Les chiffres du sida : dernière salve pour 2014

Publié par Mathieu Brancourt le 02.12.2014
9 382 lectures
Notez l'article : 
4.666665
 
0
Chiffres1er décembre 2014épidémiologie

Comme chaque année, l’Institut de veille sanitaire a publié les dernières données épidémiologique sur le VIH en France. Les chiffres de 2013 indiquent notamment que l’épidémie reste active chez les populations dites vulnérables, avec de nouvelles tendances, malgré l’efficacité ciblée du dépistage rapide (TROD).

C’est le rituel annuel : quelques jours avant la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre, les chercheurs de l’institut de veille sanitaire (qui fusionnera avec l’INPES et l’EPRUS courant 2015) livrent leurs dernières analyses statistiques de l’épidémie. Une après-midi studieuse assénée de chiffres dont il faut bien se garder d’en tirer de conclusions hâtives.

Les dépistages : nerfs de la guerre

Avec 5,2 millions de tests VIH réalisés en 2013, peu importe leur type, la pratique du dépistage reste stable depuis trois ans. L’écrasante majorité se fait en laboratoire de ville, mais à noter que les TROD (tests rapides à orientation diagnostique) continuent de se déployer, avec 56 000 tests réalisés en 2013. Le nombre de sérologies positives a augmenté depuis 2011 (+ 7 %). On a beaucoup glosé sur cette hausse, mais cela peut s’expliquer par l’arrivée du dépistage communautaire la même année ou par le test de personnes déjà diagnostiquées séropositives. Sans compter que le taux de découvertes de séropositivité est bien plus élevé via les tests rapides qu’avec les dépistages classiques, même si les TROD dont les résultats sont positifs ne représentent actuellement que 4 % des tests positifs. Au final, il y a eu 6 220 découvertes de séropositivité en 2013. Ce chiffre ne comptabilise que les infections détectées l’année dernière et François Bourdillon, directeur de l’InVS, avance 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations (incidence) sur la même période. Cet écart se calcule grâce à d’autres variables et s’explique par le fait que toutes les personnes nouvellement contaminées ne se sont pas (encore) dépistées.

Les découvertes au stade sida sont en baisse (11 %), et celles liées à une orientation vers le dépistage du VIH en forte hausse. Signe que cet axe de la prévention porte ses fruits, même si la pratique du dépistage demeure insuffisante chez les homosexuels. Une présentation des résultats de l’enquête Presse Gays et lesbiennes (2011) montre que seulement 50 % des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) suivent la recommandation d’au moins un dépistage par an. Et près de 14 % des interrogés indiquent n’avoir jamais eu recours à cet outil.

HSH et migrants loin devant

Cette année encore, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) représentent 43 % des nouvelles découvertes, les personnes nées à l’étranger, hommes et femmes confondus, 38 %. Des chiffres comparables à l’année dernière, mais qui montrent que ces groupes demeurent les plus touchés. Chez les migrants, 98 % des femmes se contaminent par voie hétérosexuelle, tandis que 31 % des hommes migrants deviennent séropositifs à la suite de rapports homosexuels. Grâce à une nouvelle variable (renseignée par seulement 30 % des personnes), on apprend que 54 % de ces découvertes de statut positif ont lieu l’année d’arrivée sur le territoire français. Le lieu de contamination reste la France à 66 % (91 % pour les HSH), mais seulement 22 % des hétérosexuels nés en Afrique. Les diagnostics tardifs (25 %) diminuent, notamment chez les hétéros et les diagnostics précoces (39 %) augmentent, notamment chez les gays.

Les seniors et les jeunes gays sur la mauvaise pente

Stéphane Le Vu (épidémiologiste à l’InVS), à défaut de chiffres, a pu donner des tendances préliminaires quant à l’incidence du VIH selon les groupes depuis 2003. Jusqu’en 2008, il constate une baisse des nouvelles infections, sauf chez les HSH et les usagers de drogues injectables. L’incidence globale a fléchi jusqu’en 2012, où l’épidémiologiste a décelé de nouvelles dynamiques. Les HSH représentent plus de la moitié des nouveaux cas, puis viennent environ 25 % d’hommes hétéros majoritairement nés en France et 25 % de femmes hétéros, majoritairement nées à l’étranger (personnes consommatrices de drogues à moins de 1 %). Par catégories d’âge, la majorité des HSH avaient entre 30 et 39 ans, mais on constate une hausse chez les 50 ans et plus, mais surtout chez les jeunes de 15 à 29 ans. Chez les hommes hétéros, c’est aussi chez les seniors que l’on perçoit une hausse significative, alors que cela baisse chez les femmes, tous âges confondus. Ce qui fait dire à Stéphane Le Vu qu’il y aurait une hausse des rapports sans préservatif, concomitante avec une transmission toujours forte des autres IST chez les gays. Dans le même temps, la relative stabilisation du nombre d’infections ces dernières années met en exergue l’effet préventif des traitements ARV sur les contaminations.

Ces données contrastées indiquent que malgré l’arrivée récente d’outil comme le TROD, il faut désormais pouvoir en disposer d’autres. L’autorisation officielle des autotests, puis d’une PrEP financièrement accessible à destination des groupes les plus touchés permettrait à termes d’avoir un impact sur ces courbes. Avec nos armes actuelles, la bataille est loin d’être gagnée.

Commentaires

Portrait de Radko 1963

Perso je n'y suis pas favorable, car la fiabilité de ces soit disant auto-tests reste à démontrer !

De plus dans le tout début de l'épidémie (dite) de "Sida" il ne faut jamais oublier que les premières causes de décès causées par le HIV était le suicide suite à l'annonce de la séropositivité aux patients, à l'époque les résultats arrivaient le plus souvent par courrier dans les boites aux lettres des intéressés !!!

Imaginons une personne fragile qui fait l'auto-tests seule à son Domicile, la c'est pas un simple test lamnda, c'est le HIV maladie qui bénéficie encore et toujours d'une réputation Négative sans vouloir faire de vilains jeux de mots...

Il faut dire qu'a l'époque (1983) les médias avaient fait PEUR avec cette nouvelle maladie que personne scientifiques compris ne connaissait, mais que tous les journalistes en parlaient comme des spécialistes de la Peste...

Dans l'esprit des gens et même à ce jour en 2014 , le curseur de dangerosité n'a pas évolué concernant le HIV et les portes paroles bien pensants (séros-Négatifs) qui disent "on peut vivre avec le Virus il y à des traitements" ben moi qui en prend un, ben qu'ils les prennent eux même et il verront que ça n'a rien d'anodin au quotidien sans parler bien sur de la "cage" Psychologique dans laquelle bon nombre de séropos se trouvent...

Car s'il est indéniable que concernant les traitements de nombreux progrès sont à remarquer, concernant les dégats "dits" collatéraux la il n'y à absolument aucune avancée, cette pathologogie reste et restera pour longtemps encore comme une maladie sale et honteuse, alors que tous les seropos sont avant tout des victimes au même titre que des personnes atteintes de cancers, mais pour changer les mentalités après les dégats médiatiques de l'époque la ça va pas être chose simple !!!