Les médicaments anti-VIH, peuvent-ils prévenir les nouvelles infections ?

Trois grandes orientations sont poursuivies, la première consiste à administrer des médicaments anti-VIH aux personnes séronégatives exposées au risque d'infection. La deuxième consiste elle à mesurer le risque d'infecter par le VIH un partenaire séronégatif lorsque l'on prend un traitement anti-VIH efficace depuis plusieurs mois, enfin  la dernière stratégie évalue des gels à base d'anti-VIH à utiliser lors de rapports sexuels.

Des ARV pour les séroneg !
Plusieurs essais à travers le monde sont en cours, ils évaluent l'intérêt de Viread ou de Truvada*  en prise quotidienne chez des volontaires séronégatifs particulièrement exposés au risque d'infection par le VIH. Nous n'avons pas les résultats de ces essais, il faudra attendre 2010 (la prochaine CROI ou la prochaine conférence internationale qui se tiendra à Vienne). Cette stratégie est appelée la PrEP (acronyme de l'anglais pour Pre Exposure Prophylaxy, la prophylaxie pré exposition). Si cette stratégie est efficace, il s'agira d'étendre l'accès au traitement à un nombre très important de personnes - en particulier dans les pays ou régions où la prévalence du VIH/sida est élevée. Ainsi, plusieurs groupes explorent donc plusieurs nouvelles stratégies qu'ils ont choisi de nommer l'IPreP (le I pour Intermittent). Plusieurs modes d'administration ont été évaluées chez le singe. Il s'agissait d'administrer une dose de Truvada au singe avant et après l'inoculation du virus (à différents intervalles) ou bien deux doses à 24h d'intervalle après une inoculation. Toutes les stratégies semblent offrir un certain niveau de protection. La stratégie « 3 jours avant, 2 heures après » semble protéger un nombre plus important de singe, par contre la stratégie « 2 heures après et 22 heures après » ne protège qu'un nombre limité de singe. Ces informations sont importantes, elles offrent une potentielle nouvelle option à une prise quotidienne de Truvada si jamais la stratégie PrEP se révélait efficace en stratégie de prévention.

Indétectable et  en traitement
On sait depuis de nombreuses années, et ce en particulier grâce aux différentes études menées en Afrique auprès de couples sérodifférents que le risque de transmettre le virus à son partenaire lors de rapports sexuels non protégés est corrélé (en rapport avec) à la quantité de virus dans le sang du partenaire infecté par le VIH. De même, de nombreuses études ont déjà montré que la charge virale dans le sperme est globalement proportionnelle à la charge virale dans le sang. Comme l'a montré le docteur Marcelin de l'hôpital Salpêtrière, les prélèvements sang/sperme des hommes infectés par le VIH qui ont consulté le centre AMP (assistance médicale à la procréation) entre 2002 et 2008 montrent bien qu'environ 5% des échantillons de sperme contiennent du VIH en quantité suffisante pour être détecté alors que les échantillons de sang étaient indétectables. Cela veut simplement dire que lorsque l'on est indétectable dans le sang, la probabilité d'être indétectable dans le sperme n'est  pas de 100% mais s'en approche. A cette information, il faut ajouter que l'on ne connaît pas la quantité de virus nécessaire dans le sperme pour que l'infection par le VIH se produise.

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Interview d'Anne-Geneviève MARCELIN, virologiste à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris

Mais retournons en Afrique, les groupes qui suivent plusieurs cohortes de couples sérodifférents ont comparé les couples avec ou sans traitement pour le (ou la séropo). Le principal résultat montre qu'effectivement le risque de transmettre le virus est bien plus faible avec le traitement mais qu'il n'est pas nul. Des transmissions ont eu lieu.
Ces séries de présentation ont conforté les participants dans l'idée que les fameuses recommandations suisses pourraient être revues et modifiées. A suivre donc...

Du gel à base de Truvada ou de Viread
Deux bonnes nouvelles concernant la mise au point d'un gel pour se protéger de l'infection par le VIH lors des rapports sexuels (les fameux « microbicides »). Un microbicide à base de Viread ou de Truvada a été testé chez le singe. Les deux préparations ont protégé les animaux et empêché l'infection par le virus. Deux autres microbicides ont été évalués lors d'un essai en Afrique. Le BufferGel et le gel PRO 2000 sont deux produits sont bien tolérés par les femmes qui les ont utilisés. Ils ne sont pas composés à proprement parler de médicaments anti-VIH déjà commercialisés comme Truvada ou Viread mais de substances chimiques qui interagissent avec le VIH. Le BufferGel ne semble pas protéger du risque d'infection par le VIH. Par contre le gel PRO 2000 pourrait apporter un certain degré de protection mais des études supplémentaires restent nécessaires pour valider ce microbicide.

*Truvada est une association de deux médicaments anti-VIH : Tenofovir et Emtricitabine

Illustration : andrea_j