L’estime de soi…. joue collectif !

Publié par jfl-seronet le 22.12.2011
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Estime de soi, vie affective, sexuelle et séropositivité, c’est autour de ces enjeux aussi passionnants que complexes qu’ont été imaginés les ateliers collectifs qui sont proposés à partir de janvier 2012 à l’Institut Alfred Fournier à Paris. Animateur en éducation thérapeutique et également psychanalyste, David Friboulet a conçu ce projet qu’il présente pour Seronet. Interview.
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Vous proposez en janvier 2012 des ateliers collectifs portant sur l’estime de soi, la vie affective et sexuelle et la séropositivité. De quoi s’agit-il ?
David Friboulet : Ces ateliers s’inscrivent dans un programme d’éducation thérapeutique du patient [ETP, ndlr] qui a été ouvert à l’Institut Alfred Fournier en mars dernier et qui est agréé par l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France. C’est un programme d’ETP centré sur la vie affective et sexuelle des personnes vivant avec le VIH, mais qui n’est pas exclusif dans le sens où on peut aussi y aborder les questions d’adhésion aux traitements, les questions sociales, la dicibilité, le travail. C’est un programme qui se compose d’une part de séances individuelles entre six et dix séances d’une heure en tête à tête et (ou) d’autre part d’ateliers collectifs si les personnes veulent en bénéficier. Ce programme d’ETP est ouvert aux personnes qui sont suivies pour le VIH à l’Institut Alfred Fournier. Il y a ici trois médecins spécialisés dans le VIH qui sont des médecins omnipraticiens et hospitaliers. Environ 1 400 personnes vivant avec le VIH sont suivies ici, dont 80% d’entre elles ne vont plus à l’hôpital. Notre projet est d’offrir une prise en charge plus globale qu’ailleurs. Et ce d’autant qu’il y a au sein de l’Institut Fournier, des gynécologues, des andrologues, des psychiatres, des dermatologues, un laboratoire d’analyses avec une grande expertise sur les IST, un CIDDIST [centre d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles, ndlr] et un CDAG… Bref, ce qui permet d’offrir aux personnes qui viennent ici à peu près tout ce qui peut concerner la santé sexuelle.

Comment vont se dérouler les ateliers collectifs que vous proposez ?
Nous souhaitons constituer deux groupes de dix à douze personnes, des groupes dont les participants resteront les mêmes. En discutant avec les personnes que je peux recevoir en consultations individuelles, le choix a été fait que ces groupes s’adressent à des personnes qui n’ont pas la même orientation sexuelle : l’un s’adresse aux hétérosexuels, l’autre aux homosexuels. Ce qui permettra une plus grande liberté de parole et garantira à chacun de pouvoir s’exprimer librement. Ce sont des ateliers qui vont tourner autour de six sessions d’une heure trente environ dont une sera réservée à la fin du cycle aux questions médicales. Pour ne pas obérer les échanges et bloquer la dynamique des groupes, nous avons fait le choix de réserver toutes les questions "techniques médicales" autour, de la transmission ou du vivre avec en une unique séance avec la participation de médecins, en collectant en amont les interrogations des participants. Chaque groupe définira en fonction de ses souhaits la fréquence des réunions, mais nous partons sur une session toutes les deux ou trois semaines avec un créneau horaire qui va de 18h30 à 21h.

Qu’allez-vous aborder dans les différentes sessions ?
Nous avons retenu différentes séquences thématiques. Nous allons ainsi proposer aux participants de définir ce qu’ils entendent par l’estime de soi et de définir ce qu’elle est pour eux. Une fois qu’elle aura été définie, nous travaillerons collectivement  sur l’impact de la séropositivité sur cette estime de soi. Nous aborderons aussi la dicibilité, le fait de dire ou pas sa séropositivité. Nous travaillerons sur les moyens de le dire ou de ne pas le dire, etc.  Dans les différentes séquences, il ne s’agit pas d’être dans le théorique, mais dans la mise en application de techniques, d’outils par exemple au moyen de jeux de rôles… Ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’ateliers et pas de groupes de parole, il s’agit d’échanger autour de thèmes précis dans une liberté de parole.

Dans les ateliers collectifs, chacun des deux groupes sera co-animé par un patient expert. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Dans ma conception, un programme d’éducation thérapeutique ne doit pas être calé ou calqué que sur un apport théorique. Autrement dit, ce sont les personnes concernées qui lui donnent leur valeur ajoutée. Pour monter ce programme, je me suis inspiré d’un programme d’accompagnement initié par Catherine Tourette-Turgis à l’hôpital Georges Pompidou et à l’hôpital Saint-Antoine... et notamment de ce qui concernait l’estime de soi. En amont du lancement de ce programme d’ETP à l’Institut Alfred Fournier, j’ai réalisé une étude de faisabilité à la fois auprès de médecins de l’Institut et de personnes qui y étaient suivies. Il s’agissait de collecter les besoins, de comprendre quelles pouvaient être les portes d’entrée, légitimes et pertinentes, pour travailler avec les personnes. J’ai, pour les mêmes raisons, proposé à la direction de l’Institut de créer un partenariat avec une association de personnes vivant avec le VIH, Actif Santé, et de leur soumettre notre programme, puis, pour aller plus loin qu’ils interviennent en co-animation dans les ateliers collectifs. Cela crée une dynamique puisqu’il y a un animateur, moi, et un co-animateur qui est aussi un patient. Et qui peut, à ce titre, dire des choses par rapport à son expérience, au recul qu’il ou elle a établi, qui peut plus facilement lancer un débat, témoigner… C’est donc un projet qui s’appuie, à la fois, sur la co-construction et la co-animation. Une femme co-animera avec moi le groupe pour les hétérosexuels et un homme le groupe homosexuel.


Quand démarrent ces ateliers et qui contacter pour s’y inscrire ?
Les ateliers vont démarrer en janvier 2012. Ils se déroulent à l’Institut Alfred Fournier. Ils sont ouverts aux personnes séropositives au VIH suivies à l’Institut et à celles qui n’y sont pas suivies. L’inscription et la participation aux sessions sont gratuites. Pour toute information et inscription, il faut appeler le standard au 01 40 78 26 00. Je dois recevoir les personnes une fois en entretien individuel avant leur participation aux ateliers.


Et pour l’accompagnement individuel ?
Celles et ceux qui souhaiteraient aborder, cette fois dans un cadre individuel, un sujet relatif à leur vie sexuelle et affective en lien avec la séropositivité, peuvent appeler au même numéro pour prendre un rendez-vous. Les rendez-vous sont proposés les mercredis de 13h30 à 19h30.


Infos pratiques
Les ateliers collectifs se déroulent à l’Institut Alfred Fournier. 25 boulevard Saint-Jacques - 75014 Paris. Métro ligne 6 : Glacière ou St-Jacques, RER ligne B : Denfert-Rochereau, Bus n°21 : Arrêt Glacière, Bus n°38 : Arrêt Denfert-Rochereau. Infos au 01 40 78 26 00.