Hépatite C : la HAS a retenu ses critères pour les nouveaux traitements

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Toutes les personnes vivant avec une hépatite C chronique et qui ont atteint un stade sévère de la maladie (stade de fibrose 2 et au-delà) devraient pouvoir bénéficier des nouveaux médicaments antiviraux à action directe, recommande la Haute Autorité de santé (HAS) qui s'inquiète, comme tout le monde, du coût "prohibitif" de ces traitements. Explications.

Interrogé par l'AFP (2 juillet), le professeur Jean-Luc Harousseau, président du Collège de la HAS, a estimé que les stades sévères concernaient en France environ 25 % des 140 000 personnes souffrant d'hépatite C chronique et qui se savent infectées, soit 35 000 personnes. Mais le nombre réel pourrait être plus important dans la mesure où de nombreuses personnes ignorent leur infection. Environ 232 000 personnes vivent avec l'hépatite C (VHC) en France ; 43 % d’entre elles l’ignorant. "En raison du coût prohibitif des traitements et du nombre de personnes à traiter, la HAS a estimé de son devoir de préciser les indications en fonction du degré d'urgence", a ajouté Jean-Luc Harousseau. Le Collège de la HAS, un organisme public et indépendant chargé de faire des recommandations sanitaires en prenant en compte de la dimension financière, a été saisi, début juin dernier, par le gouvernement pour donner son avis sur l'arrivée sur le marché des nouveaux antiviraux à action directe. Ces nouveaux traitements - dont fait partie le Sovaldi (sofosbuvir) du laboratoire Gilead - sont nettement plus efficaces que le traitement de référence actuel : interféron pégylé et ribavirine. Seul le sofosbuvir (Sovaldi) a été évalué à ce stade par la HAS, mais d'autres molécules devraient rapidement arriver dont le daclatasvir (nom de marque : Daklinza) du laboratoire américain Bristol-Myers Squibbs (BMS) qui vient de recevoir un premier feu vert de l'Agence européenne du médicament (EMA) pour sa commercialisation en Europe.

HAS : qui traiter d’abord ?

Le Collège de la HAS recommande de traiter d'emblée avec ces nouveaux traitements les personnes ayant atteint les stades sévères de fibrose ou atteintes de cirrhose, ainsi que les personnes en attente de greffe ou en situation de post-greffe. Il propose également de traiter les personnes co-infectées (VIH et VHC) et celles qui sont atteintes de certains types de lymphomes (cancers) associés au VHC. Par ailleurs, le Collège s'inquiète du niveau de prix de ces traitements et s'interroge sur leur justification "alors que persistent de nombreuses incertitudes à ce stade sur l'efficacité à long terme" et le "rapport coût/efficacité" de ces traitements. Ces antiviraux seront de surcroît utilisés en association avec d'autres médicaments "se partageant ainsi le mérite de l'efficacité", ajoute le Collège dans des recommandations disponibles en ligne.

On doit noter l'écart entre les recommandations d'experts 2014 (rapport Dhumeaux) sorti en mai 2014 et l'avis de la HAS au sujet du traitement des personnes incarcérées ou usagères de drogues. Alors que le rapport d'experts recommande de leur proposer un traitement quel que soit le stade de fibrose, la HAS ne suit pas. Or c'est un recul face à l'action qu'on pourrait avoir sur la réduction de la transmission, pour agir sur la dynamique de l'épidémie, touchant beaucoup les personnes consommatrices de drogues, mais aussi des pertes de chances et d’opportunités de traitement pour des personne incarcérées, dont on ne sait pas quel sera leur accès aux soins par la suite. Cet écart entre les avis pourrait être préjudiciable aux personnes plus vulnérables à l'accès et au maintien dans le soin.

Lire le communiqué interassociatif.