Labos et politiques : peu à déclarer !
Chiches. Les réponses des députés au questionnaire d’Act Up-Paris sur leurs relations avec l'industrie pharmaceutique sont chiches. En effet, une petite quarantaine d’élus a répondu. Cela signifie que c’est silence radio pour plus de 540 députés. Pour Act Up-Paris (30 septembre), c’est "révélateur" et "guère surprenant (…) tant les liens entre de nombreux élus et l'industrie sont forts, et ne semblent pas poser problème aux intéressés". Pour l’association, ces "réponses et ces non-réponses permettent de mieux comprendre pourquoi certaines dispositions contraignantes pour l'industrie et indispensables au système de santé, ont été combattues par l'UMP" lors des débats parlementaires sur le projet de loi sur le médicament. Au 30 septembre, 39 députés avaient répondu sur 585 contactés. Parmi eux, on comptait 6 GDR (Gauche démocrate et républicaine), 23 SRC (socialistes et apparentés, 8 UMP et apparentés, 2 Nouveau Centre. Ces chiffres sont évidemment à comparer à la proportion de chaque groupe à l'Assemblée. Quatre députés indiquent des liens avec l'industrie. C’est le cas de Michèle Delaunay (députée PS de Gironde) qui indique avoir "réalisé des essais thérapeutiques pluricentriques et contrôlés dont les résultats ont été publiés dans des revues internationales à comité de lecture" ; elle n'a eu aucune relation professionnelle avec l'industrie depuis qu'elle est élue. Elle a participé à une réunion avec l'industrie, en début de mandat, sur le cancer qui est sa spécialité. Autre élu concerné, le député PS Gérard Bapt. Il a "assisté, au cours de la dernière mandature, à une vingtaine de réunions avec les représentants de l'industrie pharmaceutique, soit, sous forme d'entretiens de travail à l'Assemblée Nationale, soit, sous forme de débats au cours de petits déjeuners et de déjeuners" ; il a été membre d'un club d'économistes de la santé fondé en 2010, dont il s'est retiré quand il a été nommé président de la mission d'information sur le Mediator et la pharmacovigilance. Bref, pas grand chose du côté de la transparence. Act Up-Paris annonce dans un communiqué de presse qu’il maintient son questionnaire et qu’il l’adressera aux sénateurs qui débattront bientôt du texte.
Comment interpréter cette faible transparence des élus ? Act Up-Paris a sa lecture politique. "Le silence de nombreux députés et nombreuses députées, notamment à l'UMP, explique peut-être que la majorité ait refusé de voter des amendements pourtant indispensables à la santé publique". Et l’association de citer des "amendements permettant plus de transparence sur la fixation du prix du médicament, dont on sait que son caractère exorbitant est une des premières causes des déficits de l'Assurance maladie", un "amendement qui empêcherait l'industrie d'opposer aux requêtes de la nouvelle agence le secret commercial", un "amendement permettant de mieux prendre en compte les populations négligées par la recherche clinique, les femmes, les personnes âgées, les enfants, et des minorités. Cette prise en compte permettrait de mieux connaître les spécificités des médicaments, notamment les effets indésirables, sur toutes les personnes amenées à prendre le traitement". L’association estime que ce blocage de la majorité n’avait pour objet que de "ménager l’industrie" pharmaceutique. Du coup, elle doute de la probité des élus puisqu’elle avance que leur silence (sur d’éventuelles relations avec les labos) "ne permet pas de savoir si des liens d'intérêt éventuels expliquent cette décision. Faudra-t-il, d'ici 2012, rendre cette information publique sans que les personnes intéressées ne fassent elles-mêmes la démarche ? Voilà qui ne risque pas de redonner confiance dans la sécurité du médicament, ni en celles et ceux qui font les lois".
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Commentaires
Nationaliser l'industrie pharmaceutique
Sauf que...
Sanofi-Aventis est français....
Complément :
Un sur les dix premiers
Voici le classement en chiffre d'affaire des dix principaux laboratoire :
1 Pfizer États-Unis 67 800 M$
2 Johnson & Johnson États-Unis 61 600 M$
3 Novartis Suisse 50 600 M$
4 Roche Group Suisse 50 268 M$
5 Merck États-Unis 46 000M$
6 Sanofi France 41 000 M$
7 GlaxoSmithKline Royaume-Uni 38 654 M$
8 Abbott États-Unis 35 000 M$
9 AstraZeneca Royaume-Uni 33 300 M$
10 Eli Lilly États-Unis 23 000 M$
Je suis d'accord pour faire participer les labos de quelque façon que ce soit à l'effort de santé publique, mais je ne vois pas comment le faire en pratique en partant du constat que "l'argent n'a pas de morale" et encore moins dans une économie mondialisée.
Frabro,
Conflits d'intérêts, affaires,
cumul des mandats... il y a du ménage à faire dans la classe politique. Sinon, mettre l'industrie pharmaceutique au pas, comme les banques, je suis pour. Il y a sûrement une bonne part d’enfumage dans leurs arguments ("y toucher c'est mettre l'emploi en péril", "si on continue de chercher, c'est qu'il y a du profit à la clé","les chercheurs s'expatrient déjà en grand nombre, mais comment qu'on va faire" etc.). Qu'ils se fassent des couilles en or dans les pays chantres du libéralisme comme les états-unis d'amérique, si leur population n'y voient pas de problèmes. Sinon, copions allégrement. Respecter les règles, mais quelles règles : piller allègrement les états et les consommateurs ? Les choses changent. Ce qui n'était pas possible hier le devient aujourd'hui. Hier, devenir trader était le nec plus ultra, aujourd'hui ça devient une profession honnie qui n'a plus la côte chez les jeunes. L'argent désirable devient l'argent haïssable. Avec tout cet argent qui n'ira pas dans la poche des actionnaires, il devrait être possible d'investir dans la recherche publique. Cela dit, pour les franchises, les faire payer aux labos, revient en fait à diminuer leur bénéfices (n'oublions pas que la mesure, outre rapporter un peu à l'Etat, a été pondue soi-disant pour responsabiliser les consommateurs...). Simplifions les allers-retours en leur faisant baisser les prix, ce qui se fait parfois, je crois bien que le gouvernement a négocié récemment une baisse des prix des antiretroviraux par exemple, et que les labos ont consentis, mais c'est après s'en être mis pleins les poches pendant 15 ans. Et ça ne concerne sans doute pas certaines autres molécules récentes hors de prix, anticancers par exemple.
Après, c'est sûrement encore plus compliqué. Copier une molécule de Pfizer en France, c'est des rétorsions à la clé pour les exportations françaises. A la guerre comme à la guerre.