Fonds mondial : la Grande Bretagne double sa contribution

Publié par jfl-seronet le 13.10.2013
5 665 lectures
Notez l'article : 
5
 
0
Mondefonds mondial

La Grande Bretagne va doubler sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour les trois prochaines années, a salué le Fonds dans un communiqué publié mardi 24 septembre. AIDES et Coalition PLUS en profitent pour interpeller le gouvernement français sur ses engagements.

Justine Greening, secrétaire d'Etat britannique au Développement international, a annoncé que le Royaume-Uni allait contribuer à hauteur d'un milliard de livres sterling (1,6 milliard de dollars) aux programmes soutenus par le Fonds pour la période 2014/2016, soit 333 millions de livres (533 millions de dollars) par an. Il s'agit, souligne le communiqué, de la deuxième promesse de dons en importance jamais faite par un gouvernement. Les Etats-Unis avaient demandé 1,65 milliard de dollars par an pour le Fonds mondial dans leur budget pour 2014. Nafsiah Mboi, présidente du Conseil d'administration du Fonds mondial, a mis en avant le sens aigu des responsabilités et la générosité du Royaume-Uni.

Une conférence de reconstitution des ressources

Fin 2013, le Fonds mondial convoquera la conférence triennale de ses donateurs pour la quatrième reconstitution de ses ressources. Son objectif est de recueillir 15 milliards de dollars, de manière à pouvoir efficacement venir en aide aux pays dans le combat mené contre ces trois maladies infectieuses entre 2014 et 2016. Le Fonds mondial espère pouvoir soigner 85 % des personnes ayant besoin d'un traitement d'ici à 2016, avait indiqué (20 septempbre) le directeur exécutif du Fonds Mark Dybul. Créé en 2002 pour augmenter les moyens alloués à la lutte contre les trois pandémies, le Fonds a, au 31 décembre 2012, déjà déboursé 22,6 milliards de dollars (17,7 milliards d'euros) au total.

Des ONG françaises interpellent le gouvernement français

AIDES et Coalition PLUS ont réagi (23 septembre) à l’annonce britannique. "François Hollande sera-t-il moins solidaire que David Cameron avec les malades du sida ?", interrogent les deux organisations. "Alors que la France se livre à des manipulations comptables pour maintenir péniblement sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la Grande-Bretagne vient de frapper un grand coup. Aujourd'hui 23 septembre, elle annonce plus du doublement de sa dotation, passant à 1,2 milliard d'euros pour les 3 ans à venir. La Grande Bretagne deviendrait alors le second contributeur mondial, damant le pion à la France", indiquent AIDES et Coalition PLUS qui saluent cette "initiative historique" et appellent "la France à réagir".

Depuis plusieurs mois, AIDES et Coalition PLUS affichent de "sérieuses inquiétudes quant au manque de volontarisme de François Hollande dans la lutte mondiale contre les pandémies. Notre pays, leader incontesté de ce combat durant de nombreuses années, ne semble plus faire du sida une priorité de son action internationale. Ce manque d'ambition française est d'autant plus incompréhensible que la fin de l'épidémie n'a jamais été aussi accessible, comme le démontre un récent rapport publié par les activistes internationaux de l'ICSS".

Fonds mondial : une efficacité reconnue

Pour les deux organisations : "L'efficacité du Fonds mondial [est ainsi] adoubée par la Grande Bretagne. Cette décision britannique intervient après un minutieux travail d'évaluation de son aide multilatérale, qui place le Fonds mondial en tête des initiatives les plus coût-efficaces. La même évaluation et le même constat ont été récemment faits par la France, qui n'a pourtant pas jugé utile d'augmenter sa contribution", constatent AIDES et Coalition PLUS. "Cette annonce montre que la Grande Bretagne a pris acte des différentes études publiées ces derniers mois, qui convergent toutes dans le même sens : la fin de l'épidémie est à portée de main, à condition de passer rapidement un braquet en termes de financements. Avec le doublement de sa contribution, la Grande Bretagne emboite le pas à d'autres pays qui ont, eux aussi, pris conscience de l'enjeu". "Plusieurs pays ont compris le choix qui s'offrait à eux : consentir un effort financier dès maintenant pour en finir avec l'épidémie, ou se condamner à payer à jamais. Dommage que la France ne soit pas parvenue à la même conclusion, qui relève pourtant du bon sens économique", regrette Bruno Spire, président de AIDES.

Une hausse... sous conditions

AIDES et Coalition PLUS saluent "cet élan historique de solidarité et constatent que le leadership dans le combat mondial contre le sida a désormais traversé la Manche. La Grande-Bretagne a toutefois posé ses conditions : sa dotation ne pourra excéder 10 % de la dotation mondiale. Ce qui implique que d'autres pays devront également augmenter leur contribution. "Si la France ajoutait, comme elle l'a promis, les 5 % de sa taxe sur les transactions financières à sa contribution globale, celle-ci atteindrait 1,2 milliards sur 3 ans : l'équivalent de la contribution britannique. Il est encore temps de réagir", explique Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. Les deux organisations appellent "donc François Hollande à s'inspirer du volontarisme britannique et à annoncer à son tour, sans attendre, une augmentation de la contribution française. C'est à ce prix que nous pourrons mettre un terme à une épidémie qui a déjà fait plus de 30 millions de morts".
Plus d’infos sur Coalition PLUS.