Les violences sexuelles concernent une femme sur trois

Publié par jfl-seronet le 24.07.2013
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Mondeviolence sexuelle

Une femme sur trois dans le monde est victime de la violence de son partenaire et de la violence sexuelle exercée par d'autres, affirme un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur la base d'estimations à partir de données sur la population. Ce rapport a été rendu public (20 juin). Il met l’accent sur l’impact de ces violences en matière de santé.

"A l'échelle mondiale, 35 % des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire intime, ou des violences exercées par d'autres que leur partenaire", affirme ce rapport. "Ce sont des statistiques choquantes", a estimé Flavia Bustreo, responsable de la division familles, femmes et enfants à l'OMS, citée par l’AFP. "Il est aussi choquant de voir que ce phénomène se produit partout dans le monde", a-t-elle expliqué. "La plupart de ces actes sont des violences du partenaire intime", relève le rapport, soulignant que "dans le monde pas moins de 38 % du total des meurtres de femmes sont commis par des partenaires intimes". Le rapport estime que "presque un tiers (30 %) de toutes les femmes ayant eu une relation de couple ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire intime".

Des impacts sur la santé

Le rapport énumère les conséquences en termes de santé de ces violences qui augmentent les risques d'avoir un enfant de faible poids à la naissance, le risque de dépression ou de se faire avorter, de contracter le VIH ou le risque de dépendance à l’alcool.
Décès et traumatismes : L’étude montre qu’à l’échelle mondiale, 38 % des femmes assassinées l’ont été par leur partenaire intime, et 42% des femmes qui ont connu des violences physiques ou sexuelles d’un partenaire ont souffert de blessures.
Dépression : La violence contribue dans une large mesure aux problèmes de santé mentale des femmes ; la probabilité de connaître la dépression est presque deux fois plus élevée chez celles qui ont subi des violences de leur partenaire intime, par rapport aux femmes qui n’ont connu aucune forme de violence.
Problèmes de consommation d’alcool : Les femmes qui subissent des violences de leur partenaire intime sont presque deux fois plus susceptibles que les autres femmes de connaître de tels problèmes.
Infections sexuellement transmissibles : La probabilité de contracter la syphilis, la chlamydiose ou la gonorrhée est 1,5 fois plus élevée chez les femmes qui subissent des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire. Dans certaines régions (dont l’Afrique subsaharienne), elles ont 1,5 fois plus de risques de contracter le VIH.
Grossesse non désirée et avortement : La violence du partenaire et la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire sont corrélées à une grossesse non désirée ; le rapport montre que la probabilité de se faire avorter est deux fois plus élevée chez les femmes qui connaissent des violences physiques et/ou des violences de leur partenaire sexuel.
Nourrissons de faible poids de naissance : La probabilité d’avoir un enfant de faible poids de naissance est majorée de 16 % chez les femmes qui subissent des violences de leur partenaire.

Des préconisations

"Le rapport montre que la violence accroît fortement la vulnérabilité des femmes face à toute une série de problèmes de santé à court et à long terme ; il souligne que le secteur de la santé doit prendre plus sérieusement en considération la violence à l’encontre des femmes", explique le Dr Claudia Garcia-Moreno de l’OMS. "Bien souvent, le problème vient du fait que les agents de santé ne savent tout simplement pas comment réagir". Les nouvelles lignes directrices cliniques et stratégiques publiées par l’OMS visent à combler ce manque de connaissances. Elles relèvent qu’il est important de former les agents de santé de toutes les catégories à reconnaître quand les femmes sont exposées à la violence du partenaire et à leur apporter une réponse adaptée.

Les lignes directrices notent également que certains contextes de soins (services prénatals et dépistage du VIH, par exemple) pourraient être favorables pour fournir une aide aux victimes de violence, à partir du moment où certaines exigences minimales sont satisfaites :
-les prestataires de soins doivent être formés à poser des questions sur la violence ;
- des modes opératoires normalisés doivent être en place ;
- la consultation doit se dérouler dans un cadre privé ;
- la confidentialité doit être garantie ;
- un système d’orientation doit être en place afin que les femmes puissent accéder aux services connexes ;
- en cas d’agression sexuelle, il faut que les lieux de soins soient en mesure d’apporter aux femmes la réponse complète dont elles ont besoin c’est-à-dire, de traiter les conséquences sur la santé physique aussi bien que mentale.

Les auteurs du rapport soulignent qu’il est important d’utiliser ces lignes directrices pour intégrer les questions de violence dans la formation initiale des médecins et des infirmiers et dans la formation en cours d’emploi.

Le rapport préconise des programmes de prévention favorisant des réformes sociales, notamment "la remise en cause les normes sociales qui appuient le contrôle et l'autorité exercés par les hommes sur les femmes et qui cautionnent ou tolèrent la violence à l'encontre des femmes". Le rapport demande aussi d'intégrer ces questions dans la formation des personnels médicaux. "Il s'agit d'un problème mondial de santé publique, d'ampleur épidémique, qui appelle une action urgente", estime le rapport établi avec des données recueillies pour 81 pays.