Hépatite C : la recherche continue

Publié par Emy-seronet le 12.05.2010
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vhcTraitement anti VHChépatite C
La quarante-cinquième conférence internationale de l’Association Européenne pour l’Etude du Foie (EASL) a eu lieu en avril dernier à Vienne. En attendant la trithérapie anti-VHC, prévue pour l'année prochaine, les essais continuent et la recherche progresse. Même si les études sur les co-infections VIH/VHC demeurent très marginales, l'hépatite C pourrait bientôt être aussi bien maîtrisée que le VIH. Seronet vous en dit plus.

Vers la guérison de tous les patients : de nombreuses molécules à l’essai
Nous avions annoncé la mise à disposition prochaine de la trithérapie anti-VHC (Télaprévir ou Bocéprévir + interféron pégylé et ribavirine); de nouveaux résultats confirment son efficacité. Parce que cette trithérapie permet de guérir 60% des patients en trois mois, elle devrait très probablement devenir le traitement unique contre l'hépatite C. Dans les cinq prochaines années, le taux de guérison pourrait dépasser 80%. Une dizaine d'autres molécules anti-VHC sont actuellement à l’essai, l'objectif étant de parvenir à guérir tous les porteurs du virus. Pour la plupart, ces essais sont encourageants puisqu'ils sont déjà en phases 2 et 3 ; les dernières étapes avant la demande d’autorisation de mise sur le marché. Le laboratoire Abbott auraient trois molécules en phase 1, Roche et Merck travailleraient sur des molécules en phase 3… Comme le Bocéprévir et le Télaprévir, la grande majorité des molécules attendues sont des anti-protéases (des molécules qui bloquent la réplication du virus), mais on travaille déjà sur des molécules dirigées contre la formation du virus. Le laboratoire Bristol-Myers Squibb serait le plus avancé dans ce domaine; il travaillerait sur une de ces molécules en phase 3. Les molécules qui empêcheraient l'entrée du virus dans les cellules (les inhibiteurs d'entrée) ne sont, elles, qu'à un stade expérimental. Les molécules qui sont actuellement en développement présentent toutes le même inconvénient: elles entraînent des résistances rapides au traitement. Même si cet inconvénient est important, il devrait être dépassé une fois que les stratégies de combinaisons thérapeutiques (l'association de plusieurs médicaments entre eux pour en faire un traitement) seront déterminées.

Vers un traitement plus efficace et mieux toléré : des pistes à explorer
Lors de la conférence, plusieurs découvertes qui permettraient d’améliorer la réponse au traitement ont été évoquées. La plupart sont anecdotiques et restent à confirmer. La vitamine D, ajoutée à un traitement classique, augmenterait le taux de réponse. La sybilline (une molécule bon marché contenue dans le Légalon), injectée par voie intraveineuse, permettrait de stopper l'évolution du virus ou de réduire la charge virale… Enfin, le vaccin thérapeutique anti-VHC, utilisé en association avec les traitements anti-VHC, augmenterait très sensiblement l'efficacité des médicaments. Les responsables de l'Association Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales (ANRS) regrettent le silence des laboratoires concernant les autres vaccins à l'étude comme, peut-être, un éventuel vaccin de prévention du VHC. Quant aux effets indésirables entraînés par l'interféron et la ribavirine (réactions cutanés et hématologiques), ils persisteront avec la trithérapie anti-VHC. D'après les résultats d'études encore très marginales, on suppose que le slow release interféron (qui nécessite une injection tous les 15 jours seulement) entraînerait un syndrome grippal moindre, que l'interféron lambda entraînerait moins d'effets indésirables, que l'IFN-alpha-XL (l'interféron français actuellement étudié à l'ANRS) serait légèrement plus efficace que l'interféron classique... Des études sont actuellement en cours pour élaborer des traitements sans interféron, ni ribavirine. Se passer de ces molécules permettraient d'en finir avec les effets indésirables du traitement anti-VHC, mais les études en question sont à un stade très préliminaire et aucun résultat n'est encore connu.
Des entreprises "frileuses" quand il s'agit de patients séropositifs
Le directeur de l'ANRS, le professeur Jean-François Delfraissy, déplore "une grande frilosité pharmacologique" en ce qui concerne les co-infections VIH/VHC. Les craintes des compagnies, qui refusent de financer la recherche sur les patients co-infectés, sont troubles. Les études menées sur des patients séropositifs restent rares et incluent encore très peu de personnes: elles en sont à leurs "balbutiements". L'ANRS a beaucoup de mal à faire avancer les choses dans l'industrie pharmaceutique pour obtenir des progrès dans la co-infection.

Des recherches compromises par les restrictions budgétaires
Le 25 mars 2010, le directeur de l'ANRS, Jean-François Delfraissy confiait à France Inter que l'ANRS allait être "en quasi-faillite" au cours de cette année. Le mois précédent, il avait déjà fait savoir que l'ANRS n'aurait pas les moyens de poursuivre son travail sur la prévention de la maladie si ses moyens n'étaient pas nettement augmentés. Les responsables prévoyaient de monter une cohorte nationale pour faire avancer leurs travaux : faute de moyens, il leur faut repousser ce projet. Si l'ANRS a vu son budget augmenter entre 2005 et 2009, son directeur, le professeur Jean-François Delfraissy, annonce une situation "différente, voire impossible" pour 2011.