La CROI sous toutes ses coutures

Publié par Sophie-seronet le 13.03.2011
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Croi 2011
Pour la 18ème édition de la CROI qui s’est ouverte dimanche 27 février et qui se déroule jusqu’au 2 mars à Boston, Emmanuel et Renaud nous ont fait vivre le cru 2011 de l’intérieur : données qui font la une, résultats importants, nouvelles stratégies thérapeutiques, ambiance et anecdotes… Chaque jour de nouveaux papiers ont transité by night entre Boston et Paris. Seronet vous propose une synthèse à consulter sans modération.
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Samedi : en route pour ma première CROI

2011, 18e CROI, âge de la majorité pour la Conférence sur les rétrovirus – c'est-à-dire le VIH, essentiellement – et les infections opportunistes, ont noté nombre de cliniciens. Des vieux de la vieille. Pour moi, c’est la première. Les années précédentes, je suivais les résultats à distance, notamment sur Seronet. Cette année, c’est moi qui m’y colle, et je mesure ma chance. Dans mon sac, l’alléchant programme de poche (70 pages sans compter les 100 pages de posters, ces fameux résumés de recherches scientifiques présentés telles des affiches).

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Dimanche : tempête de neige et avalanche d’infos sur Boston

Dimanche matin, lever à cinq heures. L’avantage du décalage horaire, c’est que même les lève-tard parviennent à arriver à temps pour les sessions qui démarrent à neuf heures. Cinq heures, c’est même un peu tôt pour le petit déjeuner qui ne démarre qu’à sept. Volets ouverts : une pensée pour Hicham qui posait l’an dernier, à San Francisco, avec des lunettes de soleil. Ici, ce serait plutôt avec le kit complet, écharpe, bonnet et mitaines. Il neige à gros flocons, mais je n’ai prévu qu’un mince chèche. Après trois cafés, un bagel saumon wasabi et un smoothie (glacé, ce que je n’avais pas prévu, recherchant un plein de vitamines), en route pour le Hynes Convention Center. Le dimanche de la CROI, depuis quelques années, est consacré à des ateliers du comité du programme destinés principalement aux jeunes chercheurs et aux apprentis.

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CROI 2011… Comme un lundi…

Les deux sessions plénières de la première journée de la conférence proposaient un focus sur l’épidémie de VIH/sida aux Etats-Unis et une présentation sur les récentes avancées concernant les anticorps neutralisants du VIH (une des voies de recherche dans le vaccin anti-VIH). Le représentant du Center of Disease Control (CDC, organisme américain en charge du suivi épidémiologique des maladies) a décrit, en particulier, un nouvel outil pour mesurer l’impact des politiques de lutte contre le VIH/sida des différents Etats. Il s’agit de l’estimation de la mesure de la "charge virale communautaire" ("Viral Load Community"), soit la quantité de virus totale estimée qui circule dans telle ou telle communauté. Cet outil a montré, en particulier, que si la quantité de virus baisse dans une communauté (les personnes séropositives sont mieux traitées et ont un accès plus facile au dépistage, par exemple), le nombre de nouvelles infections (appelé incidence) baisse aussi. Les CDC se sont fixés un objectif de réduction de l’incidence de 25%. Rappelons que la France, dans son Plan national VIH/sida et IST 2010-2014, a fixé cet objectif de réduction à 50 % de l’incidence actuelle.

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Des ciseaux moléculaires contre le VIH, science ou fiction ?

Sous le doux sourire de Paula Cannon se cache un esprit scientifique à l’esprit acéré. La thérapie génique, c’est la stratégie anti-VIH sur laquelle cette chercheuse de l’université de Californie du Sud, à Los Angeles, travaille depuis plusieurs années en utilisant des souris "humanisées", c’est-à-dire chez qui on a inséré des gènes humains, permettant ainsi les études sur le VIH. Principe : utiliser des ciseaux moléculaires, les "nucléases aux doigts de zinc" (nom de code, ZFN en anglais, fabriqués par une entreprise de biotechnologie, Sangamo), capables de supprimer les gènes codant pour les co-récepteurs CCR5, les portes d’entrée du VIH dans les cellules. Pas de récepteur, pas d’entrée !

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Mardi : les chercheurs en "pinces" pour la CROI !

"Serre-moi la pince !" C’est ce qu’on a envie de dire quand on rencontre un Français, tant les homards sont la mascotte de cette conférence. Ils sont brodés - figurant le T de Boston - sur les sacs de conférence ("conference-bags") avec lesquels chacun se balade parce qu’on nous les a remis avec notre badge officiel. Surtout, parce qu’ils contiennent l’ouvrage réunissant les résumés des 1 084 interventions, soit un pavé de 550 pages !
"Serre-moi la pince que je te plante un couteau dans le dos !" Accompagnée d’une photo du crustacé, ce pourrait être la "welcome-joke", la plaisanterie d’introduction, un artifice d’orateur pour capter l’attention de son public, avant de lui asséner, le plus souvent, 20 à 40 minutes de tableaux remplis de chiffres et de sigles.

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Nouvelles molécules anti-VHC : enfin des résultats pour les personnes co-infectées !

C’est peu de dire que ces données étaient attendues. Mais l’attente est récompensée… car ça marche ! Le télaprévir, cette nouvelle qui agit en bloquant la protéase du virus de l’hépatite C (elle est efficace uniquement contre le génotype 1), fonctionne chez les personnes co-infectées par le VIH. Et si l’on peut dire "Enfin", c’est parce que les laboratoires pharmaceutiques s’étaient engagés, aux côtés de médecins, chercheurs, activistes, etc., lors de la Déclaration de Sitges en 2007, à procéder plus rapidement à l’évaluation de leurs molécules chez les personnes co-infectées par le VHC, qui constituent tout de même un quart des personnes vivant avec le VIH.

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Capotes et comprimés, même combat !

C’est une présentation qui a le mérite de remettre les pendules à l’heure. Et qui évite les oppositions stériles entre les différentes méthodes préventives. Sharon Hillier professeur du département d’obstétrique, gynécologie et sciences de la reproduction de l’Université de Pittsburg aux Etats-Unis, insiste : il faut que toutes les méthodes soient disponibles et qu’on puisse les combiner. S’adressant aux jeunes chercheurs et aux médecins rassemblés au fond de la salle, l’enjouée directrice du centre d’excellence en santé des femmes du Magee-Womens Hospital, commence par une plaisanterie qui n’en est pas vraiment une : "Lors de votre dernier rapport sexuel, combien d’entre vous ont utilisé un préservatif ?" Puis interroge sur les visions de chacun sur la prévention. Tout y passe : brossage de dents, ceinture de sécurité, contraception, baby aspirine (80 mg, une dose très faible) destinée à la prévention du risque de crise cardiaque.

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Coût/efficacité, traitements, accès : ça se complique !

Rochelle Walensky de la Harvard Medical School à Boston a illuminé les congressistes lors de la première session le deuxième jour de la conférence. Elle a abordé un sujet qui n’avait jusqu’alors jamais été traité lors d’une session plénière de la CROI : le rapport coût/efficacité, ou efficience (permettant de réaliser un objectif avec l’organisation des moyens engagés). Il s’agissait, en effet, de faire le point sur les nouvelles informations concernant la mesure du coût-efficacité des stratégies de lutte contre le VIH/sida. Il a été rappelé que cet outil qui sert à évaluer le coût de différentes interventions pour sauver une année de vie permettait de donner des indications pour comparer différentes interventions. Cet outil a permis, par exemple, d’apporter un argument supplémentaire pour recommander aux Etats-Unis les tests de résistance chez les personnes qui vont commencer un traitement anti-VIH, ou bien d’étendre l’accès au dépistage en recommandant l’utilisation des tests à résultat rapide. C’est avec ironie et une certaine colère que Rochelle Walensky a rappelé qu’au 1er janvier 2011 il y avait 5 387 personnes séropositives américaines qui étaient en liste d’attente pour bénéficier d’un traitement anti-VIH !

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Orale, vaginale ou rectale, la PrEP à l’honneur !

"It’s time to invest !" "C’est le moment de s’investir !"… et d’investir, concluait Bob Grant, le leader de l’équipe iPrEx, ce grand essai de PrEP par voie orale qui a inclus plus de 2 499 hommes ayant des rapports avec d’autres hommes et des trans (quelques unes seulement). De fait, il semble que son appel soit superflu. Car la multiplicité et la richesse des études de cette 18e CROI, en matière de PrEP, est frappante : préclinique, phase I, phase II, phase III, dosages, efficacité, mutations, effets indésirables, acceptabilité, etc. Peter Anton, de l’Université de Californie à Los Angeles, l’expliquait devant la presse lundi 28 février : ce n’est pas parce qu’on a des résultats d’efficacité sur de grands essais qu’il faut arrêter de faire de petites études. Celles-ci restent intéressantes parce qu’elles donnent des résultats très rapidement, qui complètent utilement ceux fournis par les grands essais.

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Traitements : ce qu’il faUt retenir de LA CROI 2011
Mercredi matin, jour de clôture de la conférence, la CROI 2011 n’a pas dérogé à la règle en consacrant une importante séance de travail à ce qu’on appelle les "late breakers", les tous derniers résultats d’études cliniques qui viennent de tomber… Bref, les infos chaudes du moment. C’est une des sessions les plus courues de la conférence. Emmanuel et Renaud reviennent sur les principales infos sur les traitements : dolutegravir, maraviroc, raltegravir... Que retenir de cette CROI 2011 ?
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Fin de CROI sous perfusions… de café et de "late breakers"

Dernier jour. "Vous emportez votre valise au centre de conférence ?"- "Non, je prends un taxi pour l’aéroport", me répond le virologue. Ça sent le départ… Nous sommes quelques uns, après avoir rendu les clés de nos chambres, à ne pas être en avance pour la plénière sur les PrEP… On parcourt d’un pas rapide les huit blocks qui nous séparent de la CROI. A peine le temps de jeter un dernier coup d’œil à l’architecture de Boston. Une pensée pour les médecins et chercheurs, qui, pour la plupart, sont dans des hôtels d’où ils pourraient s’ils voulaient, venir en chaussons. Et ne pas rester enfermés dans les ponts aériens qui relient le centre à certains hôtels… Malgré le vent glacé, c’est un plaisir de profiter, un petit quart d’heure, du soleil qui, depuis hier, a remplacé la neige, avant de passer la journée dans des salles climatisées et sans fenêtre. Ça sent le départ. Les 4 000 participants se sont rués sur le café, auquel tout le monde carbure désormais, et sur les bagels qu’on accompagne de cream cheese et de confiture de myrtille. La CROI est plus intime que la conférence mondiale contre le sida. Pourtant, c’est plus de 2 0000 participants et quelque 1 000 journalistes. Au quatrième jour, on se sent presque en famille dans la salle de presse qui ne comporte que six tables rondes, recouvertes de nappes blanches. Quand à Vienne, le media center était une immense et interminable succession de tables...

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