Génériques : J&J refuse toute négociation

Publié par Emy-seronet le 20.01.2012
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Le 20 décembre 2011, le laboratoire Johnson & Johnson (J&J) [plus connu sous le nom Janssen] a annoncé son refus de rejoindre le Patent Pool (1) créé par Unitaid (2) pour faciliter le partage des brevets de médicaments, la fabrication de génériques et l'accès des pays pauvres aux molécules les plus coûteuses. Les associations, qui se battent depuis 2008 contre les réticences de J&J, dénoncent une attitude indécente qui coûte des vies dans les pays en développement.
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Après la pétition lancée par Médecins sans Frontières le 21 décembre 2011, Coalition Plus, association dont AIDES est membre co-fondateur, vient de prendre position contre ce refus de Johnson & Johnson. Gilead et le National Institutes of Health, leaders pharmaceutiques propriétaires de médicaments anti-VIH très utilisés, ont déjà rejoint le Patent Pool et partagent les brevets de leurs molécules avec les fabricants de génériques du monde entier. Les autres laboratoires (GlaxoSmithKline, Pfizer, Bristol-Myers Squibb, Boehringer) sont en négociation avec cet organisme. J&J continue de résister.

"Pourtant, les produits de Johnson & Johnson sont ceux auxquels les malades du Sud ont le plus urgemment besoin sous forme générique". Johnson [Janssen] est derrière plusieur avancées thérapeutiques anti-VIH : rilpivirine (Edurant), darunavir (Prezista) et etravirine (Intelence), explique Coalition PLUS dans un communiqué du 4 janvier 2011. "Ces médicaments n'existent pas en génériques et sont donc inaccessibles pour les malades des pays en développement. Aujourd'hui, [ce] refus de rejoindre le Patent Pool coûte des vies".
Sorte de compromis, J&J avait annoncé la signature d'accords bilatéraux – accords sans lien avec le Patent Pool - avec plusieurs fabricants de génériques. En proposant ses propres accords, le laboratoire espérait parvenir à céder certains droits sur ses molécules tout en gardant le monopole sur les clauses les plus disputées. Coalition PLUS considère que ces accords n'ont qu'une visée commerciale et rappellent qu'ils n'incluent que peu de pays, peu de fabricants et limitent la baisse des prix. "Ces soi-disant licences humanitaires sont si restrictives qu'aucun médicament générique n'a encore pu en sortir, ceci alors qu'elles avaient été annoncées en 2008 et 2009", continuent les auteurs du communiqué, soulignant le fait que J&J "refuse catégoriquement de rendre publics les termes de ces licences".
Plus d'un an après la mise en place du Patent Pool, et alors que certains laboratoires indispensables à son bon fonctionnement font de la résistance, les associations sont en colère. Après Médecins sans Frontières, "Coalition PLUS exige que Johnson rejoigne immédiatement le Patent Pool, et qu'il lui concède des licences honnêtes et complètes, qui respectent véritablement les besoins des malades du sida des pays en développement en matière de baisse rapide des prix et de concurrence maximale entre fabricants".


(1) Le Patent Pool est un projet initié par UNITAID pour encourager la fabrication de molécules anti-VIH génériques. Les firmes pharmaceutiques qui produisent de telles molécules sont censées céder leurs brevets au Patent Pool pour les partager avec les fabricants de génériques.
(2) Lancé en 2006 par la France et le Brésil, et financé par la taxe de solidarité sur les billets d'avion, UNITAID est un organisme international chargé d'acheter des médicaments anti-VIH pour les pays en développement.