François Hollande : la TTF au 1er août... oui, mais combien ?

Publié par Rédacteur-seronet le 24.07.2012
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ConférencesAIDS 2012TTFtaxe sur les transactions financières

Dans un message vidéo diffusé lundi 23 juillet 2012, pendant la 19e conférence internationale sur le VIH/sida, à Washington. François Hollande a indiqué la mise en place de la taxe sur les transactions financières et le rôle qu’elle pourrait jouer dans la lutte contre le sida. L’annonce a marqué par un certain volontarisme et, hélas, un grand flou sur la part de cette TTF qui ira à la lutte contre le sida.

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Les associations de lutte contre le sida du monde entier, dont AIDES, l'attendent depuis plus de dix ans : la taxe sur les transactions financières dont le produit irait au développement et notamment à la lutte contre les grandes épidémies dont le VIH/sida. Nicolas Sarkozy lorsqu’il était président de la République avait pris l’engagement de créer une telle taxe en France et prévu qu’elle entre en vigueur au 1er août 2012. François Hollande, d’accord avec cette idée, le fait aujourd’hui. C’est ce qu’il a annoncé dans un message vidéo diffusé lundi 23 juillet 2012, pendant la 19e conférence internationale sur le VIH/sida, à Washington. Dans une courte intervention, le président de la République a indiqué soutenir ce type de financements innovants. C’est bien, mais cela reste bien flou car on ne comprend pas un seul instant dans la déclaration présidentielle quelle sera la part qui sera affectée à la lutte contre le sida. Alors certes l’initiative française montre l’exemple (la France est le premier pays à adopter cette TTF), mais quel exemple ?
 
La taxe sur les transactions financières, ou Taxe Robin des Bois, a été imaginée par des organisations non gouvernementales dans le but de financer la lutte contre les inégalités Nord/Sud, notamment dans des domaines comme l’environnement, l’éducation, la santé. Selon le schéma proposé par Coalition PLUS (dont AIDES est membre fondateur), prélever 0,05 % sur chaque transaction financière suffirait, par exemple, à soulever 12,5 milliards de dollars chaque année, sans affecter le contribuable et sans aucun danger pour l'économie. Cette taxe, qui fait de nouveau parler d'elle depuis l'arrivée de la crise économique, entrera enfin en vigueur au 1er août en France. Le Président de la République l'a donc annoncée en personne dans le cadre d’un discours portant sur la lutte contre le VIH.


"Arrêter l'épidémie de sida dans le monde, c'est possible", a déclaré François Hollande dans ce message vidéo, sous-titré en anglais. "D'abord en faisant travailler ensemble les milieux de santé, les organisations internationales, les associations de lutte contre le sida et les organisations non gouvernementales. Ensuite, en accroissant encore les efforts pour mettre au point un vaccin et développer toujours davantage la prévention. Egalement en facilitant l'accès au dépistage pour réduire l'incidence de l'infection dans tous les pays quel que soit le mode de diffusion. En permettant un accès au traitement pour diminuer les risques de transmission. Enfin, en concentrant nos efforts pour protéger les populations les plus vulnérables".
 
Car François Hollande l'a bien compris : les pays en développement, et en particulier l'Afrique subsaharienne qui concentre la grande majorité des cas de séropositivité dans le monde, ne pourront mettre un terme à l'épidémie sans le soutien des pays occidentaux. "C'est la solidarité entre les nations qui est en jeu, ce qui suppose l'implication des pays les plus riches envers les plus démunis. C'est grâce à cet engagement, que je peux ici renouveler au nom de la France, que nous parviendrons à parcourir la seconde moitié du chemin, la plus difficile : traiter non seulement 7 millions de personnes mais 15 millions de malades du sida. La France, depuis la création du Fonds mondial de lutte le sida, la tuberculose et le paludisme, et celle d'UNITAID, prend une large part à cette œuvre commune", a continué François Hollande. "Elle est le deuxième contributeur financier du Fonds mondial, et elle entend poursuivre (…)  Nous voulons créer des financements innovants, supplémentaires. C'est le sens de la taxe sur les transactions financières que mon pays a décidé d'implémenter à partir du 1er août 2012. Au G20 et au Sommet de Rio, j'ai proposé d'élargir cette taxe à l'échelle de l'Europe et du monde de façon à ce que nous puissions verser des sommes nouvelles à la lutte contre le sida. Dans un contexte, que je sais difficile sur le plan économique et financier, l'engagement des états et des donateurs est indispensable mais c'est avec la jeunesse que nous gagnerons la bataille. Il dépend désormais de nous d'arrêter l'épidémie de sida. Si nous le décidons, nous le pouvons".


Pas de chiffre précis donc. "Nous saluons le volontarisme politique du Président de la République, le seul jusqu'à présent qui ait pris des engagements (…) dans le cortège de déclarations d'intentions qui ont émaillé la cérémonie d'ouverture de la conférence Aids 2012", a déclaré Bruno Spire, président de AIDES." Il faut maintenant passer de la déclaration à la mise en place concrète. AIDES veillera à ce que cette annonce se traduise le plus vite possible en financements permettant d'atteindre l'objectif que la communauté internationale s'est fixée : placer sous traitement antirétroviral les 15 millions de personnes séropositives qui en en ont besoin".