pouvons être la génération qui va garder sous contrôle ces épidémies", a-t-il expliqué en interview. On notera la formule "garder sous contrôle" ces épidémies qui est une nuance de taille avec l’objectif d’y mettre fin.Trois ONG, AIDES, Coalition PLUS et la Cocq-sida se sont montrées très critiques sur la décision française du seul maintien de sa contribution. "A force de faire du surplace quand les autres accélèrent, la France perd son rang de premier contributeur européen au Fonds mondial. Elle a été détrônée par la Grande-Bretagne qui, malgré le Brexit, a augmenté de 10 % sa contribution. De même, l’Allemagne, l’Italie et le Canada ont annoncé de fortes augmentations (entre 20 % et 35 %), et les Etats-Unis augmentent de 200 millions de dollars", notent leur communiqué commun (17 septembre). Les associations dénoncent d’ailleurs un "relâchement du gouvernement français". "Nous sommes choqués de ce statu quo", a réagi Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. "Jusqu’en 2012, la France donnait l’exemple aux autres, mais sous la Présidence de François Hollande, elle refuse de participer à l’accélération de la riposte mondiale contre le sida. Il avait pourtant affirmé que la France voulait la fin de la pandémie et s’en donnerait tous les moyens".

"Tous les autres dirigeants ont participé à l’effort accru de financements contre le sida : Barack Obama, Angela Merkel, Theresa May, Matteo Renzi, Justin Trudeau, Jean-Claude Juncker, et j’en passe. Qui manque à l’appel ? François Hollande. En refusant d’augmenter la contribution de la France, le président abandonne à la mort des milliers de malades du sida sans traitement. C’est pourtant dès maintenant que la France doit passer à la vitesse supérieure si l’on veut débarrasser la planète de la pandémie", a dénoncé Aurélien Beaucamp, président de AIDES, membre de Coalition PLUS.

Des financements internationaux nettement insuffisants

Au total, le Fonds mondial a obtenu des Etats donateurs près de 13 milliards de dollars. Soit à peine un milliard de plus qu’à la dernière conférence de reconstitution en 2013, constatent AIDES, Coalition PLUS et la Cocq-sida. On sait que selon les calculs de l’Onu, c’est de 6,5 milliards de dollars annuels qu’il faut augmenter les financements pour atteindre les objectifs sanitaires que la communauté internationale s’est fixée en juin dernier. D’ailleurs, rappellent les trois ONG, inquiet de cette contradiction entre les ambitions affichées et les moyens débloqués, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon avait lancé le 1er avril dernier un appel aux chefs d’Etat, les mettant en garde contre la reprise de la pandémie s’ils n’accéléraient pas la riposte. Il expliquait alors : "Parmi les pays à hauts revenus, seuls quatre d’entre eux apportent au budget mondial alloué à la lutte contre le sida une part plus importante que celle qu’ils apportent au PIB mondial. […] Nous ne pouvons pas mettre fin à l’épidémie du sida sans augmenter les financements. […] Malgré les progrès remarquables qui ont été réalisés, si nous acceptons le statu quo et en restons-là, l’épidémie reprendra de plus belle dans plusieurs pays à revenus faibles et intermédiaires".

Pas de quoi triompher donc au sortir de cette cinquième conférence de reconstitution des fonds. "Nous qui combattons le sida sur le terrain auprès des malades, nous sommes en colère de constater l’irresponsabilité des dirigeants. Ils trouvent des dizaines de milliards pour acheter des armes ou renflouer des banques, mais ils vont laisser ce fléau continuer à se répandre alors qu’on pourrait en débarrasser la planète", a dénoncé Bintou Dembele, directrice de l’association Arcad-sida au Mali (2). "Notre Premier ministre, Justin Trudeau, a augmenté ses financements internationaux et organisé le sommet de refinancement du Fonds mondial à Montréal. C’est à son honneur, mais il devrait également balayer devant sa propre porte, car la lutte contre le sida au Canada peut être améliorée. Maintenant nous appelons François Hollande et les autres dirigeants qui refusent d’assumer leurs responsabilités à participer à l’indispensable accélération de la riposte contre le sida", conclut Ken Monteith, directeur de la Cocq-sida (2).

(1) : Sidaction, Action santé Mondial, Equilibres et Populations, Oxfam France, Solthis.
(2) : association membre de Coalition PLUS.

Commentaires

Portrait de unepersonne

voilà les gars,

quand je vous surine de longue pour dire que la recherche n'avance pas, or tous les seros ou presque sont heureux de leur sort, une CV indedect pour baiser tranquillou sans capote, un seul medoc à gober par jour, elle est pas belle la life ?

or d'ici que le sida soit eradiqué, il y en aura encore et encore des morts mais on reste là à attendre sauf que tout le monde s'en contre tape des seropositifs sur cette planete ,

lisez cet extrait sur les fonds mondial , ça remet les pieds sur terre et nous fait comprendre que c pas demain qu'il y aura un putain de vaccin pour nous sortir de cet enfer

extrait fonds mondial :

Au total, le Fonds mondial a obtenu des Etats donateurs près de 13 milliards de dollars. Soit à peine un milliard de plus qu’à la dernière conférence de reconstitution en 2013, constatent AIDES, Coalition PLUS et la Cocq-sida. On sait que selon les calculs de l’Onu, c’est de 6,5 milliards de dollars annuels qu’il faut augmenter les financements pour atteindre les objectifs sanitaires que la communauté internationale s’est fixée en juin dernier. D’ailleurs, rappellent les trois ONG, inquiet de cette contradiction entre les ambitions affichées et les moyens débloqués, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon avait lancé le 1er avril dernier un appel aux chefs d’Etat, les mettant en garde contre la reprise de la pandémie s’ils n’accéléraient pas la riposte. Il expliquait alors : "Parmi les pays à hauts revenus, seuls quatre d’entre eux apportent au budget mondial alloué à la lutte contre le sida une part plus importante que celle qu’ils apportent au PIB mondial. […] Nous ne pouvons pas mettre fin à l’épidémie du sida sans augmenter les financements. […] Malgré les progrès remarquables qui ont été réalisés, si nous acceptons le statu quo et en restons-là, l’épidémie reprendra de plus belle dans plusieurs pays à revenus faibles et intermédiaires".

Pas de quoi triompher donc au sortir de cette cinquième conférence de reconstitution des fonds. "Nous qui combattons le sida sur le terrain auprès des malades, nous sommes en colère de constater l’irresponsabilité des dirigeants. Ils trouvent des dizaines de milliards pour acheter des armes ou renflouer des banques, mais ils vont laisser ce fléau continuer à se répandre alors qu’on pourrait en débarrasser la planète", a dénoncé Bintou Dembele, directrice de l’association Arcad-sida au Mali (2). "Notre Premier ministre, Justin Trudeau, a augmenté ses financements internationaux et organisé le sommet de refinancement du Fonds mondial à Montréal. C’est à son honneur, mais il devrait également balayer devant sa propre porte, car la lutte contre le sida au Canada peut être améliorée. Maintenant nous appelons François Hollande et les autres dirigeants qui refusent d’assumer leurs responsabilités à participer à l’indispensable accélération de la riposte contre le sida", conclut Ken Monteith, directeur de la Cocq-sida (2)

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