Les infos clefs des conférences sur la co-infection

Publié par Rédacteur-seronet le 27.12.2014
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Thérapeutiqueco-infection

La conférence de Melbourne, en juillet dernier, a présenté, outre des études en sciences sociales, des résultats d’études cliniques. D’autres conférences plus récentes ont aussi apporté leur lot de nouvelles. Voici une sélection concernant la co-infection VIH/VHC.

La co-infection VIH/VHC en "3D"

Le traitement "3D" du laboratoire Abbviepour le VHC comporte de l’ABT-450/r, une anti-protéase de 2ème génération boostée par le ritonavir, coformulée avec l’ombitasvir (inhibiteur NS5A) en uncomprimé/jour, et le dasabuvir (inhibiteurNS5B) qui, lui, est pris en deux fois par jour. Les trois molécules ont chacune une cible différente sur le virus. Dans l'étude TURQUOISE-I, les trois antiviraux directs et la ribavirine ont été pris pendant 3 ou 6 mois par des personnes co-infectées VIH-VHC degénotype 1. Avant l'essai, des études sur les interactions médicamenteuses chez des volontaires sains ont montré que les médicaments "3D" n’ont pas d’interactions avec le Truvada, le Reyatazet l’Isentress. Le ritonavir qui booste l’ABT-450 agit également pour booster le Reyataz. L’étude a inclus 63 personnes co-infectées (90 % étaient des hommes),dont une majorité de personnes naïves (67 %, non traitées avant) et des personnes en échec (rechuteurs, répondeurs partiels et nuls répondeurs). Environ 90 % avaient le sous-type 1a du VHC, environ 25 % avaient la variante du gène IL28B CC favorable, et 20 % avaient une cirrhose. Tous avaient une charge virale VIH indétectable et prenaient Truvada et Reyataz ou Isentress. La moitié a pris le schéma "3D" et la ribavirine pendant 12 semaines et l’autre moitié pendant 24 semaines. Le groupe prenant le traitement sur 3 mois a montré un taux de réponse virologique soutenue 3 mois après la fin du traitement (RVS à 3 mois ou guérison virologique) de 94 %. Les deux tiers dans le groupe prenant le traitement sur 6 mois avaient atteint les trois mois post traitement, et le taux de RVS chez eux était de 95 %. Deux participants ont connu un échec virologique. Ils cumulaient les facteurs les moins favorables (répondeurs nuls à un précédent traitement, atteints de cirrhose, sous-type 1a du VHC, etc.). Le schéma "3D" et la ribavirine ont été assez bien tolérés, il n’y a pas eu d’effets indésirables graves, ni d’abandon de traitement. Les effets indésirables les plus fréquents étaient la fatigue, l’insomnie, un peu d’anémie (due à la ribavirine), les nausées et les maux de tête (céphalées). Le schéma "3D" associé à la ribavirine a été efficace et bien toléré. Ces résultats sont comparables à ceux dans la mono infection avec la même combinaison. Les experts pensent que les personnes avec le sous type 1b n'ont probablement pas besoin de rajouter la ribavirine avec le schéma "3D" et que trois mois de traitement suffiront à la majorité des personnes.

Sovaldi + ribavirine peinent dans la co-infection

Le schéma sans interféron de sofosbuvir (Sovaldi) et ribavirine pendant 6 mois a fait l’objet d’une étude (Photon 2) chez des personnes co-infectées VIH-VHC de génotypes 1, 2, 3 ou 4. Les résultats diffèrent selon les génotypes, le sous-type du génotype 1 et la présence ou non de cirrhose. Cet essai a inclus 274 personnes co-infectées en Europe et en Australie.

La plupart (81 %) étaient des hommes, l'âge moyen était de 47 ans, avec 41 % de génotype 1 (dont une majorité de sous-type 1a, le "coriace"), 39 % de génotype 3, 11 % de génotype 2 et 9 % de génotype 2. La plupart des participants (80 %) de l’essai étaient des naïfs (non traités auparavant), 20 % avaient une cirrhose et la moitié avait la variante du gène IL28B favorable (CC). Presque tous les participants étaient sous traitement antirétroviral VIH efficace (Truvada +Sustiva ou Isentress ou Prezista ou Reyataz). Le sofosbuvir n’a pas d’interactions avec ces antirétroviraux. Tous les participants ont reçu le sofosbuvir (400 mg une fois par jour) et la ribavirine (en fonction du poids de 1000 à 1200 mg/jour). Un petit nombre de participants de génotype 2 et naïfs (19 personnes) ont été traités pendant 3 mois, mais tous les autres ont été traités pendant 6 mois. Les taux de réponse virologique soutenue (RVS à 3 mois) 3 mois après la fin du traitement étaient de 85 % pour les personnes de génotype 1, de 88 % pour le génotype 4. En revanche, parmi les participants de génotype 1, les taux de réponse étaient plus élevés pour ceux qui n’avaient pas de cirrhose (87 % de sous-type 1a et 100 % pour le sous-type 1b) par rapport à ceux atteints de cirrhose (62 % pour le 1a et 75 % pour le 1b). La présence d'une cirrhose a un impact significatif sur la réussite de ce schéma.

Les taux de guérison étaient plus faibles pour les patients de génotype 1a et porteurs d’une cirrhose. Pour les autres génotypes, la cirrhose avait un peu moins d'impact. Les effets indésirables les plus fréquents chez les personnes traitées pendant 24 semaines étaient la fatigue (20 %), l’insomnie (17 %), les céphalées (16 %), les nausées (15 %) et la diarrhée (11 %), des élévations de bilirubine chez ceux prenant du Reyataz et de l’anémie chez 10 % des participants. Il y a eu trois arrêts de traitement en raison d'événements indésirables.

Conclusion : ce schéma sofosbuvir + ribavirine peut être une bonne option pour les personnes co-infectées avec le génotype 2 ou 3, sans cirrhose, sans échec préalable pour les génotypes 3, et d’une durée de 6 mois pour les génotypes 3 (comme déjà montré par l’essai Photon-1 présenté à la CROI 2014). Pour les autres génotypes et en présence d’une cirrhose, il parait nécessaire d’associer un autre antiviral direct au sofosbuvir (siméprevir, daclatasvir selon le génotype et si échec antérieur) ou une autre combinaison (Abbvie, etc.).