L'égalité fait le plein !

Publié par Mathieu Brancourt le 18.12.2012
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Droit et socialmariage pour tous

Se montrer pour exister. Le rassemblement pour l'égalité, le 16 décembre à Paris, a comblé en genre et en nombre les attentes des militants LGBT. Dans les rangs des quelque 100 000 personnes présentes, l'envie de répondre aux homophobes, mais aussi de demander au gouvernement d'aller plus loin dans l'égalité.

Objectif atteint. Près de 100 000 personnes se sont rassemblées, ce dimanche 16 décembre à Paris, pour défendre le projet de loi de mariage et d'adoption pour les couples de même sexe. La marche pour l'égalité se voulait une réponse par le nombre à la "manif' pour tous", orchestrée par ses opposants, le 17 novembre dernier. Depuis la Bastille, une marée humaine chatoyante et bigarrée a déferlé jusqu'au Luxembourg. Une mosaïque joyeuse, où se côtoyaient une jeunesse aussi "Gay OK" que leurs tee-shirts (offerts pour l’occasion par une grande marque américaine pour soutenir la cause, ndlr), comme, plus étonnant, de nombreux "invisibles" qui n'avaient probablement pas manifesté depuis longtemps. Homos, hétéros, cathos, gauchos : tous unis pour dire "oui, oui, oui" à l'égalité des droits. C'est bien la (bonne) surprise du dimanche : personne ne semblait s'imaginer si nombreux, rassemblant ainsi ceux qui ne font d'habitude que se croiser sur le pavé. La cerise sur le gâteau (de mariage) d'un grand week-end de mobilisation, partout en France (Lyon, Nantes, Montpellier, Rennes, Marseille).

Un bouquet de diversité !

Aux avant-postes, les politiques ont sorti leur plus belle écharpe et se cramponnent à leur banderole. Toute la famille gauche est là. On se met à rêver, on cherche la mèche du courageux Franck Riester, seul député (UMP) ouvertement homosexuel et on trouve... David-Xavier Weiss ! Il fut un temps le proche collaborateur du sénateur Roger Karouchi et son ami. Mais quand même, ce sont les personnalités associatives qui devancent sur le macadam les huiles politiques. Le rappel que la société civile a toujours eu un temps d'avance sur la question. Parmi la foule, d'aucuns ne manquent de crier leur fierté de n'être que ce qu'ils sont, de revendiquer les droits tant attendus. Pour son fils, son père, ses amis ou soi-même. Même Dave et Philippe Jaroussky sont présents et veulent pousser la mélodie du bonheur. Car oui, les LGBT en ont assez. Le débat sur l'engagement 31 de François Hollande a réveillé et révélé une homophobie ordinaire que beaucoup pensaient révolue. Le temps du PaCS que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Depuis plusieurs mois, les propos homophobes et amalgames douteux (re)fleurissent dans la classe politique et religieuse. Au lieu d'en pleurer, les défenseurs du mariage pour tous se moquent gentiment des "trous du culte" qui rient au nez des revendications d'égalité : "l'UMP n'a t-il pas deux papas ?", clament deux jolies mariées, fraichement vêtues de robes bustier.

Les organisations homosexuelles ont choisi la meilleure défense : l'attaque ! Rivée à son micro, une militante le promet : "Civitas serre les fesses, on arrive à toute vitesse !". Elle enchaîne avec un concours d'orgasme (du genre : oui, ouiiiiii, ouuuuuiiiiiiii…), tour de chauffe avant la jouissance finale, prévue pour le printemps 2013. Ainsi armés de pancartes et de slogans savoureux à lire et à attendre, tous défilent aujourd'hui pour marquer les esprits. Petit florilège : "Deux papas pédés, plus d'enfants mal habillés", "Mieux vaut une paire de mères qu'un père de merde", "Bonne maman, tout simplement", "Folles mais pas Frigides", en référence à Frigide Barjot, tête d'affiche des anti-mariage, ou encore "Mieux vaut un mariage gay qu'un mariage triste". Et les sourires sont déjà là ! Bref, une compilation des meilleurs traits d'esprits flotte au-dessus des têtes. Le parfum d'une société solidaire et soucieuse de défendre les droits d'une minorité embaume l'endroit.

Le choix de la (stricte) égalité !

Sur le bas côté, on reste hypnotisé par l'unité dans la diversité : ces femmes, hommes et enfants, riches de leur différence contre l'intolérance de leurs détracteurs. En se montrant, elles et ils prennent la parole pour exprimer une "folle" envie de reconnaissance ! Une mobilisation faisant bloc face à une homophobie qui ne se tait plus, mais aussi pour "durcir la gauche molle". L'immense majorité des personnes présentes réclame ce que la loi n'inclut pas : la procréation médicalement assistée ou PMA. Une promesse, initialement inscrite dans le programme de François Hollande, mais écartée lors de la rédaction du projet de loi final. Dès lors, le cortège ne lâche rien : "Gouine comme une famille, pas de stricte égalité des droits sans la PMA". Comme un symbole, le PS est, en fin de cortège, au sens de la marche comme au figuré de la question. Celle-ci sera discutée en fin janvier prochain. Avant, les fêtes de fin d'année. L'occasion de célébrer Jésus et ses deux papas ou ses deux "mères noël". Ces fameuses histoires de "famille" qui nous ont tous bercées.