L’épidémie de VIH ne pourra pas être enrayée en Afrique sans impliquer les usagers de drogues

Publié par jfl-seronet le 28.12.2013
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Produitsréduction des risquesusagers de drogue

A l’occasion du 1er décembre, Médecins du Monde a appelé à généraliser la mise en place des approches de réduction des risques (RdR) sur le continent africain auprès des populations à risques, en particulier les usagers de drogues, grands oubliés de la lutte contre le sida. En effet, les nouvelles transmissions ne cessent d’augmenter parmi les usagers de drogue, alors que dans le reste de la population elles diminuent.

Selon l’ONUSIDA, dans les pays à faible et moyen revenu en 2012, 20 % de personnes supplémentaires ont pu accéder à des traitements antirétroviraux par rapport à 2011, atteignant un taux de couverture de 61 %, rappelle Médecins du Monde (MdM). "Ces progrès restent très inégalement répartis, en particulier lorsqu’il s’agit des usagers de drogues – des personnes en situation de vulnérabilité, souvent stigmatisées et laissées pour compte des politiques publiques. En Afrique, ces écarts sont encore plus dramatiques, au risque de contrebalancer les efforts réalisés depuis une douzaine d’années. Actuellement, on estime à moins de 4 % le nombre d’usagers de drogues séropositifs ayant accès aux thérapies antivirales", explique MdM. "Seuls quelques rares pays ont mis en place des programmes d’échanges de seringues et de traitement de substitution, comme l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice et la Tanzanie en Afrique subsaharienne. En Tanzanie, quand l’épidémie touche 5,1 % de la population globale, le VIH/sida chez les femmes consommatrices de drogues par voie injectable atteint le chiffre alarmant de 67 %", détaille l’ONG.

Dans ce pays, Médecins du Monde a mis en place un programme dont "l’objectif est de réduire le risque de transmission du VIH, des hépatites B et C et d’apporter des réponses adaptées aux usagers des drogues, dont le taux de prévalence est sept fois plus élevé que celui de la population générale", explique Sandrine Pont, coordinatrice MdM du programme. Depuis 2010, le centre accueille plus de 80 personnes par jour : échange de seringues, services de premiers soins et d’hygiène, dépistage du VIH et des hépatites, soutien psychosocial, explique l’association qui soutient aussi la "création de groupes d’auto-support pour démarrer, entre autres, des activités génératrices de revenus et de sensibilisation de leurs pairs..."

"Ces deux dernières années, 5 518 usagers de drogues par injection ont été pris en charge, et  600 000 seringues distribuées (25 000 par mois)", indique l’association. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Médecins du Monde a demandé à l’ONUSIDA "un engagement fort à soutenir les Etats africains pour qu’ils décriminalisent l’usage de drogue et mettent en place à grande échelle des services de Réduction des Risques qui ont fait leurs preuves pour lutter efficacement contre le VIH. L’épidémie de VIH ne pourra être enrayée sans impliquer les usagers de drogues".