Handicap : pour une réflexion sur la vie affective et sexuelle pour tous

Publié par jfl-seronet le 29.11.2012
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Le 7 Juillet dernier, un atelier de parole sur le handicap, la sexualité et la vie affective était organisé dans les locaux de AIDES à Lille par le collectif Handirebellion et des militants de AIDES. De quoi a-t-il été question ?
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Les objectifs de cet atelier étaient de favoriser l’appropriation par les participants et participantes de leur vie affective et sexuelle, de renforcer leur autonomie à réduire les risques d’infection par le VIH, les hépatites virales et les autres Infections sexuellement transmissibles, ainsi  "dé-tabouiser" l’acte sexuel lors des discussions. Comme nous visions un échange d’expériences entre personnes directement concernées, nous avons proposé cet atelier en non mixité, ce qui signifie, en l’occurrence, qu’il fallait être en situation de handicap ou avoir été dans la position de partenaire amoureux/se ou sexuel/le  d’une personne dans cette situation.
 
Du brainstorming fait par les onze participants-es sont ressortis les thèmes majeurs suivants : "Comment aborder l’acte sexuel ?" ; "Internet versus adaptation des pratiques affectives et sexuelles" ; "La solitude".

Lors des discussions, a été évoqué le fait qu’il faut d’abord accepter son handicap et la frustration liée aux limites qu’il impose avant d’être en capacité d’aller vers les autres ; manquer d’estime de soi et ne pas être à l’aise avec son corps ne favorisera pas les relations avec un partenaire affectif. Il faut surmonter ces difficultés et transformer la frustration en force de combat. C’est là que le regard des autres est important : souvent le voyeurisme de certaines et certains vis-à-vis du handicap peut être mal vécu par la personne concernée. Sur un plan technique, le souci de la prévention intervient ; si une personne n’a pas de partenaire stable ou a plusieurs partenaires sexuels, il n’est pas toujours évident pour elle d’être autonome dans sa prévention. Par exemple, dans le cas où le handicap est psychomoteur, ce n’est pas facile d’ouvrir l’emballage d’un préservatif.

Les conséquences sont multiples : certains se rabattent sur le virtuel pour ne pas avoir à affronter le désarroi de l’autre puisque le corps accroit les barrières à l’accomplissement de l’acte sexuel ; Acte souvent perçu de nos jours comme une performance à atteindre. D’autres se retournent vers des personnes de charme même si cela ne comble pas la solitude affective. A l’inverse, il peut sembler plus facile de se limiter à une relation affective platonique, l’acte sexuel semblant trop compliqué à réaliser. En y ajoutant qu’il n’est pas évident de se réapproprier un corps qui a été manipulé ou cicatrisé.

Un besoin pressant et non négligeable est qu’il faut faire évoluer le rapport au handicap qu’a la société dans sa globalité ; voir une personne en fauteuil, en béquilles, amputée, paralysée, non plus comme telle, mais comme une personne à part entière avec des envies et des pulsions similaires à celle de "monsieur ou madame tout le monde". Ces deux heures d’échanges, très productives, ont permis de mettre l’accent sur le besoin de mettre en place une réflexion plus poussée au sujet de l’amélioration de l’accessibilité à la vie affective et sexuelle pour les personnes en situation de handicap.