Les gays très touchés par une épidémie qui ne recule toujours pas

Publié par Mathieu Brancourt le 01.12.2016
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Chiffresprévalence VIHépidémiologie VIH

Chaque année, la litanie des chiffres avant le 1er décembre. En matière de VIH/sida, 2016 ressemble bien fort à 2015, avec des constats inchangés mais toujours inquiétants. La surveillance épidémiologique de Santé publique France montre qu’aujourd’hui, la dynamique du VIH en France métropolitaine et ultramarine reste inchangée, et que la mobilisation pour impacter concrètement l’épidémie de VIH doit se poursuivre.

5 925 découvertes de séropositivité

Ce chiffre, livré le 28 novembre par les experts de Santé publique France, est en très légère baisse par rapport à l’année dernière, passant sous les 6 000 découvertes de séropositivité en 2015. Mais ce dernier n’est pas encore définitif et la tendance reste à la stagnation depuis 2010. Ces découvertes se concentrent encore très majoritairement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), à hauteur de 43 %. Un chiffre, très élevé, qui se maintient depuis trois ans. Pire, la tendance pour les HSH nés à l’étranger est à la hausse. Et on note une augmentation des contaminations chez hommes gays ou bisexuels de plus de 50 ans. Bref, des données qui parlent d’elles-mêmes pour battre la campagne après les polémiques homophobes autour des affiches de prévention spécifique pour les hommes gays.

Nouvelles régions

Grâce aux 5,4 millions de sérologies VIH (tout type de test confondu) faites sur le territoire national, on peut également cartographier les zones qui concentrent la plus grande partie des nouveaux diagnostics. Sans surprise, l’Ile-de-France reste en tête, avec 42 % des cas. Sur la période 2003-2015, leur nombre a régulièrement baissé. Et depuis 2010, les cas hors Ile-de-France sont majoritaires. Ceux de l’outre-mer sont stables depuis dix ans, autour de 500 nouvelles découvertes par an. En 2015, la moyenne nationale est 89 découvertes de séropositivité par million d’habitants. Mais lorsqu’on analyse en proportion du nombre d’habitants, les départements d’outre-mer et notamment d’Amérique (Guyane, Guadeloupe, Martinique), affiche des taux jusqu’à dix fois supérieurs à la métropole. Même si la Provence-Alpes-Côte-d’Azur et le Centre sont, avec le bassin parisien, les trois "pôles" des nouvelles découvertes de VIH. Et réforme territoriale oblige, le découpage des régions va affecter ces taux, lissant quelque peu les disparités pour la métropole, d’après les analystes.

Dépistage encore insuffisant et encore trop tardif

Le nombre de diagnostics précoces (à +de 500 CD4) du VIH augmente encore un peu, à 39 %. Un préalable essentiel, mais encore insuffisant pour faire tendre à la baisse les contaminations. Dans le même temps, le nombre de découvertes dites tardives (à moins de 200 CD4 ou au stade sida) restent encore trop nombreuses. Depuis 2010, il fluctue autour des 30 %. Il atteint même 40 % pour les hommes hétérosexuels. 1 600 personnes ont découvert en 2015 leur séropositivité au stade sida, quand on sait que ce retard de prise en charge à un coût pour la santé de la personne, comme sur les nouvelles infections au VIH. Plus de 25 000 personnes ignorent qu’elles vivent avec le VIH et on sait que deux tiers (voire plus de 80 % chez les HSH) des personnes se contaminent avec un partenaire qui ne connait pas son statut sérologique.

Les IST en hausse surtout en province

L’autre inquiétude qui persiste concerne les infections sexuellement transmissibles, toutes populations confondues. 10 % de hausse pour les chlamydiae, 46 % pour les LGV rectales et 96 % pour les rectites à chlamydia. Et c’est encore chez les homosexuels que les hausses sont les plus fortes. 100 % d’augmentation pour les infections à gonocoques et de 56 % pour la syphilis chez les HSH entre 2013 et 2015. 86 % des nouveaux cas de syphilis touchent exclusivement des HSH, encore plus chez les moins de 25 ans. Aussi, le taux de co-infection avec le VIH à la découverte d’une syphilis (25 %) et des gonocoques (17 %) reste assez élevé. Preuve de l’importance de renforcer les recommandations pour ce groupe au dépistage très régulier de toutes les IST. C’est surtout hors Ile-de-France que la flambée apparait la plus forte. Dans ces régions l’augmentation de toutes ces IST est importantes, peu importe l’orientation sexuelle, et même si les cas hétéros restent faibles. Cette envolée des IST est antérieure aux années 2000, bien avant l'arrivée de la PrEP ou le constat d'une utilisation moins systématique du préservatif. Mais comme pour le VIH, un dépistage plus précoce et fréquent de ces IST est nécessaire pour en freiner la propagation.

Commentaires

Portrait de bernardescudier

LES GAYS TOUCHES PAR LE VIH EMPLOIENT ILS ENCORE DES CAPOTES ?

Au regard de l'échec de la prévention, les outils de la prévention ( Prep, capotes ... ) sont ils évalués avec équilibre ? ll me semble que l'emploi du préservatif a presque disparu dans les saunas, les lieux de drague, ... Comme si les discours sur le controle du Vih ( présenté désormais comme une maladie chronique grace aux trithérapies ) répétés et répétés avaient totalement détruit la nécessité de l'emploi de la capote. Pourtant dans l'acte réel, sexuel, le préservatil est l'ultime rempart au Vih, à la dernière minute, sous la conscience de ses actes dans la recherche du plaisir. 

Ce qui est inquiétant ce sont les discours communautaristes, de certaines associations familiales en particulier, réunis en comité parfois dans toutes les couches de la société,  qui distinguent l'acte sexuel qui vise à la fondation d'une famille, de l'acte sexuel homosexuel qui ne viserait pas à la fondation d'une famille.

Ces discours communautaristes, chrétiens ou autres, pointent le manque de responsabilité des Gays ( dont les contaminations ne cessent d'augmenter comme celles des migrants )  et discriminent de plus en plus sous un badinage apparent.