Grippe : la vaccination, c’est maintenant !

Publié par Sophie-seronet le 05.11.2019
3 950 lectures
Notez l'article : 
0
 
Thérapeutiquegrippevaccination

L’épidémie de grippe en France métropolitaine survient chaque année au cours de l’automne et de l’hiver et touche entre deux et six millions de personnes. Plus de 90 % des décès liés à la grippe (9 000 en moyenne en France) surviennent chez des personnes de plus de 65 ans. Chaque année, une grande campagne de vaccination est réalisée. Celle de 2019 a démarré le 15 octobre dernier. Seronet fait le point et rappelle quelques infos de base.

La grippe est une maladie contagieuse. Elle se transmet par voie aérienne (projection de sécrétions par les postillons, la toux ou les éternuements), par contact rapproché avec une personne qui a la grippe, ou par contact avec les mains ou des objets contaminés (poignée de porte, couverts, etc.). Après la contamination par le virus de la grippe, la maladie se déclare sous 48 heures en moyenne. Les personnes infectées restent contagieuses jusqu’à cinq jours après le début des premiers signes (jusqu’à sept jours chez l’enfant).

Habituellement, explique le site du ministère de la Santé, elle apparaît brutalement sous la forme d’une forte fièvre, de courbatures, de maux de tête, de fatigue intense, d’un malaise général et de symptômes respiratoires : toux sèche, nez qui coule. La maladie dure environ une semaine, mais une fatigue est fréquemment ressentie pendant les trois ou quatre semaines suivantes. Une toux sèche peut persister durant deux semaines. La grippe est souvent considérée comme une maladie peu dangereuse, ce qui est le plus souvent le cas lorsqu’elle survient chez des personnes jeunes en parfaite santé. Or, la grippe peut être grave, voire mortelle en particulier chez les personnes fragiles, comme les personnes âgées ou atteintes de certaines maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie rénale chronique, personnes avec un système immunitaire affaibli, etc.), les femmes enceintes, les personnes en surpoids ou les nourrissons. Des complications peuvent alors apparaître, telles que : une infection pulmonaire grave (ou pneumonie) et  l’aggravation de la maladie chronique dont on est atteint-e. Le traitement de la grippe associe le repos, la réhydratation, la prise de médicaments contre la fièvre (antipyrétiques) et les douleurs. Le recours à un médicament antiviral spécifique contre la grippe peut être proposé par le médecin traitant dans certaines situations. Dans ce cas, le traitement est efficace s’il débute dans les deux jours après l’apparition des symptômes. Lors de l’épidémie de la saison 2015-2016, près de 80 % des cas graves admis en réanimation avaient un facteur de risque, rappellent les autorités de santé. En 2019,  l'épidémie de grippe a débuté début janvier ; elle a atteint son pic au cours de la première semaine de février et s'est terminée fin février, soit huit semaines d'épidémie. Elle a duré deux fois moins longtemps qu'en 2017-2018, mais elle a été caractérisée par un nombre élevé d'hospitalisations après recours aux urgences pour syndrome grippal et de cas graves admis en réanimation. Une grande majorité des hospitalisations a concerné des personnes non vaccinées. Cette épidémie a également été marquée par une surmortalité importante en peu de temps, avec environ 8 100 décès attribués à la grippe en 2019 (Pour des données plus précises sur 2018, voir en fin d’article).  La vaccination reste donc la solution de prévention individuelle à privilégier pour les personnes à risque.

Qui vacciner et pourquoi ?

La vaccination contre les virus grippaux saisonniers concerne les personnes fragilisées vis-à-vis de l’infection et à risque de complications. Elle permet de réduire le risque d’être contaminé-e par la grippe et de réduire le risque de faire des formes graves de la grippe.

La vaccination des femmes enceintes protège également le nourrisson dans ses premiers mois de vie. Les souches de virus de la grippe en circulation ne sont pas les mêmes d’une année à l’autre et la durée de protection du vaccin peut s’estomper après quelques mois. C’est pourquoi il faut se faire vacciner chaque année. Une vaccination tous les ans contre la grippe est recommandée pour toutes les personnes de 65 ans et plus.

La vaccination contre la grippe est recommandée aux femmes enceintes, quel que soit le stade de la grossesse et à toute personne âgée de plus de six mois si elle présente l’une des maladies suivantes : troubles de l’immunité et maladies sanguines : cancers et autres maladies du sang, transplantation (greffe) d’organe et de moelle, déficits immunitaires, maladies inflammatoires et/ou auto-immunes traitées par immunosuppresseurs, infection par le VIH, drépanocytose ; maladies respiratoires : bronchite chronique, emphysème, asthme, silicose, dilatation des bronches, mucoviscidose, malformations de la cage thoracique… Toutes ces maladies sont en effet susceptibles d’être aggravées par la grippe ; maladies cardiovasculaires : cardiopathie congénitale, insuffisance cardiaque, maladie des valves cardiaques, troubles du rythme cardiaque, maladie des artères du cœur, angine de poitrine, antécédent d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’infarctus ou de pontage ; maladies des reins et du foie : néphropathie (atteinte du rein) chronique grave, personnes en dialyse, syndrome néphrotique, maladie chronique du foie ; maladies neurologiques et neuromusculaires : formes graves des affections neurologiques et musculaires (myopathie, sclérose en plaques, séquelles d’accident vasculaire cérébral, démence de type Alzheimer ou autre, poliomyélite, myasthénie…), paraplégie ou tétraplégie avec atteinte du diaphragme ; troubles métaboliques : diabète, obésité.

Les vaccins disponibles

Conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, le vaccin grippal 2019 est composé des souches virales suivantes : A/Brisbane/02/2018 (H1N1) pdm09 ; A/Kansas/14/2017 (H3N2) ; B/Colorado/06/2017 (lignée Victoria/2/87) ; B/Phuket/3073/2013 (lignée Yamagata/16/88). Les trois premières souches sont des souches virales recommandées pour entrer dans la composition des vaccins trivalents contre la grippe ; la dernière est une souche virale supplémentaire recommandée pour les vaccins antigrippaux tétravalents. Pour 2019, deux vaccins grippaux sont disponibles pour la campagne de vaccination 2019-2020 et pris en charge dans le cadre de la campagne : InfluvacTetra, VaxigripTetra. S’y ajoute le vaccin trivalent Influvac, qui est disponible en quantité limitée.

Le schéma de vaccination chez la personne adulte (plus de 18 ans) est le suivant : une dose annuelle. Le vaccin est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladiepour les personnes à risque, c’est-à-dire pour les personnes pour lesquelles il est recommandé.

Quelle efficacité ?

La protection contre la grippe est atteinte dans les deux semaines après la vaccination : le vaccin doit être pratiqué tous les ans, à l’automne (pour la France métropolitaine), pour se protéger contre l’épidémie hivernale qui suit. La composition du vaccin est actualisée tous les ans en fonction des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et tient compte des virus qui sont le plus susceptibles de circuler pendant l’hiver. La grippe est imprévisible et l’efficacité du vaccin est variable d’une année à l’autre. Le vaccin est d’autant plus efficace lorsque les types de virus de grippe choisis pour le formuler sont proches des souches qui circulent effectivement durant l’épidémie saisonnière. De nombreuses personnes vaccinées pensent avoir eu la grippe malgré la vaccination. Cela peut être dû à deux causes : il s’agit effectivement d’une grippe et la personne n’a pas répondu au vaccin car son efficacité est incomplète ; il ne s’agit pas d’une vraie grippe, mais d’une autre virose (infection par un virus) dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe.

Il est important de rappeler qu’en aucun cas le vaccin ne peut provoquer la grippe, car il ne contient qu’une fraction inactivée du virus. Cette vaccination est recommandée dans le rapport d’experts-es sur le VIH.

Contre-indications et effets indésirables

Il convient de se référer à la notice des vaccins, disponibles sur le site de la base de données publique des médicaments pour connaître l’ensemble des contre-indications et des effets indésirables. Le vaccin ne doit pas être utilisé en cas d’allergie aux substances actives, à l’un des autres composants du vaccin, ou aux résidus à l’état de traces, comme les œufs ou les protéines de poulet. La vaccination doit être différée en cas de maladie aiguë avec fièvre.

Effets indésirables communs à tous les vaccins injectables : réaction au site d’injection telle que douleur, rougeur, gonflement : très fréquent (supérieur à dix cas sur 100 personnes vaccinées) ; des effets généraux comme de la fièvre, des douleurs musculaires ou articulaires : fréquent (un à dix cas sur 100 personnes vaccinées) ; réaction allergique : très rare (un cas sur 450 000 personnes vaccinées). Des réactions allergiques graves, bien que très rares, peuvent survenir après la vaccination. Si l’un des symptômes décrits ci-dessous apparaît, vous devez immédiatement contacter un médecin ou les urgences médicales : une éruption cutanée pouvant s’accompagner de démangeaisons ou de bulles ; un gonflement des yeux et du visage ; une difficulté à respirer ou à avaler ; une chute soudaine de la pression artérielle et une perte de connaissance.

Gratuité pour les personnes exposées

La Haute autorité de Santé recommande la vaccination pour les personnes particulièrement exposées aux risques de complications de la grippe : les personnes de 65 ans et plus ; les personnes atteintes de certaines maladies chroniques, dont l’infection par le VIH (voir plus haut) ; les femmes enceintes ; les personnes souffrant d'obésité (IMC égal ou supérieur à 40kg/m2) ; l'entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois à risque de grippe grave (dans l'objectif de protection des nourrissons qui ne peuvent pas être vaccinés). Pour ces personnes, le vaccin est gratuit. Seul le vaccin antigrippal est pris en charge à 100 % ; l'injection du vaccin est prise en charge dans les conditions habituelles, sauf pour les patients pris en charge à 100 % au titre d'une des ALD concernées (c’est le cas du VIH, par exemple).

Le vaccin en pratique

Si vous êtes concerné-e, votre caisse d'Assurance maladie vous envoie une invitation et un bon de prise en charge. Ce bon vous permettra de bénéficier gratuitement du vaccin antigrippal. Il comprend une partie pour le pharmacien et une partie pour le ou la professionnel-le de santé qui pratiquera l’injection. Depuis 2018, afin de faciliter l’accès à la vaccination pour les personnes pour qui la vaccination est recommandée, le parcours vaccinal est simplifié : vous avez plus de 18 ans, la vaccination vous est recommandée (vous êtes dans les critères : personnes de 65 ans et plus, personnes souffrant d’une maladie chronique, etc.) et vous avez reçu un bon de prise en charge de l’Assurance Maladie. Que vous ayez été vacciné-e précédemment ou non, vous pouvez retirer votre vaccin à la pharmacie sur simple présentation du bon de prise en charge et vous faire vacciner par le professionnel de  santé de votre  choix : médecin, sage-femme, infirmier-ère (sans prescription médicale préalable), et désormais, c’est récent, par certains-es pharmacien-nes agrés-es par les agences régionales de santé (sans prescription médicale préalable). Les pharmaciens-nes ne peuvent pas vacciner les mineurs-es.

Bilan en 2018

En 2018, la saison grippale a été caractérisée par : 8 semaines d’épidémie ; 1,8 million de consultations pour syndrome grippal durant l’épidémie ; 65 % de virus A(H3N2) et 34 % de virus A(H1N1)pdm09 détectés en médecine ambulatoire durant la période de surveillance ; environ 65 600 passages aux urgences pour grippe, dont près de 11 000 hospitalisations (16 %) durant l’épidémie ; 1 877 cas graves admis en réanimation signalés, dont 289 décès durant la période de surveillance ; 13 100 décès toutes causes et tous âges confondus en excès, dont 9 900 attribuables à la grippe durant la période de surveillance ; une couverture vaccinale de 47,2 % chez les personnes à risque.