Journée mondiale du refus de la misère : le rapport de MdM

Publié par jfl-seronet le 17.10.2017
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Politiquemisèreprécaritéaccès aux soins

Chaque 17 octobre se tient la Journée mondiale du refus de la misère. A cette occasion, Médecins du Monde (MdM) publie son rapport qui rend compte de l’activité de son Observatoire de l’accès aux droits et aux soins. Cette année, l’ONG constate et déplore que : "Toujours plus de personnes [sont] délaissées par notre système de santé". Voici quelques uns des éléments clefs de ce nouveau rapport.

Ce rapport sur l’accès aux droits et aux soins des personnes les plus démunies en France est le 17e du genre. Il sort, coïncidence des chiffres, le 17 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Ce rapport témoigne des "difficultés persistantes rencontrées par les personnes en situation de précarité pour faire valoir leurs droits et se faire soigner". "Malgré les promesses faites lors des récentes campagnes électorales, les populations en situation de précarité sont majoritairement oubliées des politiques de santé publique et notamment en termes de prévention, pourtant une des priorités du ministère [de la Santé]", note Médecins du Monde. Dans le communiqué qui accompagne la publication du rapport, Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde, s’interroge : "Quand on ne sait pas où l’on va dormir le soir ou ce que l’on va manger, comment prendre soin de sa santé et entrer dans une démarche de prévention ?" Ce nouveau rapport s’appuie sur les constats faits par les 2 254 intervenant-e-s, bénévoles ou salariés sur le terrain dans plus de 30 villes de France. Ils sont "alarmants", estime l’ONG, qui a choisi quelques domaines où les constats sont particulièrement édifiants.

La couverture vaccinale

D’une manière générale, les taux de couverture vaccinale des personnes reçues dans les centres de MdM sont faibles : moins d’une personne de plus de 15 ans sur deux est à jour pour le tétanos, la diphtérie, la polio et le BCG et moins d’une sur trois est à jour pour le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole), la coqueluche et l’hépatite B. Pour les enfants de moins de 15 ans, ces couvertures vaccinales sont  un peu meilleures mais restent très insuffisantes au regard des objectifs de santé publique (taux de couverture de 95 %), qui permettraient de garantir une protection efficace à l’ensemble de la population, indique MdM.

La santé des femmes

Parmi les femmes de 25-65 ans rencontrées par l’ONG, seules 29 % ont indiqué avoir déjà réalisé un frottis cervico-vaginal au cours de leur vie, soit trois fois moins qu’en population générale française et seules 12 % des femmes en âge de procréer ont indiqué utiliser une contraception, soit 5 fois moins qu’en population générale.

Parmi les femmes enceintes, seules 5,3 %, vues en consultation médicale, disposent de droits ouverts à la couverture maladie au jour de leur première visite dans les centres de mdM, près de la moitié présentent un retard de suivi de grossesse et seules 40 % ont eu accès à des soins prénataux au cours de la grossesse alors même que 14 % d’entre elles présentent des antécédents de grossesses pathologiques.

Les statuts sérologiques

En 2016, seuls 21 % des adultes accueillis en consultation médicale dans les centres de MdM connaissaient leur statut sérologique pour les hépatites et 26 % pour le VIH.

Dans son communiqué de présentation, Médecins du Monde rappelle que le premier obstacle observé demeure l’absence de couverture maladie, les difficultés pour ces personnes de l’obtenir et d’en assurer la continuité. Comme d’autres organisations (c’est le cas de AIDES, de l’ODSE), Médecins du Monde demande la suppression de l’Aide Médicale d’Etat (AME) pour les personnes étrangères en situation irrégulière comme régime à part et son intégration dans le régime général de la Sécurité Sociale. "Cette mesure permettrait de lever un des principaux obstacles aux recours aux soins. Or, les retards de soins représentent une des problématiques les plus fréquemment rencontrées [par les équipes de MdM]", explique l’ONG. Pour MdM, il y a deux occasions importantes d’améliorer l’accès à la santé des personnes les plus démunies : l’élaboration de la stratégie nationale de santé dont la phase de concertation est en cours et le projet de Loi de finances de la Sécurité sociale, le premier du quinquennat d’Emmanuel Macron. "Devant les renoncements aux soins des plus précaires, les député-ées doivent faire de l’accès aux soins des plus précaires une priorité, une réalité. Ils doivent répondre à cette urgence sociale dès ce budget", estime Françoise Sivignon.