Le mariage difficile de la politique et de la lutte contre le VIH dans les Caraïbes

Publié par Rédacteur-seronet le 25.07.2012
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ConférencesCaraïbesAIDS 2012

Le slogan de AIDES pour cette conférence est : "Les politiciens ont le pouvoir d’arrêter le sida" encore faudrait-il qu’ils en aient l’envie ! La session régionale sur la construction d’une politique durable de lutte contre le VIH/sida dans la Caraïbe, mardi 22 juillet, montre encore tout le chemin à parcourir. Par Jean-Marie Le Gall.

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Avec consternation, nous avons assisté à un exercice habituel de langue de bois et à une absence de débat qui n’ont pas leur place dans une conférence scientifique, surtout quand on connaît l’ampleur et l’urgence des besoins des personnes confrontées au VIH dans cette région. Une heure et demi d’interventions successives et en parallèle où chacun défend sa propre vision ou action sans jamais nommer comme un problème commun le contexte partagé, qu’il nous faut affronter comme les législations répressives, la discrimination, l’absence de droit des migrants, les violences faites aux femmes, etc.
 
Bien sur,  il ne faut pas nier quelques timides avancées comme le débat ouvert au Guyana pour décriminaliser la transmission et le travail du sexe. Le ministre de la Santé jamaïcain nous a dit que le VIH a été supprimé de la liste des maladies "contagieuses" qui empêchent les personnes infectées de fréquenter les écoles publiques, de travailler dans la restauration, etc. En revanche, entendre et voir la satisfaction affichée par la "first lady" d’Haïti (Sophia Martelly), en charge des questions VIH est insupportable surtout en l'absence de réactions de la salle ! Rassurez-vous tout était fait pour qu’il n’y en ait pas : pas de micro et questions écrites filtrées par l’animatrice.
 
Et les personnes vivant avec le VIH, les acteurs communautaires dans tout ça ? Eh bien, ils ont eu la parole en premier pour rappeler les "principes du GIPA" sur la place des personnes concernées, mais sans poser un seul constat sur la place réelle qui leur est faite. Puis un jeune acteur jamaïcain représentant "les jeunes confrontés au VIH" s’est fait entendre pour réclamer une place plus grande, des financements, du recueil de données et cela avec un certain enthousiasme. Malheureusement pour lui, et pour nous, aucune réponse n’est venue de la part de ceux qui ont le pouvoir d’arrêter le sida !
 
Avec ça nous savons ce que nous avons à faire et à porter pour faire changer les choses. C’est cohérent avec le constat fait avec nos partenaires caribéens lors des Assises caraïbes de juin 2012 organisées par AIDES en Guyane. La première priorité, c’est le plaidoyer, "l’advocacy" pour obtenir des droits, plus de droits, des droits humains face au VIH. Sans doutes pouvons-nous compter sur le Pancap (Pan Caribbean Partnership against HIV & AIDS)  dont la directrice, Juliette Bynoe-Sutherland, a appelé à la fin de la compétition entre organisations non gouvernementales et institutions et à une approche plus ouverte que le territorialisme du chacun pour soi et du chacun chez soi.