VIH : les données 2014 de l’enquête Gaysurvey en Suisse

Publié par jfl-seronet le 05.11.2015
5 517 lectures
Notez l'article : 
5
 
SexualitéHSH

Les comportements face au VIH/sida des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes sont  "surveillés" en Suisse régulièrement par des chercheurs (Stéphanie Lociciro et Raphaël Bize, Institut universitaire de médecine sociale et préventive et Centre d’évaluation et d’expertise en santé publique) à l’aide d’un questionnaire. Les résultats de l’Enquête Gaysurvey 2014 viennent d’être publiés. Extraits.

Depuis 1987, Gaysurvey est une enquête menée périodiquement en Suisse parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et sert à suivre les "comportements face au VIH/Sida dans ce groupe-cible". Elle a déjà été réalisée à dix reprises. L’enquête Gaysurvey 2014 était disponible sur Internet et consistait en un questionnaire anonyme auto-administré. Le nombre de participants est de 834 personnes.

Passons vite sur les caractéristiques socio-démographiques et les données sur l’orientation sexuelle. L’âge médian des participants est de 40 ans. 62 % des répondants ont une formation supérieure. La proportion de répondants de nationalité étrangère est également en nette augmentation avec 19 % de HSH concernés (+ six points depuis 2007). La population étudiée reste en majorité urbaine avec 42,3 % des répondants habitant une agglomération de plus de 100 000 habitants. La proportion de répondants se déclarant homosexuels est toujours plus importante avec 84,1 % des répondants s’identifiant comme tel en 2014. Une très grande majorité, près de neuf sur dix, se sent attirée sexuellement "seulement" ou "principalement" par les hommes et a également eu une activité sexuelle exclusivement homosexuelle au cours des douze derniers mois (87,2 %).

Concernant le niveau d’activité sexuelle, la proportion de répondants ayant eu des rapports pénétratifs avec un nombre important de partenaires (six ou plus) au cours des douze derniers mois reste élevée en 2014 (28,5 %) mais stable. La pratique du sexe à plusieurs est en légère hausse et concerne presque 35 % des répondants. Plus de la moitié des répondants mentionne avoir eu un partenaire stable au cours des douze derniers mois et les relations sexuellement exclusives restent peu fréquentes : 69 % ont également eu des relations sexuelles avec un ou des partenaires occasionnels.

"Alors que la pénétration anale demeure une pratique très largement usitée en 2014, la diminution de l’utilisation systématique de préservatifs se poursuit, indépendamment de l’âge des répondants (moins de 30 ans versus plus de 30 ans). Cette utilisation non systématique concerne 73 % d’entre eux. La progression de l’abandon de la protection au sein du couple stable reste particulièrement forte chez les répondants séropositifs (71 % en 2014, + 35 points depuis 1992)", expliquent les auteurs.

Le(s) partenaire(s) occasionnel(s)

Un peu moins des trois quarts des HSH rapportent avoir eu des relations sexuelles avec des partenaires occasionnels au cours des douze derniers mois (…) La diversification des pratiques sexuelles, l'augmentation de la pratique de la pénétration anale (86,2 % en 2014, +29 points depuis 1992) et d'autres pratiques susceptibles de représenter un risque de transmission d'IST (par ex. sexe oral-anal : 69,2 %) se poursuivent. Tout comme pour les couples stables, la diminution de l’utilisation systématique de préservatifs (64,1 % en 2014, -17 points depuis 1992) se poursuit, indépendamment de l’âge du répondant (+/- 30 ans) mais aussi de son statut sérologique. On note également depuis 1994 une augmentation de la proportion de répondants déclarant avoir reçu du sperme dans la bouche lors de rapports occasionnels (34 % en 2014, +22 points depuis 1994).

L’indicateur global d’exposition au risque

La proportion de HSH, ayant eu au moins un rapport non protégé avec un partenaire de statut sérologique différent ou inconnu dans les douze derniers mois, est en constante augmentation depuis 1994 (+ neuf points, 19,5 % en 2014). Cette tendance à la hausse concerne plus particulièrement les 30 ans et plus. Cette pratique est fortement associée au fait d'être séropositif, d'avoir eu de nombreux partenaires (6 ou plus) et d’avoir consommé des produits (alcool, drogues) lors de rapports sexuels.

Chez les répondants séropositifs, le fait d’avoir eu au moins un rapport non protégé avec un partenaire de statut sérologique différent ou inconnu dans les douze derniers mois est indépendant du fait de suivre un traitement ou pas et de la virémie (détectable vs. indétectable). La connaissance de la virémie ne semble donc pas modifier profondément les comportements. Cela confirme la persistance d’un risque de transmission du VIH et des autres IST.

Le test du VIH et autres IST

La proportion de répondants testés pour le VIH au cours de la vie a augmenté depuis 2012 (+ six points) et concerne 81,3 % des répondants. Environ deux répondants sur cinq (39,8 %) ont réalisé un test au cours des douze derniers mois, la tendance est également à une légère augmentation (…) La grande majorité des répondants (77,5 %) ont déjà fait un test de dépistage des IST au cours de leur vie. La moitié en a réalisé un au cours des douze derniers mois. En 2014, les répondants ont principalement été diagnostiqués positifs pour la syphilis (12,3 %), l’infection à chlamydia (11,8 %) et la gonococcie uro-génitale (9,6 %). Les répondants non testées pour les IST au cours des douze derniers mois ont donné comme raisons principales de ne pas avoir pensé être à risque d’être contaminé (61,7 %) et de ne pas avoir eu de symptômes (60,9 %).

Les personnes séropositives pour le VIH

Parmi l’ensemble des répondants vivant avec le VIH, la tendance reste stable par rapport à 2012 avec 92,4 % des répondants recevant un traitement antirétroviral (+28 points depuis 2007) et 23,8 % déclarant avoir une charge virale détectable au dernier examen de virémie.

Consommation de substances

La consommation régulière de produits lors de relations sexuelles reste fréquente. L’alcool arrive en tête (49,8 %), suivi des poppers (33,2 %), du Viagra (20,8 %) et enfin du cannabis (14,7 %). Les auteurs constatent principalement une augmentation de douze points de la consommation régulière ou fréquente de Viagra (ou Cialis) depuis 2004, une baisse de la consommation d’alcool (- neuf points) et une relative stabilité concernant les autres substances.

Connaissance de la PEP (prophylaxie post-exposition ou TPE en France)

La PEP semble bien connue des HSH mais assez peu prescrite à ce jour : 9 % des répondants 2014 l’ont utilisée une ou plusieurs fois au cours de leur vie.

Connaissance de PrEP (prophylaxie pré-exposition)

Même si les auteurs constatent une augmentation de la proportion de répondants ayant entendu parler de la PrEP, ils semblent peu informés sur le sujet.