IDF sans sida : "Intervenir dans les interstices, là où il y a des besoins réels"

Publié par jfl-seronet le 11.07.2017
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InitiativeIle-de-France sans sida

Mardi 4 juillet, dans les locaux du Conseil régional d’Ile-de-France, a eu lieu la présentation du projet Ile-de-France sans sida. L’occasion pour Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région, de rappeler la situation épidémiologique locale. Entourée de Farida Adlani, vice-présidente à la région en charge de la santé, de l’action sociale et de la famille, ainsi que des deux ambassadeurs du projet Ile-de-France sans sida, Jean Spiri et Jean-Luc Romero-Michel, la présidente de la région a également insisté sur l’intérêt de la lutte contre les discriminations, et de la prévention auprès des jeunes, notamment des lycéens.

"Un tiers des séropositifs français vit en région Ile-de-France", assène d’emblée Valérie Pécresse. Une réalité qui a poussé la région à s’engager concrètement dans la lutte contre le VIH, en présentant le projet Ile-de-France sans sida. Annoncé à l’automne dernier, le voici enfin dévoilé, plus d’un an après. Son but ? Tout mettre en œuvre pour que les trois objectifs identifiés par l’Onusida soient atteints sur le territoire, d’ici à 2020 : 90 % de la population vivant avec le VIH connaît son statut ; 90 % de ces dernières reçoivent un traitement ; 90 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. "Cet objectif est aujourd’hui atteignable", selon la présidente. "C’est mathématique : si l’on met tout le monde sous traitement, le sida disparaitra naturellement", poursuit Jean-Luc Romero-Michel, président des Elus locaux contre le sida, conseiller régional (Groupe Radical Citoyen, Démocrate, Ecologiste et Centriste) et adjoint au maire (PS) du 12e arrondissement de Paris. La stratégie d’intensification des dépistages de la région prévoit de s’appuyer sur différentes approches, et prendra en compte à la fois les besoins des publics les plus touchés par le VIH, notamment les migrants, les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes et les jeunes.

Aller vers, pour démocratiser le dépistage

"Nous souhaitons aller vers, afin de démocratiser le dépistage, poursuit Farida Adlani. Nous irons donc dans les territoires sous-dotés en la matière, à la rencontre des publics n’ayant pas l’habitude de se faire dépister". C’est pourquoi la région a décidé de financer deux bus adaptés aux Trod (test rapide d’orientation diagnostique) à hauteur de 50 %. Les associations habilitées au Trod par l’Agence régionale de santé (ARS), comme AIDES, verront donc leurs capacités d’action augmenter, et pourront se rendre sur les territoires à l’accès au dépistage aujourd’hui limité. En outre, la région prévoit également de financer 10 000 autotests du VIH". L’autotest coûte en moyenne 28€, nous avons réussi à les négocier pour 8 €, grâce à des achats groupés avec la mairie de Paris", indique Farida Adlani. La vice-présidente en charge de la santé rappelle que les personnes non dépistées sont à l’origine d’une continuité cachée dans l’évolution de l’épidémie. D’où l’intérêt de favoriser l’accès au dépistage. "On ne teste pas pour tester : on teste pour soigner !", précise Valérie Pécresse.

Les jeunes représentent également une cible importante du projet Ile-de-France sans sida. Et notamment les lycéens. La région entend donc favoriser l’accès au préservatif dans l’ensemble des lycées. "Nous utiliserons aussi notre iPass [plateforme numérique dédiée aux jeunes, ndlr] pour communiquer autour du VIH. Aujourd’hui, quel lycéen a envie de parler sexualité, et qui plus est de se déclarer sexuellement actif, auprès de son infirmière scolaire ? L’iPass est très utilisé par les jeunes et nous devons nous adapter à leurs moyens d’information et de communication", explique la présidente. La géolocalisation des distributeurs de préservatifs, mais également des associations proposant outils de prévention et tests de dépistage, constitue également l’un des moyens que compte mettre en œuvre la région, afin de permettre aux jeunes un accès à l’information plus large.

Jean Spiri, ambassadeur d’Ile-de-France sans sida, président du Crips, conseiller régional (LR) et adjoint au maire de Courbevoie, précise que le but de la région n’est pas de refaire totalement un plan global, mais "d’intervenir dans les interstices, là où il y a des besoins réels". Autrement dit, étoffer les moyens mis en place dans la lutte contre le VIH dans la région, au lieu de repenser complètement le modèle de prévention. La lutte contre les discriminations, et notamment contre la sérophobie, fait partie de ces interventions à prévoir. L’information et la sensibilisation constituent la clef. Par exemple, informer autour de la PrEP, du TPE (traitement post-exposition), du Tasp est important. "On sait aujourd’hui que grâce au Tasp, une personne séropositive n’est plus contaminante", rappelle Valérie Pécresse. Or, trop souvent, les clichés et discriminations sérophobes perdurent, et les fausses idées sur la maladie, ainsi que sur les personnes séropositives elles-mêmes, continuent de se propager. "Le fait est que médicalement, scientifiquement, on peut déjà les déconstruire !", se réjouit Jean-Luc Romero-Michel.

Le vieillissement avec le VIH

Une problématique parallèle a été soulevée : celle du vieillissement avec le VIH. "Aujourd’hui, le séropositif moyen n’a plus 20 ans, mais 49 ! Le VIH a vieilli, il arrive maintenant dans les maisons de retraite !", explique Jean-Luc Romero-Michel. En effet, les premières générations de personnes placées sous trithérapie ont aujourd’hui entre 70 et 80 ans. "A l’époque, les traitements avaient des effets indésirables, qui induisaient parfois des pathologies associées. Il faut penser à ces générations de malades qui aujourd’hui, ont besoin de soutien, à la fois médical et psychologique, car ces personnes sont bien souvent rejetées, à cause de tous les fantasmes existants encore autour du virus. Nous n’avons pas su anticiper cela, cette problématique doit donc nous questionner aujourd’hui", reconnaît Valérie Pécresse. La région entend donc travailler sur un accompagnement pour ces générations, et former les professionnels du secteur médico-social.

L’agenda pour une Ile-de-France sans sida a été examiné par le conseil régional le 7 juillet. En attendant, Jean-Luc Romero-Michel en est d’ores et déjà fier : "C’est rare d’être à l’origine de la fin d’une épidémie !" En espérant qu’il réussisse à atteindre son but dans les temps.

Commentaires

Portrait de Exit

Me font doucement rire ces théoriciens avec "il suffit de mettre tout le monde sous traitement pour que le virus disparaissent et c'est possible !"

Il y a énormément de personnes qui ont le vih et qui vivent dans un déni total et qui ne veulent absolument pas savoir qu'ils ont le vih, continuent à vivre comme si ils étaient séronégatifs et contaminent d'autres personnes. Il faudrait surtout commencer par faire un très gros boulot de rendre cette histoire moins honteuse, et c'est pas en 3 ans que ceci va se faire, on dit souvent qu'il faut autant de temps pour déconstruire les schémas que pour les construire, le SIDA c'est plus de 30 ans d'histoire, donc possible quil fasse autant d'années pour déconstruire tout ceci surtout que ceci touche à l'intimité, la sexualité...

Le VIH/SIDA c'est quelque chose qui fait toujours horriblement peur, et il faut déconstruire cette peur, pourtant tout est fait dans la société pour alimenter cette peur, la PREP est d'ailleurs le nouvel outil de l'alimentation de la peur, alors que la PREP c'est une bithérapie régulière... La communication sur le VIH/SIDA n'est pas la bonne, on ne fait pas de la prévention par la peur, on fait de la prévention en montrant la réalité que l'on camoufle comme toujours...