La guerre contre la drogue a échoué, passons à autre chose
"La guerre mondiale contre les drogues est en train de propager la pandémie de sida parmi les personnes qui se droguent" et qui hésitent à aller se faire soigner par crainte d'être emprisonnées, a estimé cette commission dans un communiqué lors d'une réunion consacrée à l'impact des drogues sur la santé publique en Europe de l'Est. "Les mesures de répression et de criminalisation très coûteuses, prises contre les producteurs, les trafiquants et les consommateurs de drogues illégales, ont clairement échoué à en réduire l'offre et la consommation", a-t-elle ajouté.
Selon cette commission, la production mondiale de substances dérivées de l'opium telles que l'héroïne a augmenté de plus de 380 % en 30 ans, passant "de 1 000 tonnes en 1980 à plus de 4 800 tonnes en 2010", malgré une très forte augmentation des moyens mis en œuvre pour combattre le trafic de drogue. L'ancien président colombien Cesar Gaviria, membre de cette commission, estime que la solution serait de "prendre le budget (anti-drogue) que les pays dépensent dans les prisons et la police, pour l'affecter à la prévention. En Colombie, par exemple à Medellin et à Bogota, nous agissons par des campagnes de prévention (…) avec les familles, avec les professeurs qui sont également favorables à la prévention", a-t-il expliqué, lors d’une conférence de presse.
Comme le détaille l’AFP, il a souligné les progrès enregistrés dans les villes dominées par les cartels. Parmi les membres de cette commission, figurent également les ex-présidents du Brésil, de la Suisse et du Mexique et des personnalités comme l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa et le patron du groupe Virgin Richard Branson. Cesar Gaviria a insisté sur la nécessité de faire pression sur le Congrès américain pour leur dire : "Nous avons besoin de vous dans ce débat et d'un changement de vos lois, sinon la violence en Amérique latine, au Mexique et en Amérique centrale va devenir incontrôlable et nous allons perdre".
Président de la Commission mondiale sur la lutte contre les drogues, l'ex-président brésilien Fernando Henrique Cardoso, a, de son côté, appelé les gouvernements à "expérimenter différentes façons de réguler les drogues telles que la marijuana, comme cela a déjà été fait avec le tabac et l'alcool". Soulignant que réguler ne signifiait pas légaliser, il s'est prononcé pour "toutes sortes de restrictions et de limitations dans la production, le commerce, la publicité et la consommation d'une substance donnée, pour lui ôter tout prestige, décourager son utilisation et la contrôler". "Les toxicomanes peuvent faire du mal à eux-mêmes et à leurs familles, mais ce n'est pas en les enfermant qu'on va les aider", a-t-il plaidé. Pour César Gaviria, des changements de politique pourraient arriver plus vite que prévu : "Presque tous les présidents estiment que la politique (actuelle) doit changer. Plus personne ne soutient la prohibition, même pas aux Etats-Unis". "Aucun responsable américain ne parle de soutenir la prohibition en tant que politique. Je n'ai rien entendu de tel. Ils ont tout bonnement arrêté d'en parler", a-t-il assuré.
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Commentaires
Toutes guerres sont perdus d'avance, si les