Le VIH progresse en Europe

Publié par jfl-seronet le 01.12.2012
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Chiffresépidémiologie

Chaque année, le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rédigent et publient un rapport commun sur la situation du VIH en Europe. Le rapport 2012 qui porte sur l’année précédente indique que la progression du VIH en Europe en 2011 montre que le soutien public aux actions de prévention est vital. Cela peut paraître une évidence… mais le rapport a des chiffres à l’appui pour demander cela plus fortement encore.

Le nombre de personnes vivant avec le VIH en Europe est en augmentation, relève ce rapport publié à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida. L'augmentation des cas est particulièrement notable dans la partie orientale du continent européen, où sont diagnostiquées plus des trois quarts des nouvelles infections, ainsi que parmi les populations clés : homos, usagers de drogues et personnes originaires de pays où l’épidémie est généralisée. Le pourcentage de cas parmi les personnes qui s’injectent est de 5 % en 2011. Au total, 121.000 nouveaux cas ont été diagnostiqués au sein de la région, dont 28 000 dans l'Union Européenne et l'Espace économique européen.

Comment agir ?

Pour les auteurs du rapport, cela prouve l'importance qu’il y a à maintenir des actions de prévention, malgré les mesures d'austérité économique. "Les services de conseil et de dépistage doivent être continuellement promus et accessibles afin d'assurer un diagnostic précoce et la mise en place rapide du traitement et des soins", insiste le rapport. "Ces mesures peuvent permettre d'enrayer la transmission du virus dans l'Union européenne et l'Espace économique européen. Si nous voulons réduire et prévenir la transmission du VIH à travers l'Europe, nous avons besoin d'investir et de promouvoir le conseil et le dépistage", a souligné le directeur de l'ECDC Marc Sprenger, cité dans un communiqué. La thèse du rapport est assez simple : "Chaque euro dépensé aujourd'hui dans la lutte contre le VIH sera largement remboursé par les économies réalisées sur les coûts de traitements à venir, sans compter les avantages pour la société à maintenir les personnes en bonne santé et productives". C’est le point de vue défendu notamment par la directrice régionale de l'OMS pour l'Europe. Des efforts aussi sont à faire en matière d’accès aux traitements. "Seul un patient sur quatre reçoit le traitement antirétroviral nécessaire dans la partie orientale de la région, c'est un des taux les plus bas du monde", indique l’experte de l’OMS. Enfin, il faut ajouter que pour la moitié des personnes en Europe, le diagnostic est établi tard réduisant l'efficacité des traitements et augmentant les risques de transmission. Il est à noter que cette Surveillance VIH/sida en Europe 2011 s’est faite sans le Liechtenstein, Monaco, la Russie et l'Ouzbékistan, pays qui n'ont transmis aucune donnée.

C’est grave pour la Grèce

Le rapport et le communiqué font un focus sur la situation particulière de la Grèce. Ce n’est pas une surprise, mais la crise financière frappe de plein fouet la Grèce depuis 2009. La crise a des impacts financiers très forts dans ce pays notamment en matière de santé publique et ceci a de très graves conséquences dont une progression rapide du nombre d'infections par le VIH. Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies tire la sonnette d'alarme dans son rapport conjoint avec l’OMS. Dans leur communiqué, les deux instances lancent un appel aux autorités pour qu’elles agissent rapidement. Aujourd’hui en Grèce, on dénombre 7,4 cas d’infection au VIH pour 100 000 personnes. C’est bas en comparaison du taux observé en Grande-Bretagne qui est de 10 pour 100 000. En Estonie, ce taux monte à plus de 27 pour 100 000. Mais le vent tourne constate le rapport et surtout parmi les groupes les plus exposés. Par exemple, 256 nouveaux cas ont été signalés chez les personnes consommatrices de drogues en 2011 et 314 pour les sept premiers mois de l'année 2012. Auparavant, on comptait de 10 à 15 nouveaux cas par année. Le rapport estime que le système de santé est durement touché par les mesures d'austérité adoptées dans le pays, ce qui rend plus difficile encore l'accès aux soins pour les personnes les plus démunies. Le directeur de l’ECDC doit d’ailleurs rencontrer des membres du gouvernement grec sur cette question. Un programme de distribution de seringues gratuites et un meilleur système de dépistage sont suggérés.
Plus d’infos (en anglais) sur ECDC/WHO Press Release - Investing in HIV response essential to curb on-going HIV transmission in Europe.