Fonds mondial : le compte n'y est pas !

Publié par jfl-seronet le 27.10.2010
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Les donateurs ont annoncé, pour la plupart, des hausses de leur engagement financier en faveur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Les associations font remarquer, qu'en dépit de cette augmentation, les financements ne sont pas suffisants pour permettre un accès universel aux traitements. Seul un tiers des séropositifs reçoivent pour l'heure des traitements. De son côté, Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial, fait les gros yeux aux pays radins. Dans le collimateur : l'Italie et l'Allemagne.

Les Etats-Unis se sont engagés (5 octobre) à verser 4 milliards de dollars sur trois ans au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ils augmentent ainsi leur contribution de 38 %. "Il s'agit, et de loin, de la plus forte augmentation parmi les pays donateurs cette année", a souligné le département d'Etat dans un communiqué. La somme offerte porte sur la période 2011-2013, rappelle l'AFP. Une période pour laquelle le Fonds mondial appelle à une reconstitution de ses ressources. Les Etats-Unis étaient déjà les plus importants donateurs, avec un engagement de plus de 10,5 milliards de dollars depuis la création du Fonds en 2002. Pour cette même période, l'Union Européenne (les pays membres et la Commission) ont alloué plus de 9 milliards de dollars au Fonds mondial. La France est le premier contributeur européen au Fonds, et le deuxième au monde derrière les Etats-Unis, précise l'AFP. La diplomatie américaine estime que l'ensemble des nouvelles contributions au Fonds permettra, d'ici à 2015, de traiter 4,4 millions de malades du sida par thérapie antirétrovirale, contre 2,5 millions en 2009. Michel Kazatchkine, le directeur du Fonds, a salué "l'engagement fort" de Washington. De son côté, Health GAP, une ONG américaine qui milite pour l'accès universel aux soins contre le VIH et le sida, s'est dite "profondément déçue" pour ces annonces. Health GAP rappelle que seul un tiers des séropositifs reçoivent pour l'heure des traitements. Cet avis est partagé par de nombreuses associations de lutte contre le sida (cf Up-Paris, AIDES, la Coalition PLUS, Sidaction, Solidarité Sida) qui regrettent, elles aussi, le niveau des engagements des pays donateurs. Elles considèrent que "le compte n'y est pas" et que la lutte va désormais "être en stagnation".

Michel Kazatchkine Michel Kazatchkine l'a d'ailleurs fort bien compris d'où sa récente sortie (12 octobre) appelant l'Allemagne et l'Italie à augmenter leur contribution alors que les deux pays envisageaient de la baisser. Au final, du moins, pour l'Allemagne, c'est le statu quo. De passage à Berlin, Michel Kazatchkine a salué "la décision de l'Allemagne de maintenir son niveau de contribution, à 600 millions sur trois ans. La décision a été difficile". Le directeur du Fonds mondial a invité l'Allemagne à prendre exemple sur d'autres pays du G8. "Les Etats-Unis ont augmenté leur contribution, tout comme le Canada, la France ou le Japon. La Russie a elle aussi augmenté son apport. J'espère que l'Allemagne va suivre (…) Il faut que l'Allemagne s'interroge sur ses priorités" en matière d'aide au développement qui sont surtout bilatérales et non multilatérales, a expliqué Michel Kazatchkine. Ce dernier s'est aussi inquiété du cas de l'Italie: "elle n'a pas encore payé la cotisation qu'elle avait promise pour 2009 et 2010, c'est le seul pays du G8 dans ce cas, et elle a refusé de se prononcer pour la suite (…) C'est un grand motif d'inquiétude et de préoccupation (…) On ne peut pas accepter que la vie des gens dans les pays pauvres soit quelque part à la merci de ce qu'un jour un donateur dise "merci, je me retire"", a dénoncé le directeur du Fonds mondial.

Crédit photo :Svilen Milev