Legs : ils s’engagent avec AIDES

Publié par Rédacteur-seronet le 26.02.2017
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Femmes, hommes, aux parcours différents, vivant ou non avec le VIH, elles et ils sont de plus en plus nombreux à s’engager à soutenir les associations via le legs et/ou l’assurance-vie. Comme d’autres structures, AIDES développe ce secteur qui lui permet de financer ses projets et actions. Grégory, Jean-Claude et Patrick témoignent de leur engagement et expliquent pourquoi ils ont choisi de prévoir un legs et/ou une assurance-vie au profit de AIDES.

Comme volontaire, tu t’investis déjà dans les actions de AIDES (prévention, soutien…). Pour quelles raisons as-tu souhaité aller encore plus loin dans ton engagement en choisissant l’association comme légataire dans ton testament ?

Grégory : La raison pour laquelle j'ai choisi AIDES en tant que légataire universelle dans mon testament est pour moi une évidence. C’est une forme de suite indestructible de mon engagement après mon décès, comme un prolongement de mon action actuelle en faveur de AIDES en tant que volontaire depuis 2014.

La grande violence de l’épidémie de VIH en France à ses débuts, la dureté pour de nombreuses personnes de vivre avec le VIH aujourd’hui encore peuvent constituer des obstacles à une bonne acceptation d’une campagne fondée sur l’héritage, donc associée à la mort. Est-ce que ce contexte particulier t’a posé problème à un moment avant de prendre cette décision ou pas du tout ? Et comprends-tu que cela puisse être un problème pour d’autres personnes ?

Ce contexte, certes particulier et pas joyeux, ne me pose pas de problème personnellement, la mort faisant partie de la vie de chacun et chacune tout simplement. Sur une vision plus globale, je peux comprendre qu'une communication sur "l'après vie" pour des personnes vivant avec le VIH soit perçue différemment, tout particulièrement lorsqu’on a connu les années noires. Toutefois, je pense que des personnes vivant avec le VIH ou leurs proches ou tout simplement des personnes sensibilisées sur la cause pourraient être touchées par une communication à la fois percutante et subtile sur les legs et assurances-vie.

Aujourd’hui, la plupart des grandes associations développent leurs activités sur les legs et assurances-vie. De plus en plus de campagnes sont lancées, mettant en concurrence les causes. Comment l’expliques-tu ?

En effet, les grandes associations développent de plus en plus de communication sur ce sujet, afin que leurs fonds privés subsistent. Cela me paraît être une évidence pour la survie de ces grandes associations qui combattent dans différents domaines.

Avant de prendre ta décision concernant le legs, as-tu discuté de cette question avec des proches ? Si oui, comment ont-ils réagi ? Auprès de qui as-tu pris conseil ?

Concernant mon projet de legs, je n'en ai pas parlé avec ma famille, car je considère ce sujet comme très personnel. C’est une décision qui ne revient qu'à moi-même. C’était aussi un moyen d’éviter toute éventuelle opposition si je leur en avais parlé. J’en ai discuté avec une amie qui m'avait parlé de son projet personnel de legs pour une association dans laquelle elle était investie. A propos des conseils juridiques, je les ai pris auprès de trois notaires différents sur quatre années consécutives. Ce projet de léguer pour une bonne cause me tenait à cœur depuis longtemps et il a été très réfléchi.

Jean-Claude : Mes liens avec AIDES sont anciens et ils se sont renforcés ces dernières années. Plusieurs de mes amis sont décédés du sida dont certains m’étaient très proches. Pendant de nombreuses années, j’ai vu des militants de l’association qui menaient des actions de prévention sur des plages ou dans certains commerces gay. J’avais envie de les rejoindre, mais je manquais alors de temps. En juin 2010, j’ai appris ma séropositivité. Par la suite, j’ai rencontré régulièrement des volontaires, j’ai commencé à participer à des actions de soutien et de réduction des risques puis j'ai suivi la formation dispensée par AIDES pour devenir volontaire de cette association. Etant sans enfant et possédant un appartement à Bordeaux, j’ai décidé de rédiger un testament dans lequel j’ai désigné AIDES comme légataire universelle. J'ai également indiqué mes principaux souhaits concernant l’organisation de mes obsèques afin que l’association puisse s’en charger. Il m’a semblé utile de remettre ce testament à un notaire en lui demandant de l’enregistrer afin d’être certain que mes volontés soient respectées et que AIDES puisse bénéficier de mes biens. De cette manière, je continuerai à contribuer à la lutte contre le sida et les hépatites, lutte qui occupe une grande place dans ma vie.

Patrick : Cela fait une douzaine d’années que je vis seul. Auparavant, j’ai vécu de très belles années en couple, avant que mon ami ne disparaisse. A ce moment là, je me suis posé pas mal de questions sur mon avenir, notamment sur les problèmes que je pourrai rencontrer liés à la vieillesse et sur l’organisation de mes obsèques. J’ai alors entrepris des démarches pour souscrire un contrat obsèques.

Dans le même temps, comme je cessais mon activité professionnelle pour entamer ma retraite, j’ai pris des contacts avec des associations. J’avais besoin de me rendre utile et, en plus, je cherchais un moyen pour que les biens que je laisserais à mon décès soient également utiles aux autres, plutôt que de les laisser partir en fumée.

J’ai frappé à la porte de plusieurs associations et l’accueil qui m’a été réservé par deux d’entre elles m’a déplu. L’une d’elles a eu des propos qui m’ont paru homophobes et l’autre m’a indiqué avoir besoin de fonds pour financer des actions qui ne m’ont pas semblé d’une grande nécessité.

La personne qui m’a reçu chez AIDES s’est, en revanche, montrée très disponible avec moi et j’ai beaucoup apprécié nos échanges. J’ai eu le sentiment d’être accepté tel que j’étais, sans jugement et c’est à mon avis l’une des forces de cette association. A une époque de ma vie, un de mes compagnons m’avait annoncé, après des mois de vie commune, qu’il était séropositif et cette annonce m’avait énormément secoué, même si par la suite, j’avais pu apprendre que je n’étais pour ma part pas contaminé. Le sida est un fléau que j’ai vraiment à cœur de combattre. J’ai décidé de léguer mes biens à AIDES et de désigner l’association comme bénéficiaire de mes contrats d’assurance-vie. Sur les conseils de mon notaire, j’ai accepté de faire enregistrer mon testament pour être sûr que celui-ci sera exécuté. Depuis des années maintenant, j’entretiens de très bonnes relations avec l’équipe locale de AIDES ainsi qu’avec Frédérique qui est en charge des legs. Je suis content de savoir que je participerai à tout ce que AIDES met en œuvre pour que le sida disparaisse.