Hépatite C : le GS-7977 déçoit sur le génotype 1 pour les "nuls répondeurs"

Publié par Renaud Persiaux le 25.02.2012
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ThérapeutiquevhchépatiteGS-7977

Déception pour le GS-7977 dans une étude chez des "nuls répondeurs" avec un VHC de génotype 1. Cette molécule prometteuse, conçue pour permettre de se passer d'interféron, a été rachetée par le laboratoire Gilead à la société de biotechnologie Pharmasset l’automne dernier (ancien code PSI-7977).

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Après des résultats favorables en octobre 2011 chez les personnes avec des virus de génotype 2 et 3 n’ayant jamais tenté de traitement contre le VHC, le laboratoire Gilead a annoncé le 17 février 2012 de mauvais résultats chez 8 personnes porteuses du génotype 1 dites "nuls répondeurs" (c’est-à-dire des personnes dont le virus n’avait pas du tout répondu à un traitement précédent). Six personnes ont rechuté (le virus est réapparu) dans le mois suivant l’arrêt d’un traitement de 12 semaines à base de ribavirine et de GS-7977. Et les deux autres n’en sont qu'à la deuxième semaine après l’arrêt du traitement.


Etude exploratoire
L’étude concernée s’appelle ELECTRON. C’est une étude exploratoire de phase II qui évalue les résultats sur neuf groupes de personnes avec plusieurs critères :
- Le génotype du VHC (qui peut être soit 1, soit 2 et 3) ;
- Le fait d’avoir ou pas déjà essayé le traitement (patients naïfs de traitement, personnes ayant déjà tenté le traitement sans guérir, "nuls répondeurs") ;
- La composition du traitement (toujours du GS-7977 + la ribavirine, avec parfois de l’interféron en plus. L’idée étant cependant, on l’a dit, de se passer de cette molécule aux lourds effets indésirables) ;
- La durée du traitement (4, 8 ou 12 semaines) ;

Un 3e agent pour les nuls-répondeurs ?
Alors, faudra-t-il ajouter un troisième médicament agissant directement sur le VHC (on parle d’agent antiviral direct) pour guérir les "nuls répondeurs" ? C’est ce que semble envisager la direction de Gilead, qui dit "continuer à explorer plusieurs approches thérapeutiques". D’autres résultats sont attendus dans les mois qui viennent pour les personnes infectées par le VHC de génotype 1 n’ayant jamais pris de traitement (études ELECTRON et QUANTUM).


Le laboratoire BMS avait, de son côté, dévoilé le 7 novembre 2011, les résultats prometteurs d’une association de deux de ses molécules, le datasclavir (BMS-052) et l’asunaprévir (BMS-032), chez des "nuls répondeurs" de génotype 1B. Trois mois après la fin du traitement, le virus n’était pas réapparu chez neuf personnes des dix participants.

PS : Ce jeudi (23 février), Vertex dévoilait des résultats encourageants concernant les personnes avec un VHC de génotypes 1A ou 1B et n'ayant jamais essayé le traitement. Vertex est la société de biotechnologie qui a developpé le télaprévir et le commercialise en Amérique du Nord (Incivek), tandis que Janssen le commercialise en Europe et ailleurs (Incivo). Cette étude (ZENITH) évalue une trithérapie associant la ribavirine, Incivo et une molécule expérimentale, le VX-222. ZENITH est une étude dans laquelle la durée du traitement va dépendre de la réponse du virus aux semaines 2, 4 et 12 (objectif : que celui-ci soit le plus court possible). Les résultats rendus publics sont très préliminaires : sur les 46 personnes de l'étude, 11 correspondaient aux critères requis pour un traitement de 12 semaines seulement. Pour le moment, on a uniquement les réponses 4 semaines après l'arrêt du traitement  : 9 personnes sur les 11 n'ont pas de virus détectable, ce qui peut laisser espérer une guérison de l'infection si ça se maintient. A suivre donc, mais c'est encore une piste de traitement anti-VHC sans interféron.