LGBTI+ : c’est quand le bonheur ?

Publié par jfl-seronet le 06.06.2019
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L’ambition est vaste… puisqu’il s’agit rien moins que de « combler les lacunes en matière de données relatives au bien-être mental des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI), dans le but de créer de meilleures conditions et d’améliorer leur santé ». Comment ? En lançant d’abord une « nouvelle étude mondiale ». Qui le propose ? Deux institutions, l’Onusida (1) et la Fondation LGBT (2), réunies à l’occasion de cette « étude inédite sur le bonheur, le sexe et la qualité de vie chez les personnes LGBTI ».

L’Onusida et la Fondation LGBT ont lancé une enquête en ligne visant à évaluer le bonheur, l’épanouissement sexuel et la qualité de vie des personnes LGBTI. Cette enquête, la première du genre selon les deux structures, s’inscrit dans le cadre d’une campagne qui a pour but de collecter davantage d’informations et de renseignements sur les problèmes rencontrés par les personnes LGBTI. « Les données ainsi recueillies permettront de faire entendre les préoccupations et de plaider pour une amélioration des conditions et du traitement des personnes LGBTI, notamment en leur assurant l’accès à des services sociaux et de santé inclusifs », indique un communiqué de presse commun.

« De nombreuses personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination au quotidien dans l’éducation, au travail, dans les établissements de santé et dans les services sociaux. Nous voulons comprendre de quelle manière cette situation influe sur leur bien-être, notamment mental, mais aussi leurs réactions et leurs moyens de résilience », a expliqué Gunilla Carlsson, directrice exécutive adjointe par intérim de l’Onusida. « En examinant en profondeur comment les variables économiques, socio-écologiques, homophobes et autres influent sur la vie des personnes LGBTI, nous pourrons plaider avec plus de force pour un changement intelligent afin d’améliorer leur vie », a-t-elle précisé.

Les personnes LGBTI doivent lutter contre la stigmatisation et la discrimination et sont souvent confrontées à un manque d’opportunités économiques et d’accès aux prestations sociales et de santé. Elles sont aussi exposées à un risque bien plus élevé d’infection à VIH. Les estimations montrent que le risque de contracter le VIH est 27 fois plus élevé chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et 13 fois plus élevé chez les personnes trans ; pourtant, des études montrent aussi que beaucoup d’hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et de personnes trans évitent de s’adresser aux services de santé par crainte de la stigmatisation et de la discrimination. C’est souvent la conséquence de discriminations déjà vécues précédemment. Si des études évaluent le bien-être des personnes LGBTI en mesurant les niveaux de violence subie, le statut juridique et la santé (souvent au prisme du risque d’infection par le VIH et de la vie avec le virus), peu d’entre elles se penchent sur le bien-être mental des personnes LGBTI ; un facteur pourtant essentiel pour garantir leur accès général à la santé et aux opportunités économiques.

« Les données font (…) défaut en ce qui concerne les personnes LGBTI en Afrique, en Asie et en Amérique latine », notent les deux structures. Personnes que l’enquête en question espère toucher. Pour cela, l’enquête est disponible dans plus de 17 langues. Elle est diffusée par l’intermédiaire des réseaux sociaux auprès de plus de 25 millions de personnes dans le monde entier, et se poursuivra jusqu’à fin juillet 2019.

« Nous voulons faire des progrès en matière de bien-être des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes. Nous voulons agir maintenant et cette enquête va y contribuer. C’est une grande initiative, dans laquelle les personnes LGBTI pourront s’exprimer en toute confidentialité et permettront de créer une base de connaissances pour leur donner des moyens, défendre leur cause et sensibiliser le grand public, dans le but ultime d’éliminer la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBTI. Ce sera d’une grande aide pour la communauté », a déclaré Sean Howell, directeur général de la Fondation LGBT. L’enquête a été élaborée en collaboration avec l’université d’Aix-Marseille et l’université du Minnesota, et elle a été conçue en collaboration avec des représentants-es de la communauté LGBTI, dont des personnes vivant avec le VIH. Afin de garantir le plus haut niveau de confidentialité et de protection des données personnelles, l’enquête est conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD européen). En vue de garantir et de préserver l’anonymat, l’accès est ouvert au moyen d’un lien web sécurisé, qui établit une liaison cryptée entre un serveur web et un navigateur. Le protocole de recherche pour cette enquête a été approuvé par le Comité d’éthique de l’université d’Aix-Marseille et par la Commission d’éthique de l’Organisation mondiale de la Santé, indiquent les auteurs-es.

L’enquête est ouverte jusqu’au 31 juillet 2019 et il faut compter environ 12 minutes pour y répondre.