La PrEP contribue à terme à moins d’IST

Publié par Mathieu Brancourt le 17.10.2017
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SexualitéPrEPISTinfection sexuellement transmissible

La PrEP a longtemps été accusée de favoriser la prolifération des autres infections sexuellement transmissibles (IST). Une étude sur des gays américains mis sous PrEP bat en brèche cette idée reçue. Selon une modélisation prospective, les cas de chlamydiae et de gonorrhées chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sous prophylaxie pré-exposition baisseraient sur le long terme. Mais ce bénéfice, lié au suivi renforcé dans le cadre d’une PrEP, n’est valable que si les recommandations de suivi sont effectivement appliquées.

La PrEP favorise les infections sexuellement transmissibles autres que le VIH. Cette assertion, beaucoup l’ont avancée lors des débuts de la mise en place du traitement pris en prévention du VIH. Aujourd’hui pourtant, une modélisation sur l’impact de la PrEP dans la détection et le traitement des IST montre, qu’à terme, la PrEP permettrait tout autant de réduire les nouvelles contaminations au VIH que le nombre de nouveaux cas des autres infections sexuelles. Dans une étude de modélisation publiée fin septembre, une équipe de chercheurs de l’Oxford university a montré qu’avec une couverture plus large par la PrEP (augmentation du nombre d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes qui ont besoin, prennent la PrEP et la prennent bien), associée à l’application des recommandations de dépistage des IST du Centre de contrôle des maladies (CDC) américain (ici, dépistage du VIH tous les trois mois et des autres IST tous les trois mois), l’incidence des IST détectées lors des dépistages sanguins et prélèvements locaux liés à l’initiation et au suivi de la PrEP, baisse sensiblement lorsque ce même suivi est bien respecté. "Le design de notre étude met en valeur la PrEP non seulement pour son rôle antirétroviral contre le VIH, mais aussi pour l’incorporation d’un dépistage régulier et complet des autres IST dans son protocole", expliquent les chercheurs.

D’après leurs résultats, [dans un scénario d’une couverture de PrEP de 40 % et d’une faible augmentation des pratiques à risques pour les autres IST, comme l’arrêt total du préservatif (40 %)], 42 % des gonorrhées et 40 % des cas de chlamydiae pourraient être évitées dans la prochaine décennie. Le dépistage des autres IST dans le cadre d’un suivi de PrEP représenterait une augmentation de respectivement 16 et 17 % du traitement de l’ensemble des IST rectales ou asymptomatiques alors dépistées. Enfin, si les recommandations du CDC pour le test des IST évoluaient de six à trois mois, le nombre de nouveaux cas baisserait encore de moitié.

Des résultats encourageants, qui vont dans le sens de résultats, empiriques cette fois-ci, durant des études faites lors des essais évaluant l’efficacité de la PrEP. Dans les essais Proud ou ANRS-Ipergay, des sous-études avaient montré que l’utilisation de la PrEP ne montrait pas une hausse du nombre d’IST parmi ceux qui l’utilisaient par rapport aux autres, même si le nombre des IST était élevé. Mais il l’était dans les deux cas.

Plus qu’une mise au point, cette modélisation est une preuve de l’intérêt de la PrEP non seulement dans la lutte contre le VIH, mais aussi dans la détection et le traitement des autres IST curables, alors que le traitement préventif n’a, en soi, aucun effet protecteur dans l’infection par une chlamydia ou une gonorrhée. "Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes qui sont fortement exposés à un risque d’infection au VIH, et donc indiqués pour une mise sous PrEP, sont également très exposés aux IST cela par les mêmes réseaux ou pratiques sexuelles. La PrEP comme package de traitement anti-VIH, mais aussi de dépistage selon les lignes directrices du CDC, pourrait être également une méthode de prévention efficace des IST", concluent les auteurs de l’étude.