L’Europride 2013 s’est (discrètement) lancée

Publié par Mathieu Brancourt le 11.07.2013
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InitiativeEuropride 2013

Loin du gigantisme coloré annoncé, le grand événement LGBT qu’est l’Europride 2013 à Marseille a été lancé (10 juillet) de manière assez confidentielle, en présence de quelques politiques et représentants associatifs. Récit.

Devant le flambant neuf MuCEM, quelques personnes se rassemblent devant l’entrée principale. Après avoir montré patte blanche, les quelques happy few présents pour ce qui devait être un mercredi de fête inaugurale attendent perplexes la suite des événements. Les invités sont conduits dans une annexe privative de la splendide terrasse du musée. La cérémonie devait initialement se dérouler sur l’immense esplanade du nouvel emblème de Marseille-Provence. Annulée pour raison de sécurité, il n’y a guère alors que les touristes pour arpenter cette cour pavée. Sur le toit du MuCEM, la cinquantaine de personnes se regroupe autour d’une table pour le lancement officiel. Après la traditionnelle photo de famille, les prises de parole débutent.

Une ville de tolérance

Sobrement, Suzanne Ketchian, la présidente de la LGP Marseille (organisateur officiel de l’Europride 2013) remercie d’abord l’ensemble des parties prenantes à ce projet mené depuis deux ans afin "de célébrer le mariage pour tous, démontrer que Marseille est et continuera à être une ville de tolérance et du mieux-vivre ensemble". Laurent Kérusoré, acteur dans le soap Plus belle la vie et parrain de l’événement souhaite, quant à lui, faire tomber les clichés sur la ville qu’il a découverte et aimée avec la série. Il cite, hilare, un proverbe du cru : "il suffit d’avoir le permis de conduite pour être un enculé".

Suzanne Ketchian défend "le courage et l’abnégation" des partenaires pour "donner vie à une belle fête", malgré les "difficultés d’organisation". Le député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Menucci, dans une gouaille toute locale, a lui salué l’engagement du gouvernement pour la loi d’égalité devant le mariage et l’adoption, après un débat difficile et le climat délétère qui en a découlé. "C’est une fierté d’avoir porté ce mouvement gay", affirme-t-il. "Et lesbien", souffle une militante non loin de lui. Mais il a aussi invité l’ensemble des participants à "se serrer les coudes et à rester unis, malgré les difficultés, pour une grande et belle Europride".

Rien que ça !

Monique Venturini, représentante de la Ville de Marseille, dit merci aux organisateurs et (r)assure du plein soutien du maire Jean-Claude Gaudin pour ce "moment de grande liberté". Car les associations ont répondu présentes, malgré les incertitudes encore tenaces sur le déroulement. Gaylib, Osez le féminisme ou encore AIDES ont pu détailler leurs objectifs devant la presse pour ces dix prochains jours. L’ex-branche LGBT déçue du sarkozysme et désormais amie "des homosexuels du centre et de droite" participera aux actions contre l’homophobie. L’association féministe, Osez le féminisme, veut, quant à elle, "porter le combat contre le sexisme et la lesbophobie dans la dénonciation commune de la société patriarcale". "Rien que ça", en rit presque la représentante. Pour cela, Osez le féminisme proposera des colloques et des conférences sur le sujet, pour une vraie "Euro-lesbopride". Enfin le président de AIDES, Bruno Spire, a osé l’anaphore : "Nous serons là !" a-t-il répété pour détailler la présence des militants pour proposer écoute, prévention, dépistage rapide du VIH, mais aussi expositions et projections pour "faire émerger la santé sexuelle par le biais du plaisir".

Wait and see !

L’Europride 2013 à Marseille a pour ambition d’être un laboratoire vivant des futures revendications politiques pour les droits des LGBT. En marge d’une célébration européenne, elle se doit de remporter son pari : faire danser et échanger les dizaines de milliers de participants attendus, tous et toutes militant-e-s de l’égalité, une égalité loin d’être acquise sur l’ensemble du continent. Pour clore l’inauguration et mettre toutes les chances de leur côté, les organisateurs ont demandé la "bénédiction" aux célèbres sœurs de la Perpétuelle indulgence. Sous la houlette de Sœur Piccolatta, activistes, organisateurs et politiques ont invoqué, main dans la main, "Saint Latex" et "Sainte Sapho" pour que la réussite tombe des cieux. Wait and see !