Idahot : programme, chiffres et faits !

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InitiativeIdahot 2021LGBT

Créée en 2004 à l'initiative de l'universitaire et militant Louis-Georges Tin, la Journée internationale contre les LGBTphobies, connue sous le nom Idahot, se déroule chaque 17 mai. Crise sanitaire oblige, cette édition 2021 sera principalement numérique même si plusieurs événements et actions sont prévus en présentiel. Cette journée est aussi l’occasion de revenir sur quelques chiffres clefs et de voir que l’actualité des LGBTphobies reste, hélas, toujours aussi intense.

En attendant les prochains chiffres

On ne connaît pas encore les derniers chiffres de l’homophobie en France. Ils vont être publiés prochainement, mais on garde bien à l’esprit ceux publiés l’année dernière. Le 17 mai 2020, le ministère de l’Intérieur notait que les actes homophobes ou transphobes avaient fortement augmenté en 2019, après une année 2018 pourtant déjà présentée comme une année « noire ». En 2020, les injures et agressions homophobes ou transphobes avaient connu une poussée de 36 %. En 2019, les forces de police et de gendarmerie aveint « recensé 1 870 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe contre 1 380 en 2018 », soit donc une « augmentation de 36 % du nombre de victimes d'actes anti-LGBT », expliquait alors le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Les injures et outrages représentaient 33 % des infractions subies, tandis que les violences (physiques et sexuelles) concernaient 28 % des plaintes. Les victimes étaient majoritairement des hommes (75 %), plutôt jeunes : 62 % avaient moins de 35 ans. « Ces chiffres témoignent de l'ancrage profond de l'homophobie et de la transphobie dans la société » et « s'inscrivent dans un contexte plus large de progression des actes de haine et des extrémismes identitaires », avait commenté le ministère. Ces chiffres dessinaient une hausse continue de ces crimes et délits. Qu’en sera-t-il cette année ?

Rapport SOS Homophobie

Comme chaque année, l’association SOS Homophobie devait révéler le 17 mai, à l’occasion d’Idahot, son nouveau rapport sur les LGBTphobies qui se fonde notamment sur les témoignages reçus par SOS homophobie en 2020. En 1997, paraissait le premier Rapport sur l’homophobie de l’association, trois ans après la création de la ligne d’écoute. Depuis, chaque année, cet ouvrage recense et analyse les témoignages qui sont quotidiennement adressés, mais aussi l’observation des médias et des interventions publiques. Vous pouvez consulter le rapport 2021 sur le site de l’association. Par ailleurs, à l'occasion de la publication de ce rapport, SOS homophobie organise une table ronde, pour décrypter les chiffres clés de l'année, mais aussi les différentes formes de discriminations LGBTphobes, le 18 mai à 18 heures en direct sur la page facebook de l’association. Cette table ronde est ouverte aux questions que vous pourrez poser en amont sur la page de l'événement. Elle sera animée par Adrien Rohard (journaliste à France Info), avec la participation de Giovanna Rincon (directrice de Acceptess-T), Omar Didi (président du Mag Jeunes LGBT), Valérie Edwige (avocate au Barreau de Paris), Véronique Godet et Jérémy Falédam (coprésidents-es de SOS homophobie), Sarah Jean-Jacques (chercheuse en sociologie et cofondatrice de Paye Ta Gouine) et Smaïn Laacher (sociologue et président du conseil scientifique de la Dilcrah).

Se ré-approprier la rue

AIDES Paris a prévu une action de sensibilisation en faisant du collage dans les rues de Paris suivi d’une maraude pour faire passer un message : lorsqu’on est témoin d’un acte LGBTphobe, on peut agir et rappeler aux personnes victimes qu’elles ne sont pas seules. Les militants-es de AIDES seront dans le quartier de République lundi 17 mai entre 17 heures et 19 heures. De son côté, la mairie de Paris compte remettre Paris Prize à un-e militant-e LGBT, des mains de Anne Hildago à 16 heures, suivi d’une cérémonie à 17h30 en hommage aux deux derniers condamnés à mort pour homosexualité.

France Télévisions et Têtu partenaires

À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les LGBTphobies France Télévisions et Têtu se mobilisent conjointement. Chaque année, les différentes antennes (linéaires comme numériques) de France Télévisions se mobilisent autour de cet événement. Le partenariat pour 2021 vise d’une part à « lutter contre les discriminations envers les personnes LGBT+ » et d’autre part à « promouvoir une société plus inclusive ». Pour cela, deux soirées spéciales sont proposées. Voir les infos sur le site de France Télévisions, comme par exemple le documentaire « Footballeur et homo, au cœur du tabou ». Dans ses écrans publicitaires, le groupe public s’engage à diffuser la campagne de sensibilisation « Ensemble, luttons contre les LGBTphobies » orchestrée et réalisée par Têtu. La campagne du média LGBT s’articule autour de trois spots, extraits d’un film réalisé par Benoît Pétré, inspiré par le texte du titre chanté par Hoshi « Amour Censure » avec la voix de Vanessa Paradis. Les films montrent des instants du quotidien de plusieurs couples LGBT+ en France. Des couples de gays, de lesbiennes ou de trans témoignent, se révèlent au grand jour. Cette campagne devrait aussi faire partie du contenu de plusieurs magazines et rendez-vous des chaînes publiques.

Seulement 4 ans de prison

Un jeune de 21 ans a été condamné, lundi 10 mai, par le tribunal de Bobigny à quatre ans de prison, dont 16 mois avec sursis, pour avoir frappé et poignardé un homosexuel de 31 ans après l'avoir attiré dans un guet-apens en 2019 à Drancy (Seine-Saint-Denis), selon le parquet, cité par l’AFP. Dans la nuit du 4 au 5 mars 2019, Kévin s'était rendu dans cette commune de banlieue parisienne pour rencontrer un jeune homme avec lequel il échangeait depuis plusieurs jours via l'application Smax. Au moment où il sort de voiture, trois jeunes, deux mineurs et un jeune majeur, se sont jetés sur lui avant de le rouer de coups. Victime notamment d'un coup de couteau au niveau du ventre, le jeune homme s'est fait dérober sa carte bancaire et ses clés de voiture. Laissé pour mort, il s'en est sorti grâce à des voisins qui, alertés par l'alarme de sa voiture, ontnappelé les secours. Le tribunal correctionnel de Bobigny a reconnu le caractère homophobe de cette agression, et condamné le prévenu majeur au moment des faits à quatre ans d'emprisonnement dont 16 mois assortis d'un sursis probatoire pendant trois ans (obligations de travail, domicile, soins et d'indemniser la victime et interdiction d'entrer en contact avec cette dernière), a indiqué le parquet à l'AFP. Il a été placé sous bracelet électronique. Les deux autres suspects, mineurs au moment de l'agression, doivent eux comparaître devant un juge des enfants. « Cette agression homophobe a entraîné près de 30 jours d'ITT (interruption totale de travail), ainsi qu'un profond traumatisme psychologique », a déploré dans un communiqué l'association Mousse, qui s'était portée partie civile, aux côtés des associations Stop Homophobie et Adheos.

Lors de son procès, l'agresseur, qui a déjà passé près de deux ans en prison, « n'a pas semblé avoir pris la mesure de la gravité de ses actes », « il reste potentiellement un danger pour les homosexuels », a déploré, auprès de l'AFP, l'avocat de ces associations, maître Étienne Deshoulières.

Une conférence mondiale

Le Mag Jeunes LGBT et OutRight Action International organisent en partenariat avec les délégations permanentes de l’Autriche, du Canada, de la France et des Pays-Bas auprès de l’Unesco, la ville de Paris, et France Médias Monde, la première conférence internationale pour les droits et l’inclusion des jeunes LGBT. Cette conférence aura lieu le 17 mai de 12 heures à 17 heures en format hybride sur un plateau télévisé dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris. Avec le soutien de 28 États membres, l'événement rassemblera des jeunes leaders LGBT et des hauts représentants-es et des représentants-es d'organisations internationales, de gouvernements et de municipalités. L'événement servira de base pour nourrir une plate-forme mondiale qui permettra aux jeunes LGBT de faire entendre leur voix, et créer des stratégies pour renforcer leurs droits et leur inclusion. La transmission sera disponible en direct sur YouTube.

Décapité par sa famille

À celles et ceux qui s’interrogent sur le bien-fondé d’une Journée internationale contre les LGBTphobies… ce drame est une réponse. On découvre cette nouvelle sur Têtu. Le jeune Iranien de 20 ans s’appelait Ali Fazeli Monfared. Sa famille a découvert son homosexualité, parce qu’il avait été exempté de service militaire. L’armée a parlé de « dépravation sexuelle » pour justifier son éviction. Le jeune homme a été assassiné par son demi-frère et deux cousins pour prétendument « laver l’honneur ». Ce crime s’est produit le 4 mai dernier, rapport le site IranWire. Le jeune homme voulait quitter le pays pour rejoindre un ami proche en Turquie, rapporte le site d’infos LGBT Pink News. Les médias rapportent que les trois hommes impliqués dans ce crime ont été arrêtés. « Le meurtre d'Alireza à cause de son orientation sexuelle inscrite dans sa carte d'exemption de service militaire montre une fois de plus les risques engendrés par les exemptions de service militaire pour les Iraniens gays. Cela souligne le besoin d'une loi pour protéger ces personnes, explique l’association 6rang, membre de l’Ilga, citée par Têtu.

Lutte contre les actes anti-LGBT

Ces dernières années, diverses initiatives ont été prises dans la lutte contre les actes anti-LGBT. Le site officiel Vie publique nous rappelle ainsi que le « plan 2020-2023 prévoit notamment un meilleur accueil des victimes et une amélioration des procédures de signalement des contenus haineux sur Internet et les réseaux sociaux ». Mais ce n’est bien évidemment qu’un aspect. En novembre 2018, face à une résurgence des agressions homophobes et transphobes, des mesures avaient été prises contre « la haine » envers les personnes LGBT. En mai 2019, Nicole Belloubet, la ministre de la justice, avait adressé aux parquets, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi de programmation de la justice, une circulaire de lutte contre les discriminations et les actes de haine. Le gouvernement s’est engagé lors du lancement de son plan national 2020-2023 à faire un suivi. « À partir de mars 2021 et tous les six mois, un comité de suivi doit se réunir pour veiller à sa bonne application en lien avec les associations LGBT », expliquent les pouvoirs publics. La ministre Élisabeth Moreno (ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances) a d’ailleurs déclaré que l'objectif était de « faire de l’égalité pour les personnes lesbiennes, gays, bi et trans une égalité concrète et effective, et faire des personnes LGBT+ des citoyennes et des citoyens à part entière dans notre pays ».

LGBT : un sigle et des données sur l’emploi

C’est dans les années 1990 que le sigle LGBT apparaît, indique le site Vie publique. Le terme « homosexuel » (gay), considéré comme trop restrictif, est remplacé par ce sigle qui englobe soit une orientation sexuelle (lesbienne, gay, bisexuel), soit une identité de genre (transgenre). Il est souvent accompagné d’un « + » pour inclure d’autres orientations sexuelles, identités et expressions de genre. Les discriminations LGBTphobes touchent fortement le milieu professionnel. Les services de la Défenseure des droits ont publié (en 2017) le guide « Agir contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans l’emploi ». Le guide cite plusieurs études qui révèlent des chiffres inquiétants :

  • 51% des agents-es de la fonction publique et 46 % des salariés-es du privé estiment que « révéler son homosexualité à son entourage professionnel contribue à mettre à mal à l'aise des collègues de travail » ;
  • 20 % des personnes LGBT+ déclarent s'être senties discriminées dans la recherche d'un emploi ;
  • 39 % déclarent avoir fait l'objet de commentaires ou d'attitudes négatives au travail.

Enfin, une étude de l’Insee (publiée en 2014) « met en évidence un écart de salaire selon l'orientation sexuelle qui concerne principalement les hommes homosexuels. Cet écart, par rapport à la rémunération des hommes hétérosexuels, est d'environ -6,5 % dans le secteur privé et d'environ -5,5 % dans le secteur public ».

Stratégie européenne d’égalité

La démarche date de quelques mois. L'Union européenne a présenté le 12 novembre 2020 sa première stratégie en faveur de l’égalité des personnes LGBTIQ dans l’Union européenne. C’est la commission européenne qui a rédigé la stratégie et qui doit la mettre en œuvre. Elle se décline en quatre points :

  • lutter contre les discriminations, en particulier sur le lieu de travail ;
  • garantir la sécurité des personnes LGTB+. La Commission européenne doit présenter une initiative en 2021 pour étendre la liste des « infractions pénales de l'UE » pour y inclure les crimes de haine et les discours haineux, y compris lorsqu'ils visent les personnes LGBT+ ;
  • protéger les droits des familles « arc-en-ciel ». La Commission va présenter une initiative législative sur la reconnaissance mutuelle de la parentalité et étudier l'adoption de mesures pour soutenir la reconnaissance mutuelle de partenaires de même sexe entre les États membres ;
  • soutenir l'égalité des droits des personnes LGBT+ à travers le monde. La défense des droits des LGBT+ sera soutenue par l'Union européenne dans ses actions à l'international.

Sur son site, la commission explique à propos de sa stratégie : « Si des progrès sur la voie de l'égalité des personnes LGBTIQ ont été observés dans l'UE ces dernières années, la discrimination à l'égard des personnes LGBTIQ persiste, 43 % d'entre elles ayant le sentiment de faire l'objet d'une discrimination. La crise de la Covid-19 n'a fait qu'exacerber cette situation. La stratégie d'aujourd'hui s'attaque aux inégalités et aux problèmes qui touchent les personnes LGBTIQ en définissant des actions ciblées, dont des mesures juridiques et des mesures de financement, à mener au cours des cinq prochaines années ». La commission indique qu’elle dressera un bilan à mi-parcours de cette stratégie en 2023.

Foot : homophobie chez les jeunes

Selon une étude inédite menée auprès de 1 605 jeunes footballeurs-ses de 12 à 19 ans, par Foot Ensemble, association de lutte contre l'homophobie, près de huit jeunes sur dix accepteraient l'homosexualité d'un-e coéquipier-ère. Une statistique encourageante qui ne doit surtout pas minimiser un mal encore très profond », estime l’ancien footballeur Yohann Lemaire, à l’initiative de cette étude cité par L’Équipe (12 mai).

Par ailleurs, la Ligue de football professionnel s’est mobilisée contre l'homophobie le week-end des 15 et 16 mai lors de la 37e journée de Ligue 1 et Ligue 2. Elle a, via les réseaux sociaux, sensibiliser à nouveau les acteurs-rices du football professionnel contre l'homophobie. L’initiative a mis en avant les « valeurs d'inclusion et de diversité à transmettre parmi les membres et les supporters-rices de chaque famille du sport professionnel et du football en particulier ».

Thérapies de conversion : le gouvernement en mode « mollesse »

Le 11 mai, lors de la séance des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale, la députée (LREM) Laurence Vanceunebrock pose une question à la ministre Élisabeth Moreno, à propos de l’interdiction des thérapies de conversion en France. « Comme vous le savez (…) je mène depuis plusieurs années un combat contre ce que nous appelons les « thérapies de conversion ». Ces pratiques terriblement violentes visent, selon leurs auteurs, à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne : elles se fondent sur le postulat que l’homosexualité ou la transidentité seraient des maladies qu’il faudrait guérir. Il n’en est rien – il n’y a rien à guérir ». La députée rappelle alors qu’avec l’appui de Christophe Castaner, chef des députes-es LREM, « l’ensemble du groupe La République en marche a décidé de déposer une proposition de loi interdisant les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne ». « Si notre arsenal législatif est déjà très nourri, nous voulons le renforcer afin d’agir concrètement contre les thérapies de conversion et d’offrir une réponse aux victimes, qui commencent peu à peu à prendre la parole. Notre ambition est aussi de dire à l’ensemble de nos concitoyens que nous refusons que de telles horreurs perdurent sur notre territoire. Nous devons affirmer collectivement notre engagement à lutter contre ces tortures, et rappeler haut et fort non seulement que la France défend les droits et les libertés des personnes LGBT – lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles –, mais aussi qu’elle les protège ». Et de demander : « Comment le gouvernement entend-il non seulement soutenir les victimes des thérapies de conversion, mais aussi condamner leurs bourreaux ? »

Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, commence son intervention. Elle dénonce « des atteintes totalement inacceptables à la dignité et à l’intégrité humaines », parle de « pratiques moyenâgeuses » qui engendrent « des souffrances durables chez les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transsexuelles ». On se dit alors qu’elle va donner une suite favorable à la demande de la majorité gouvernementale. En fait pas exactement. La ministre indique que « ces pratiques sont strictement interdites en France » ; pourtant d’après ce que disent les députés-es elles se pratiquent. « Le code pénal condamne fermement les délits d’abus de faiblesse, de harcèlement et de discrimination, les propos homophobes et les violences volontaires, tandis que le code de la santé publique interdit le recours à l’exercice illégal de la médecine pour tous les prétendants médecins qui veulent soigner l’homosexualité », avance la ministre. Et donc pas de texte de loi, mais l’annonce que « le ministère de la Justice publiera très prochainement une circulaire visant à rappeler le droit existant en la matière ». Et la ministre de conclure : « Éric Dupond-Moretti et moi-même travaillons d’arrache-pied contre les LGBTphobies, et nous ne laisserons rien passer ». Du côté des militants-es, c’est la consternation face à la « mollesse » de la réponse gouvernementale. Surtout, on lit dans les réactions, qu’ils-elles ont compris que l’exécutif abandonne la proposition de loi sur la table. « Selon le ministère de la justice et Élisabeth Moreno, l'arsenal législatif interdirait déjà les thérapies de conversion alors que ces dernières n'ont fait que progresser sur notre territoire. Cette réponse inexplicable ne respecte ni la réalité, ni les victimes, ni le travail de Laurence Vanceunebrock ! », dénonce Benoît Berthe Siward du Collectif Rien à guérir, cité par Têtu. « Se cacher derrière un arsenal législatif,  c'est bien, interdire clairement les thérapies de conversion comme le demandent Laurence Vanceunebrock et Rien à guérir, c'est mieux », souligne SOS Homophobie, citée par le site d’infos LGBT.

Témoignage : l’homophobie dans le foot
« Je suis français, je suis arabe, je suis musulman, je suis gay. J'ai l'impression qu'on m'a constamment demandé de choisir... je peux être tout ça à la fois et ça ne regarde personne ! », déclarait Ouissem Belgacem le 11 mai lors d’une interview à Mediapart. Dans son livre Adieu ma honte, publié le 26 avril chez Fayard, l'ancien espoir du centre de formation du Toulouse FC, raconte son parcours, douloureux, de sportif gay dans le milieu du foot, qu'il juge homophobe. Né à Aix-en-Provence, Ouissem Belgacem a gravi tous les échelons jusqu’à disputer la Coupe d’Afrique des nations avec la Tunisie. Alors qu’il va avoir 20 ans, il décide de raccrocher et de reprendre ses études car il ne supporte plus l’homophobie qui règne dans le football. Le 4 mai dernier, dans l’émission Quotidien, l’ancien footballeur déclarait : « Quand j'entends le président de la Fédération française de football [Noël Le Graët, ndlr] hiérarchiser les discriminations, à savoir s'il y a des chants racistes on arrête les matchs, mais des chants homophobes, là on peut continuer, je ne comprends pas ». Son témoignage puissant et courageux a suscité de nombreuses réactions positives sur les réseaux sociaux. « Comment cela s'appelle t-il lorsque Ouissem Belgacem, footballeur de renom, dénonce le silence pesant de la fédération de football sur l'homophobie (pour ne pas dire la complaisance de cette fédération) ? Cela porte le beau nom de courage ! » écrit l’avocate et activiste LGBT Caroline Mécary sur Twitter le 12 mai.

Témoignage de Guillaume Cizeron, star française du patinage
C’est par un acte de courage et de visibilité, une lettre ouverte dans le quotidien L’Équipe le 30 mai 2020, que le champion français de danse sur glace, Guillaume Cizeron, a fait son coming out. « Un coming out loin d’être répandu dans le monde du sport, même si d’autres l’avaient devancé dans cette démarche si peu naturelle selon lui », souligne Le Figaro, qui a dressé le portrait du champion dans ses colonnes (12 mai). « Pour moi, on ne devrait pas avoir à faire un coming out », explique-t-il au quotidien. Et de poursuivre : « Je ne me concevais pas comme quelqu’un d’enfermé dans un placard. Cela faisait aussi bien longtemps que je ne cachais pas mon homosexualité. Simplement, jusqu’à l’année dernière, je n’avais encore jamais partagé des choses si personnelles avec le public. »
Le sportif a publié, il y a quelques semaines, un livre témoignage, Ma plus belle victoire. Il y revient sur son enfance, les premières paroles homophobes subies. « Aujourd’hui, je peux dire qu’ils ont dit que j’étais homosexuel avant même que je le sache (…) Je peux écrire que j’ai découvert mon orientation sexuelle par des insultes, des mots volontairement blessants, et dans un climat quotidien d’humiliation ponctuée de ricanements et de gestes obscènes dont je ne connaissais pas la signification. » Il revient aussi sur ses relations familiales avec des propos forts comme le rappelle Le Figaro. Par exemple, lorsqu’il explique : « Ce qui m’a fait du mal, c’est qu’à un moment donné, mon père et ma mère ont validé cette idée qu’être homosexuel, c’est sale. Ils m’auraient juste dit « tu sais, dans la vie il y a des hommes qui aiment les hommes et c’est vraiment correct, c’est normal », peut-être que ça aurait été un petit peu moins dur pour moi ». Dans son ouvrage, Guillaume Cizeron revient aussi sur l’homophobie dans le monde sportif, même si ce dernier n’en a pas l’apanage. Le témoignage permet de découvrir autant un homme, qu’un parcours, dans une démarche que l’auteur souhaite utile au plus grand nombre. « C’est toujours un long processus que d’apprendre à s’aimer entièrement. Je travaille encore dessus. C’est lent, mais j’avance bien. Je suis arrivé à un moment dans ma carrière de sportif de haut niveau, et dans ma vie en général, où je me sens bien ancré dans mes valeurs et assez confiant en qui je suis pour pouvoir parler de ce sujet », explique-t-il au Figaro.
Ma plus belle victoire
 de Guillaume Cizeron, Édition X0. 16,90 euros.



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Portrait de jl06

Manif LGBT non mixte à Tours : si vous êtes blanc, vous serez dégagé du cortège par les militants intersectionnels

 

 

Des consignes hallucinantes avaient été données par les organisateurs de la marche LGBT de Tours, prévue le 15 mai prochain, à l’occasion de la journée contre les « LGBTphobies » : « Toute personne blanche qui essaiera de s’incruster dans le cortège se fera dégager. »

Une marche LGBT « non mixte ». Entendez : racisée. C’est-à-dire excluant une catégorie de personnes selon leur couleur de peau. Non, vous ne rêvez pas.

Et pour enfoncer un peu plus le clou, le centre LGBT de Touraine a expliqué : « La non-mixité n’est en aucun cas négociable et toute personne blanche qui essaiera de s’incruster dans ce cortège se fera cordialement (ou non) dégager. Cet espace est à nous. » Et de rajouter, un peu plus loin : «  Au sein de la tête du cortège, un cortège de personnes racisées en non-mixité. »

Ainsi, il faut comprendre qu’un mouvement qui dit promouvoir une  inclusive et ouverte impose préalablement des mesures d’exclusion. Quelqu’un comprend-il la logique ?

Non, il n’y en a pas.

Cette vision raciste et discriminatoire du combat intersectionnel ne semble pourtant pas choquer le maire  de Tours, qui a assuré le mouvement de son soutien en condamnant ce qu’il nomme « une instrumentalisation par l’ relayée par la droite locale ».

Le centre LGBT de Tours, mal à l’aise avec cette polémique, explique qu’il a relayé sur Instagram, sans bien vérifier, l’affiche d’un collectif antiraciste de Tours. Sans pour autant condamner de telles pratiques : au contraire, ils se solidarisent avec le collectif en expliquant, l’air le plus naturel du monde : « Certaines personnes racisées ne se sentent pas à l’aise dans des cortèges mixtes. »

On imagine le tollé qu’aurait suscité, dans ces mêmes associations grassement subventionnées par l’agent public, l’organisation d’une marche des « hétéros blancs cisgenres catholiques » interdite aux athées et homosexuels.

Pourtant, il s’agit là de la même logique : celle d’une discrimination inversée, d’une idéologie excluante et dans le fond et la forme, parfaitement antirépublicaine. La  s’adresse à des citoyens, sans distinction de , de  ou de religion.

Ces mouvements LGBT non mixtes sont en train de créer de nouveaux apartheids au cœur même de la République. Et le pire est que toute l’élite progressiste laisse faire.

Cependant, face à la polémique suscitée, on apprenait ce jeudi 13 mai que le centre LGBTI de Touraine a finalement décidé d’annuler cette manifestation.