ICASA 2011 : Africagay monte au front

Publié par jfl-seronet le 14.12.2011
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icasa 2011
Africagay a publié un communiqué à l’occasion de la 16ème Conférence Internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA) qui s'est tenue du 4 au 8 décembre 2011 à Addis Abeba en Ethiopie.
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La 16ème Conférence Internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA) qui a démarré le 4 décembre dernier par le discours d’ouverture de George W. Bush, célébré comme un héros de la lutte contre le sida. Cet accueil n’a pas du tout plu à Parfait Behen, président d’Alternatives Cameroun, une association de défense des droits des minorités sexuelles au Cameroun. "Est-ce un passage obligé, cet état d’auto-satisfaction ? Est-ce que les gens ne se rendent pas compte que l’auto-satisfaction tue, Bush a été ovationné alors que les malades meurent par milliers et que les groupes les plus vulnérables restent fortement discriminés !", s’est insurgé ce militant dont l’association fait partie d’Africagay contre le sida. Ce réseau d’associations africaines engagées dans la lutte contre le sida auprès des populations vulnérables a publié un communiqué (7 décembre) dans le cadre d’ICASA pour dénoncer l’impudeur de la satisfaction triomphante (en l’occurrence celle de l’ancien président Bush) et le fait que les discriminations dont sont victimes les populations vulnérables au VIH perdurent.
Ce qui choque aussi les participants à la conférence d’ICASA, c’est qu’on brandisse la crise pour justifier des baisses de crédits dans la lutte contre le VIH. "Les pays du Nord et du Sud considèrent de moins en moins la lutte contre le sida comme une priorité dans leurs dépenses et se cachent derrière l’alibi de la crise économique". C’est ce qu’a souligné Stephen Lewis, ancien envoyé spécial de l’ONU sur le VIH/sida lors de son intervention. Selon lui : "Ce n’est pas une question de crise financière, c’est une question de priorités humaines". "Même si l’argent est le nerf de la guerre, il ne règle pas tout, avance Africagay contre le sida. Impossible d’enrayer durablement l’épidémie sans une prise de conscience mondiale des discriminations qui la nourrissent. Malgré de nombreuses avancées, des lois anti-gay, les violences faites aux femmes, la pénalisation de la transmission et de l’exposition aux risques perdurent, avec la passivité sinon l’activisme coupable des gouvernements, stigmatisant ainsi des franges entières de la population". "Cette stigmatisation a un impact dramatique sur l’épidémie, car sur le continent africain comme dans le reste du monde, les taux de prévalence de l’épidémie de VIH/sida sont dramatiquement plus élevés parmi les populations vulnérables, atteignant des sommets chez les homosexuels où ils oscillent de 13% à 43%", indique le réseau.
Pour Africagay contre le sida : "Cette situation contraste avec l’absence de parole politique forte et d’engagement volontariste constaté lors de cette conférence en faveur des droits des populations les plus exposées à l’épidémie". "Nos gouvernements tout comme les organisateurs de la conférence semblent être aveugles face à la réalité de l’épidémie", déclare le professeur Abdelaziz Tajeddinne, président de l’association de Protection contre le sida d’Oran en Algérie. "Aucun représentant des populations les plus exposées n’a eu l’opportunité de s’exprimer en séance plénière !". "Africagay contre le sida s’indigne de ce silence et appelle les décideurs politiques africains à faire preuve de courage politique et à s’exprimer d’une voix forte pour lever les obstacles juridiques et sociaux qui entravent l’accès à la prévention et aux soins des groupes les plus exposés".