Hervé : leurs mots … pour le dire !

Publié par jfl-seronet le 26.02.2011
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livreHervé Guibert
En marge de l’exposition, que la Maison européenne de la photographie à Paris consacre à Hervé Guibert, sort un livre, "Hervé", ouvrage sensible et délicat qui donne la parole à quelques proches de l’écrivain et photographe, mort il y a dix ans. Un voyage émouvant et troublant.
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L’une était la productrice de son documentaire "La pudeur ou l’impudeur", l’autre, une célèbre journaliste qui le fit entrer au journal "Le Monde". L’une était sa femme et son héritière, l’autre, la directrice de galerie qui fit connaître son œuvre photographique. L’une, une bonne copine, L’autre, une collègue journaliste… Elles sont toutes là, présentes, fidèles, à parler de lui. Homme à femmes pourrait-on dire… alors qu’on pouvait avoir une image si différente d’Hervé Guibert lorsqu’on ne le connaissait que par ses interviews, ses livres et ses images. Cette découverte (pour moi en tout cas) est une des bonnes surprises d’"Hervé", le livre que Brigitte Ollier a consacré à l’écrivain et photographe décédé en 1991 des suites du sida. Homme à femmes, certes, mais homme à hommes aussi. Ce n’est une surprise pour personne. L’un est un collègue journaliste, l’autre un amant attentionné. L’un est un critique d’arts réputé, l’autre un artiste consacré. L’un est l'amour d’un moment, l’autre un pote de toujours. C’est l’autre bonne surprise de cet ouvrage délicat, sensible qui façonne grâce au regard des autres, aux souvenirs, parfois aux anecdotes, un homme, son parcours, un destin. Ce ne sont pas forcément les plus proches qui parlent le plus longuement. Certains, qu’on suppose même très proches, ne sont d’ailleurs pas au rendez-vous. Un rendez-vous dont la grande force est de ne pas être un hommage, un mausolée, mais bien une tentative de portrait au moyen d’une composition kaléidoscopique de souvenirs, de moments rares. Au fil des textes (souvent très courts) se dessine un être, un univers. Les morceaux épars se répondent, se complètent. Peu à peu, leur entrelacs tel un crayon esquisse une silhouette, raconte une vie, arpente un monde. A mots sobres, à souvenirs marquants, "Hervé", le fantôme rebelle de Brigitte Ollier s’incarne, parfois avec une amicale brusquerie (le texte d’Agathe Godard), souvent avec tendresse (celui de Hans Georg Berger). C’est un beau moment, emprunt d’une certaine grâce qui contribue beaucoup à saisir la douce intimité de l’exposition que la Maison européenne de la photographie consacre à Hervé Guibert.
"Hervé", par Brigitte Ollier. Filigranes éditions, 15 euros.