Jacques Chirac : un engagement contre le sida à l'international

Publié par jfl-seronet le 27.09.2019
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PolitiqueJacques Chirac

Contrastés ! Sont le portrait et le bilan de l’ancien chef de l’État dont la mort a été annoncée le 26 septembre par sa famille, à l’âge de 86 ans. On peut retenir celui qui s’opposa à la guerre en Irak ; celui qui fut le premier président à être condamné par la justice, en 2011, dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris ; celui qui affirma la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans les crimes nazis et celui qui s’engagea dans la lutte contre le sida au niveau mondial.

Dans un communiqué, AIDES et Coalition PLUS ont tenu à rendre hommage à l’ancien président. « Jacques Chirac a été l’un des premiers dirigeants de la planète à dénoncer (1) le cataclysme humain, social et économique que représentait l’épidémie du sida, en particulier sur le continent africain, a rappelé Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. Quand la trithérapie a commencé à sauver des vies en France et en Europe, il n’a pas refermé le dossier en se disant que le travail était terminé. Au contraire, il a usé de son leadership international pour initier un Fonds de solidarité thérapeutique (2) afin de rendre les outils de prévention et les traitements accessibles partout dans le monde. Ce qui a donné naissance en 2002 à l'actuel Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui a depuis sauvé 32 millions de vies. Ces institutions issues de la solidarité internationale permettent de briser l’inégalité d’accès aux soins qui persiste entre les malades selon qu’ils vivent dans un pays riche ou pauvre. Si aujourd’hui on peut désormais envisager la fin de l’épidémie d’ici à 2030, c’est en partie grâce à Jacques Chirac. »

De son côté, Aurélien Beaucamp, président de AIDES, a indiqué que « Jacques Chirac restera le père fondateur de la taxe sur les billets d’avion et l’artisan d’Unitaid. Deux innovations complémentaires qui ont donné un coup d’accélérateur à la riposte mondiale contre le sida. Garantissant aux laboratoires de gros volumes d’achat, Unitaid a réussi à faire chuter les prix des traitements, tandis que la taxe a permis de lever plus de deux milliards d’euros pour financier les actions d’Unitaid ». Et le président de AIDES de détailler : « Aujourd’hui, 61,5 % des personnes vivant avec le VIH bénéficient de soins alors qu’elles n’étaient qu’une poignée à l’échelle de la planète au début des années 2000. Mais près de 15 millions de personnes vivant avec le VIH ne sont toujours pas soignées, faute d’accès au dépistage et aux traitements. Malgré les remarquables progrès réalisés, la lutte mondiale contre le sida reste sous-financée.»

Et les deux ONG de « saluer le rôle déterminant qu’il a joué dans la lutte mondiale contre le sida, en fédérant, impulsant et misant sur l’innovation, il sera temps plus tard de dresser le bilan nuancé de son action au niveau national ». Des éloges sur l’engagement contre le sida au niveau international, il y en a eu de la part d’autres militants-es et personnalités politiques. « Jacques Chirac qu’on partage ou non ses options politiques aura vraiment marqué notre République. Je n’oublie pas l’humaniste qu’il était et bien sûr la contribution essentielle qu’il a apportée à la lutte contre le sida », a indiqué Jean-Luc Roméro-Michel, président des Élus locaux contre le sida. Le professeur Michel Kazatchkine, envoyé spécial de l’Onu sur le VIH en Europe de l’Est et en Asie centrale, s’est dit « très attristé par la nouvelle du décès du Président Chirac. Il a été déterminant dans l’engagement de la France dans la lutte contre le sida, en particulier dans la création du Fonds mondial. Il a montré comment la volonté politique peut changer la santé mondiale ». Le député Matthieu Orphelin a indiqué que « la taxe Chirac pour la solidarité et contre le sida auront marqué l'histoire ». Le député Hubert Julien- Laferrière a affirmé, dans un tweet, que « Jacques Chirac aura contribué à affirmer la place singulière de la France sur la scène internationale : création du Fonds mondial sida-tuberculose-paludisme, opposition à la guerre en Irak, solidarité avec les plus pauvres : hommage et respect. »

Sidaction a également publié un communiqué. « Les combats de Jacques Chirac contre le sida ont marqué l’histoire de notre lutte tant au niveau national qu’international. Je me souviens avoir longuement parlé de l’épidémie de VIH en Afrique avec lui et de la situation sanitaire des pays pauvres à laquelle il était très sensible » a réagi le Professeur Françoise Barré-Sinoussi, présidente de Sidaction.

(1) : Discours du Président Jacques Chirac sur le sida à Abidjan en 1997 : « La parole dont je suis porteur se veut celle d'une France qui ne peut rester silencieuse devant le cataclysme humain que l'épidémie du sida est en train de provoquer [...]. Nous n’avons pas le droit d’accepter qu’il y ait désormais deux façons de lutter contre le sida : en traitant les malades dans les pays développés, en prévenant seulement les contaminations dans les pays du Sud [...]. Devant vous, je veux prendre solennellement l’engagement d’y contribuer de tout le poids de mon pays ».
(2) : Fonds de solidarité thérapeutique créé en 1997 à l'initiative du Président français Jacques Chirac et de Bernard Kouchner, alors ministre de la santé pour financer les traitements des personnes vivant avec le VIH/sida dans les pays en développement.

 

Commentaires

Portrait de phlippeur

Bonjour,

  Quand je vois les éloges concernant Chirac,je me souviens du temps ou Pasqua , sous ses ordres lors de la cohabitation, avait ,après l'interdiction de la vente de seringues ,obligé les usagers à produire une pièce d'identité soigneusement enregistrée par les pharmaciens pour la délivrance des seringues.Combien de seringues partagées à cette époque?

Portrait de jl06

Le principe du respect de la mort existe ... les critiques  justifiés ou pas falait y penssé avant !

Portrait de ORAISON

pour rafraichir la mémoire des lecteurs - c'est sous Chirac, que son premier ministre et ami Juppé a supprimé les subventions aux associations communautaires de personnes vivant avec le VIH, en province, et même sauf erreur que fut dissoute l'Agence française de lutte contre le Sida ; afin de laisser  AIDeS en position de monopole..., bricolage entre parvenus dans des salons parisiens  entre deux coupes de champagne. Autant le dire, le  fonctionnement ramené  à de la qualité  institutionnel  de ce nouveau AIDeS fut une  catastrophe pour les personnes.

Portrait de jl06

Le jour où j'ai voté

«J'ai voté Chirac comme tout le monde, sans en faire un “drama”» LE 21AVRIL 2002

avec 82,21% des voix face à Jean-Marie Le Pen,

Il était devenu le garant des valeurs de la République»

 

Le VIH, alors, faisait des ravages chez les usagers de drogue par voie intraveineuse. La droite la moins progressiste était au gouvernement. Chirac s'est laissé convaincre: au nom de la santé publique, il autorise la libéralisation de la vente des seringues en pharmacie. Un décret alors mal compris du plus grand nombre, mais qui permettra bientôt une forte diminution de la contamination des grands toxicomanes par le virus de l’immunodéficience humain. Ce décret historique a marqué les premiers pas d'une nouvelle politique sanitaire, la politique dite «de réduction des risques» vis-à-vis du VIH et des toxicomanes. Trente ans plus tard, cette politique continue à faire la preuve de son efficacité.

Manifestation du 1er mai 2002 à Paris, regroupant les syndicats et de nombreuses organisations politiques appelant à voter contre Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles. | Éric Feferberg / AFP

 

«Moins un vote que du combat culturel»