"Le vrai plus, c’est l’aspect communautaire"

Publié par Costa le 21.03.2009
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test rapide
Deux mois après son lancement, une trentaine de personnes étaient déjà venues dans les locaux d'Aides-Montpellier bénéficier de la première expérience française de dépistage rapide non médical du VIH réalisé par des volontaires associatifs. Une initiative plébiscitée par les personnes accueillies. Retour sur ces premiers mois de Com’Test.
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Lancée le 18 novembre dernier en partenariat avec l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS), l’opération Com’Test entend répondre à différents objectifs : évaluer la pertinence d’un dépistage rapide non médicalisé dans la communauté homosexuelle, son impact sur les pratiques sexuelles à risques et sur la prévention, mais aussi vérifier que ce type d’offre répond à un réel besoin et qu’elle est réalisable par des volontaires associatifs.

Une expérience qui a rapidement rencontré son public et marqué ses premiers points, comme l’explique Patrick Pico d'Aides-Montpellier : “La communication grand public menée pour l’ouverture autour du 1er décembre nous a permis de toucher des homo et bisexuels masculins qui ne fréquentent pas forcément le milieu homosexuel, des trentenaires qu’on n’aurait sans doute pas touchés via une communication identitaire exclusivement axée sur les homosexuels.” Dès les deux premiers mois, une trentaine de personnes sont ainsi venues à l’une des deux permanences assurées chaque semaine, le jeudi de 17 à 20 heures et le samedi de 10 à 14 heures. “Un bon départ”, commente-t-il, comparé au taux de fréquentation d’autres « check points » du même type installés à l'étranger et qui étaient beaucoup plus « poussifs » au démarrage.

Premier contact avec le dépistage pour les uns, occasion d’y revenir pour d'autres, ou simple « entorse » à plusieurs années de dépistage classique, toutes les personnes accueillies sont dès leur arrivée informées des modalités de la recherche et – si elles acceptent d’y participer, ce qui a pour l’instant toujours été le cas – invitées à remplir un auto-questionnaire sur leurs pratiques sexuelles, leurs prises de risque, etc. Puis c’est le premier entretien, et la réalisation du test dont le résultat est rendu par écrit environ 30 minutes plus tard. “Un résultat qui dit seulement si le test est positif ou négatif, sans donner de statut sérologique”, insiste Patrick Pico en précisant que “s’il est positif, on propose un accompagnement pour le test de confirmation et un suivi si nécessaire, et s’il est négatif, on demande à la personne comment elle se sent et on essaye d’évaluer avec elle les possibilités de modifications éventuelles de comportement.” Un dernier cas dans lequel les personnes seront ensuite recontactées un mois plus tard pour un nouveau questionnaire concernant l’évolution de leurs pratiques. Si le besoin s’en fait sentir, les personnes accueillies peuvent également être orientées vers un centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) pour les hépatites ou d’autres IST.

Deux mois après son lancement, Com’Test avait déjà enregistré ses premiers résultats positifs, chez des personnes qui étaient déjà passées par le système classique de dépistage. “Mais pour toutes les personnes que nous avons accueillies, reprend Patrick Pico, le vrai plus, c’est l’aspect communautaire et non médicalisé. Il n’y a aucun frein à parler de leurs pratiques, aucun jugement comme c’est parfois le cas dans les CDAG”. Autre avantage : l’absence de rendez-vous. Car même si entre l’information, le recueil du consentement, l’auto-questionnaire, le premier entretien, le test et son résultat, il faut passer  2 heures en moyenne sur place, le facteur temps reste pour elles un réel bénéfice. “C’est toujours mieux que d’avoir à attendre 24 ou 48 heures, et pendant ce temps, on peut parler et échanger.”

Un premier bilan d’ores et déjà positif, pour les personnes accueillies comme pour les accueillants.
Prochaine étape : une deuxième campagne de communication « identitaire » dans la presse homosexuelle, avec distribution d’affiches et de flyers dans des lieux ciblés.

Encadré
Menée en partenariat avec l’ANRS, sous l’égide du Pr Yazdan Yazdanpanah, l’opération Com’Test se déroulera conjointement à Montpellier, Lille, Paris et Bordeaux. Lille devait ouvrir en février ou mars, Bordeaux en avril, Paris en juin. Objectif : dépister entre 600 et 800 personnes en un an sur l’ensemble de ces sites. Les premières tendances devraient être publiées à l’automne, rapport final prévu pour septembre 2010. Une autre enquête menée par l’Inserm aura, elle, pour objectif de comparer ces deux types de dépistage – rapide et « classique » – au sein des CDAG.

 Crédit photo : AIDES