Le zap, une recette à réinventer ?

Publié par olivier-seronet le 31.03.2010
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Casa 2010
Patrice Debré, ambassadeur de France, est resté impassible. Pas de bronca du côté de la salle, tout juste une respectueuse salve d’applaudissements. Juste à la fin d’une session sur la place des troisièmes lignes de traitement anti-VIH dans les pays du Sud, on ne rêve pas l’officiel s’est bien fait zapper par Act-Up. En ligne de mire : la participation de la France à la négociation de l’accord ACTA qui entérine des accords de libre-échange, susceptibles d’entraver la production de génériques. La militante d’Act-up l’explique très bien dans sa longue intervention.
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Place le sida au centre du jeu
Bien sûr l’affaire est scandaleuse et mérite d’être dénoncée avec ardeur. Mais la forme militante employée, le zap, ne surprend plus-grand monde alors que dans sa définition-même, elle recherche précisément le coup d’éclat. En quelques mots, réunir dans une salle un grand nombre de militants qui se lèvent d’un coup pour congestionner sur place une personnalité controversée (médecin, représentant de labo, officiel…) ou investir des symboles (siège de l’UMP, Notre-Dame) pour dénoncer la position d’institutions ou de personnalités. Mise en scène des corps, ces zaps, placés sous les projecteurs médiatiques, ont clairement permis la visibilité de la question du sida sur le champ politique dans les années 80-90 face à l’inertie des pouvoirs publics.  


Une vieille recette ?
Mais aujourd’hui, alors que cette place est durablement gagnée, le zap n’apparait-il pas comme une vieille recette que l’on utilise faute de mieux devant un auditoire acquis d’avance ? Déjà en 2009, l’opération sur le parvis de Notre-Dame de Paris dénonçant les positions de l’Eglise sur le préservatif avait été éclipsée par l’assaut musclé des fidèles « pro-papes » contre les activistes. Cela sonnait déjà l’heure de fin de règne, le gimmick incertain ; et encourage l’idée que les militants doivent constamment réinventer leurs pratiques militantes pour ne pas se transformer en fonctionnaires de la révolte.