Grippe : se vacciner pour soi et pour les autres

Publié par jfl-seronet le 24.10.2015
7 793 lectures
Notez l'article : 
0
 
ThérapeutiqueVaccination grippe

Chaque hiver, la grippe saisonnière touche des millions de personnes en France. Elle peut entraîner des complications graves et causer la mort, particulièrement chez les personnes fragiles. La vaccination est utile, gratuite, simple et plus que recommandée pour toutes les personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite. La nouvelle campagne de vaccination (2015/2016) a démarré mi octobre et durera jusqu’en janvier 2016. Explications

La grippe saisonnière, quel risque ?

La grippe est une infection respiratoire aiguë et violente. Elle n’est pas bénigne et ne doit pas être confondue avec un rhume — ce n’est pas du tout la même chose. La grippe se manifeste par une forte fièvre (supérieure ou égale à 39°), des frissons, des courbatures, des douleurs musculaires, des maux de gorge, une extrême fatigue, etc. Son évolution peut être compliquée en raison d’une virulence particulière du virus ou d’une fragilité des personnes. Elle touche, chaque année, environ, deux millions de personnes en France et tue entre 1 500 et 2 000 personnes. En 2014, c’était nettement plus : 18 000 décès surtout chez des personnes âgées de 65 ans et plus. La vaccination est la principale mesure de prévention de la grippe, même si elle ne peut garantir une protection individuelle à 100 %. Cependant, même en cas d’infection, les symptômes seront alors moins violents. C’est la raison pour laquelle la vaccination est prise en charge à 100 % pour les personnes fragiles. Les antibiotiques n’ont absolument aucune activité sur le virus de la grippe.

Vaccins : qui est concerné ?

L’Assurance maladie prend en charge à 100 % les frais de vaccin pour les personnes concernées par les recommandations vaccinales du Haut Conseil de la santé publique, pendant la durée de la campagne vaccinale. Il s’agit pour les "recommandations générales" des personnes âgées de 65 ans et plus ; et pour les "recommandations particulières", de toutes les femmes enceintes, des personnes atteintes de différentes pathologies, des personnes transplantées, etc. C’est le cas des personnes qui ont des déficits immunitaires, dont les personnes vivant avec le VIH quel que soit leur âge, leur charge virale VIH ou leur nombre de CD4. C’est également le cas des personnes qui vivent avec une hépatite et/ou une cirrhose. Au total, cela concerne environ dix millions de personnes. Mais tout le monde devrait y penser car la meilleure façon d’éviter de transmettre le virus à son voisin, c’est d’être vacciné soi-même. Par ailleurs, beaucoup d’entreprises remboursent le vaccin, renseignez-vous !

Quand se faire vacciner ?

Le plus tôt, c’est le mieux. En effet, la vaccination n’est pleinement protectrice qu’à partir de quinze jours après l’injection. Il est donc recommandé de se faire vacciner dès le début de la campagne avant la circulation active des virus grippaux.

Quels sont les vaccins contre la grippe saisonnière ?

Chaque année, le vaccin est différent et dirigé contre les trois types de virus qui ont le plus circulé en Asie avant d’arriver dans nos pays. Si on a été vacciné l’an dernier, on ne sera peut-être pas protégé cette année et on doit, si on est à risque, se faire vacciner à nouveau. Plusieurs vaccins sont disponibles en pharmacies de ville en France : des vaccins trivalents (trois souches) et des vaccins quadrivalents dont la composition inclut une souche supplémentaire de virus grippal de type B.

Est-ce que la vaccination sera plus efficace qu’en 2014 ?

Tout a été fait pour que la vaccination 2015/2016 soit plus efficace que celle de l’année dernière. En 2014, le vaccin a été moins efficace (seulement de l’ordre de 23 % selon l’Organisation mondiale de la santé) car la grippe 2014/2015 était dominée par un virus A (H3N2) ayant muté et non inclus dans le vaccin. Ces mutations sont rares, rapides et imprévues. Cette année, les experts indiquent que les virus qui commencent à circuler ne sont pas particulièrement sévères et qu’ils correspondent aux souches contenues dans les vaccins. Interrogé par RFI (12 octobre 2015), le professeur Bruno Lina, directeur du centre national de référence de la grippe à Lyon, confirme : "Les virus influenza qui ont été détectés de façon très précoce sont tous strictement identiques à ceux qui sont dans le vaccin".

Comment ça se passe en pratique ?

En France, un courrier personnalisé (prenant en compte l’âge, la situation médicale et la notion de première vaccination ou non) est normalement adressé aux assurés concernés. Il est accompagné d’un dépliant d’information et d’un imprimé de prise en charge (pour la gratuité). Deux cas se présentent. Vous avez déjà été vacciné contre la grippe les années précédentes. Sur présentation du bon de prise en charge qui vous a été envoyé, le pharmacien vous remet gratuitement le vaccin. Vous allez ensuite voir une infirmière ou votre médecin traitant pour être vacciné. Deuxième cas : vous n’avez jamais été vacciné contre la grippe les années précédentes. Votre médecin traitant vous prescrit le vaccin s’il le juge nécessaire, en signant l’imprimé de prise en charge. Sur présentation de cet imprimé, le pharmacien vous remet gratuitement le vaccin. Vous allez ensuite vous faire vacciner par votre médecin traitant ou une infirmière. Sachez qu’on peut aussi faire le choix d’acheter soi-même le vaccin sans le bon. Il coûte entre 6 et 7 euros. Attention, le vaccin doit se conserver au frais (entre 2° et 8°C), ne le laissez pas trainer longtemps après l’avoir acheté ou récupéré en pharmacie.

Que dit le rapport d’experts 2013 sur la prise en charge du VIH ?

Si la grippe saisonnière n’est pas plus fréquente chez les personnes vivant avec le VIH, elle peut se manifester de façon plus prolongée. Et chez certaines personnes, augmenter le risque de complications et de mortalité. La grippe, comme sa vaccination, semble pouvoir entraîner une élévation transitoire et modérée de la charge virale VIH (prenez-le en compte si vous utilisez le traitement comme moyen de prévention). En revanche, elle n’entraîne pas de modification significative du nombre de CD4. La vaccination est réalisée par un vaccin dit "inactivé". Il ne s’agit pas de virus vivant. Cependant, certaines personnes peuvent présenter des symptômes post-vaccinaux (fièvre, frissons, courbatures, douleurs musculaires, extrême fatigue, etc.). Il est alors recommandé de consulter son médecin traitant.

Infos pratiques

Ameli-sante permet de s’informer sur la grippe saisonnière et de s’orienter dans le parcours de vaccination. Ameli-direct permet d’obtenir des informations pratiques sur la vaccination et de choisir son professionnel de santé ou son établissement de soins en fonction notamment des actes et des tarifs pratiqués.

Grippe, pneumocoque et hépatites
Le vaccin contre la grippe est recommandé pour toute personne ayant une hépatite (recommandation du Haut Conseil de la santé publique de 2012) avec ou sans cirrhose. L’association française pour l’étude du foie (Afef) recommande tout spécialement cette vaccination pour les personnes transplantées du foie, celles atteintes d’un cancer du foie traité ou non. L’Afef rappelle que le vaccin contre le pneumocoque est recommandé par la Haute Autorité de santé (recommandations 2013) chez les personnes ayant une cirrhose compensée ou décompensée. La survenue d’infections pulmonaires à pneumocoque est supérieure à celle de la population générale. La vaccination se fait en deux fois : une première injection (vaccin conjugué 13-valent) suivie d’une seconde (vaccin polyosidique 23-valent) deux mois plus tard. Un rappel tous les trois ans est conseillé.

Grippe et pneumonie
Des études montrent que la vaccination contre la grippe s’accompagne d’une réduction importante du risque d’hospitalisation pour une pneumonie d’origine grippale. Un grand nombre de décès imputés à la grippe sont causés par une pneumonie d’origine grippale. Le vaccin contre le pneumocoque (une bactérie) n’empêche pas de contracter une pneumonie d’origine grippale liée à un virus, d’où l’importance de se faire vacciner contre la grippe.