Journée mondiale hépatites : MdM et TAG montent au front

Publié par jfl-seronet le 04.08.2016
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Politiquehépatite CVHC

Le 28 juillet s’est déroulée la très méconnue Journée mondiale des hépatites. A cette occasion, Médecins du Monde (MdM) a mis en avant le travail qu’elle conduit avec le Treatment action group (TAG – Groupe d’action pour le traitement) dans le domaine de l’accès aux nouveaux traitements contre le VHC grâce au projet mapCrowd.

Au moyen de "cet outil innovant et inédit", MdM et TAG entendent mesurer l’état de l’accès aux diagnostics et aux traitements de l’hépatite C dans le monde et montrer la tension qui existe actuellement : "Des médicaments efficaces mais indisponibles". Les deux organisations non gouvernementales rappellen que "parmi les 80 millions de personnes porteuses chroniques de l’hépatite C, une infime minorité a aujourd’hui accès à ces traitements, le principal obstacle restant leur prix. Via une plateforme en ligne de crowdsourcing, l’objectif est de collecter et partager des données en temps réel sur le VHC. Les dernières analyses des données de mapCrowd brossent un tableau contrasté du chemin à parcourir pour éradiquer l’épidémie".

Deux exemples édifiants

Dans leur communiqué du 28 juillet, MdM et TAG citent deux exemples. Dans les pays à haut revenu, "le rationnement a remplacé la couverture universelle", notent les deux ONG. "En Europe de l’Ouest, 13 pays sur 17 ont mis en place des politiques de restriction en limitant l’accès aux personnes les plus malades. La raison principale de cette sélection est le prix élevé du traitement, car le coût des combinaisons d’AVD est compris entre 25 000 et 70 000 euros. Même les Etats-Unis ont adopté des politiques de rationnement alors que le VHC y fait plus de victimes que n’importe quelle autre maladie infectieuse" expliquent-elles. Le second exemple porte sur l’accès universel. On y comprend que "les prix associés aux brevets sont une barrière" à cet accès universel. Comme cela a déjà été démontré avec les traitements anti-VIH, la "mise en place d’une concurrence par les génériques est un élément clef pour réduire drastiquement les prix des traitements et permettre un accès plus large", rappelle le communiqué des ONG. "Sur 13 pays, nous avons pu établir que le prix moyen du sofosbuvir (Sovaldi de Gilead) est de 38 154 dollars lorsqu’il n’y a aucune concurrence des génériques. En comparaison, le prix moyen du sofosbuvir générique est de 2 023 dollars dans 5 pays où il est disponible. Comme ces prix continuent de baisser dans les pays où la concurrence des génériques existe, la situation pourrait encore s’améliorer", indiquent MdM et TAG.

"Conséquence : des objectifs inatteignables si rien ne change"

Les objectifs envisagés par la communauté internationale pour éliminer le VHC, à savoir 80 % de personnes traitées d’ici 2030, sont loin d’être atteints. Dans les pays participants à mapCrowd et où des données sont disponibles, le taux de personnes mises sous traitement en 2015 est compris entre 0,13 % en Malaisie et 8,48 % aux Etats Unis. Quant à la France, son taux de 5,2 % correspond à celui du Pakistan, expliquent les deux ONG. Face à ces difficultés d’accès, Médecins du Monde a donc décidé de "dénoncer à nouveau le prix exorbitant de ces traitements", d’"alerter sur le risque que ce prix fait porter sur les systèmes de santé y compris en France" et de "dénonce également le rationnement que subissent les patients". Dans sa dernière campagne, "Le prix de la vie", Médecins du Monde a voulu mettre "en lumière ces dysfonctionnements en France". "Les génériques peuvent être mis sur le marché grâce à des dispositifs légaux tels que les licences obligatoires et l’opposition aux brevets. Aujourd’hui, les acteurs de la communauté internationale ont à leur disposition tous les outils leur permettant de s’engager vraiment dans la lutte pour l’élimination de l’hépatite C et permettre un accès au traitement pour tous", ont conclu les deux ONG.