Hôpitaux : bronca contre les sanctions

Publié par jfl-seronet le 18.03.2011
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Réductions budgétaires obligent, l’Assurance maladie contrôle et sanctionne de plus en plus les hôpitaux et les cliniques. C’est logique, après tout les cliniques et les hôpitaux sont rémunérés par la Sécurité sociale sur la base de leur activité. C’est nouveau et cela ne plaît pas du tout. Explications.
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Depuis 2005, cliniques et hôpitaux sont rémunérés par la Sécurité sociale sur la base de leur activité. Comme l’explique Vincent Collent des "Echos", à chaque acte - une consultation de médecine interne, une opération de la hanche, etc. – correspond un tarif que l'établissement facture à l'Assurance maladie. C’est ce qu’on appelle la tarification à l’activité aussi connue sous le nom de T2A. Cette façon de procéder permet de contrôler comment cette facturation est faite. Lorsqu’il y a des erreurs (c’est fréquent) et que cette facturation n’est pas justifiée, l'hôpital ou la clinique doit rembourser les sommes indument perçues. Outre le remboursement, l’Assurance maladie peut également infliger des sanctions financières. Comme l’indique Vincent Collen, "les amendes sont lourdes de conséquences pour certains établissements, surtout ceux qui sont déjà en difficulté. En 2009, 211 d'entre eux se sont vu infliger des sanctions pour des indus estimés à 32,5 millions d'euros". Manifestement, cela commence à être trop pour certains hôpitaux et cliniques. Ces derniers ont donc demandé "au gouvernement de modifier les procédures de contrôle des tarifs facturés par les établissements à la Sécurité sociale". Le 19 janvier dernier, la
Fédération hospitalière de France (FHF), qui défend les établissements publics, est montée au front. Dans un communiqué, la FHF "refuse que l’activité des hôpitaux soit bridée par une logique comptable". Elle dénonce le système du suivi d’objectifs quantifiés de l’offre de soins (OQOS). "Ce projet, qui n’est fondé sur aucune évaluation médicale, introduirait une logique de rationnement contraire à la réalisation des objectifs de santé publique, d’une manière qui est en outre incohérente avec la mise en œuvre de la tarification à l’activité, avec les efforts de regroupement d’activités et avec les clauses des contrats de retour à l’équilibre promues par l’Etat (…) La Fédération hospitalière de France ne saurait accepter cette nouvelle iniquité (…) Elle rappelle que c’est le dynamisme des hospitaliers qui est la meilleure garantie pour les Français de disposer d’un accès égal à des soins de qualité pour tous." Même son de cloche chez la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui représente le privé lucratif, qui critique également les contrôles et les sanctions imposées par l'Assurance maladie. Selon "Les Echos", les deux fédérations ont adressé une lettre commune à Xavier Bertrand,  ministre de la Santé, demandant "une modification de la réglementation". Le ministre a promis de prendre en compte leurs griefs pour modifier la réglementation.

Commentaires

Portrait de jean-rene

Ce qui n'est pas "logique", c'est que l'Assurance maladie facture 23 euros, pas plus, à un établissement qui reçoit en consultation un séropo. Le résultat, c'est que les hôpitaux cherchent à se débarrasser des consultations VIH. Voir à ce sujet les transferts successifs de la consultation VIH à Paris de Saint-Joseph à Saint-Michel, puis de Saint-Michel à Necker, puis de Necker à l'Hôtel-Dieu et, bientôt de l'Hôtel-Dieu à Cochin. On ne veut pas de nous car nous ne sommes pas "rentables". Voilà la vérité.
Portrait de romainparis

nous ne sommes pas rentables pour les hôpitaux. Au même titre que les femmes qui veulent avortées par exemple. Par contre, les séropos le sont pour les Labo-producteurs, et là c'est jackpot ! pour eux, pas pour la sécu... mais nous ne sommes pas fautifs de cela.
Portrait de jean-rene

Tu as raison Romain.

Mais ce qui est hallucinant, c'est que la sécu refuse de payer plus de 23 euros à un hôpital pour une consultation VIH qui n'intervient au mieux que tous les 3 mois, alors qu'elle accepte de payer 900 euros par mois aux labos pour un  traitement VIH.
Faites le calcul:

-900 euros par mois pour les labos,

- 23/3 = 8 euros par mois pour l'hôpital.

La sécu est vraiment la vache à lait des labos.
Le "trou" de la sécu n'est que la conséquences des milliards qui sont donnés aux labos pour des clopes.

Portrait de guppy

Bonjour Jean René, je n'ai pas saisi ton calcul Oups !
Portrait de ecceomo

tous les 3 mois donc 3 fois 8 = 24€ voici d'où sortent les 23€ pour rémunérer l'hôpital 

alors que les médocs c'est par moi (par toi aussi Clin d'oeil)

je signale aussi que le service public (hôpital etc...) c'est le service public c'est le capital de ceux qui n'en n'ont pas

alors que les labos appartiennent à leurs actionnaires rémunérée chaque années par le bénéfice distribué

chacun chacune peut voir le boulot fait à l'hôpital

on peut aussi comparer avec le prix de revient de fabrication en voyant le prix des génériques indiens ou d'ailleurs.. 

Portrait de jean-rene

Guppy, le coût moyen d'un traitement VIH (calculé il y a quelques mois sur le site) est de 900 euros par mois . La sécu verse donc aux labos 3 X 900 = 2700 euros tous les 3 mois pour chaque traitement. Tous les 3 mois en moyenne (mais c'est parfois 4 ou 6 mois), chacun de nous va en consultation VIH à l'hôpital. Or, pour cette consultation, la sécu refuse de payer à l'hôpital plus de 23 euros (tarif fixé par la Tarification A l'Acte ou T2A). La sécu verse donc, pour notre maladie, moins de 100 fois à l'hôpital ce qu'elle verse aux labos, et on vient nous dire qu'il est "logique" de ne verser à l'hôpital que ces 23 euros afin ne pas creuser le déficit. Mais qu'on fasse d'abord des économies sue les profits scandaleux que les labos font sur notre dos!
Portrait de guppy

Oui mais, il y a négociations il me semble entre les labos et la Haute Autorité de Santé sur le prix de vente des médocs remboursables par la Sécurité Sociale (je ne connais pas trop le fonctionnement) et puis le prix comprend aussi la rémunération des grossistes et des officines, sauf erreur de ma part. Mais bon effectivement on devrait exiger des tarifs plus raisonnables Pour les consultations à l'Hôpital, je n'ai aucune idée de ce qu'il faudrait réellement payer.
Portrait de jean-rene

Pour que la consultation VIH par un infectiologue à l'hôpital ne coute pas plus de 23 euros à la Sécu, il faudrait qu'elle ne dure pas plus de 12 minutes. Or une consultation VIH nécessite de durer entre 20 et 30 minutes. Les 8 à 28 minutes de dépassement, c'est l'hôpital qui les paye sur son budget, d'où la tendance des hôpitaux à se débarrasser des consultations VIH. Voir les déménagements de la consultation VIH de Saint-Joseph à Saint-Michel, puis à Necker, puis à l'Hôtel-Dieu à Paris... en attendant d'aller à Cochin. Il faudrait que la Sécu accepte de payer 80 euros la consultation VIH aux hôpitaux pour que nous ne soyons plus considérés comme des parias.