LGBTphobies en France : où en est-on ?

Publié par Fred Lebreton le 15.05.2022
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ChiffresIdahot 2022

Créée en 2004, à l'initiative de l'universitaire et militant Louis-Georges Tin, la Journée internationale contre les LGBTphobies, connue sous le nom Idahot, se déroule chaque 17 mai. Cet événement militant est l’occasion pour les associations LGBT+ de faire le bilan des LGBTphobies dans chaque pays. Quelle est la situation en France ? Plusieurs enquêtes ont été présentées ces derniers jours.

SOS Homophobie en tribune

Comme chaque année, l’association SOS Homophobie va révéler le 17 mai, à l’occasion de la journée Idahot, son nouveau rapport sur les LGBTphobies en France qui se fonde notamment sur les témoignages reçus par SOS homophobie. En attendant le rapport, Lucile Jomat, la présidente de l’association, s’est exprimée dans une tribune publiée dans Libé (4 mai) et intitulée « Discriminations LGBT+ : aux grands maux, les petits mots ». Dans cette tribune, la militante revient sur une des actions phares de SOS homophobie, les interventions en milieu scolaire (IMS) : « Comment un enfant vit avec deux parents homosexuels face au regard de ses camarades ? » ; « Quelle est la meilleure façon de faire son coming out transgenre ? » Ces extraits de petits papiers anonymes, rédigés par les jeunes que nous rencontrons en intervention en milieu scolaire sont autant de questions trop souvent laissées sans réponse, et auxquelles les bénévoles de SOS homophobie tentent, chaque jour, d’apporter des réponses », explique Lucile Jomat. La militante rappelle que, le 8 avril 2022, Emmanuel Macron déclarait sur Brut qu’il n’était pas favorable aux interventions en milieu scolaire en école primaire et au collège, puis le 20 avril, dans l’entre-deux-tours, il faisait marche arrière, rappelant dans le magazine Têtu le rôle « essentiel » de ces interventions et  saluant « le travail des associations LGBT+ et leur intervention en milieu scolaire, mais aussi périscolaire ». La présidente de SOS homophobie tient à « démystifier une bonne fois pour toute » les IMS. Elle explique : « Face au rejet et à l’exclusion, nous avons choisi le débat et l’échange. Ces interventions sont avant tout des moments de liberté et d’ouverture où chacune et chacun peut partager librement son point de vue et ses sentiments ». « Nous avons rencontré 18 000 élèves au cours de l’année scolaire 2020-2021, 225 000 élèves depuis notre première IMS en 2004 », souligne la militante. Et Lucile Jomat de conclure : « Parce que nous ne voulons pas laisser libre cours à la provocation, aux contre-vérités et à la haine, SOS homophobie s’engage plus que jamais pour la défense des interventions en milieu scolaire, essentielles à la défense des droits de chacune et de chacun. La multiplication des attaques contre les personnes LGBTI et les questionnements des plus jeunes appellent à l’engagement plein et entier du président de la République et de son gouvernement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ».

L’état des LGBTphobies en France

À l’occasion du lancement du Forum des jeunes LGBT+ (10 mai), les résultats de l’enquête BVA (1) sur l’état des LGBTphobies en France ont été présentés. Comme en 2020, les deux tiers des Français-es déclarent avoir déjà entendu des propos homophobes ou transphobes : 48 % affirment même avoir fait face à cette situation plusieurs fois (-3 pts). Si les agressions verbales semblent se faire un peu plus rares que par le passé (23 % ; –8 pts), elles sont pour autant loin d’être inexistantes, puisqu’un quart des répondants-es en a été témoin. Les agressions physiques constituent toujours, elles aussi, une réalité préoccupante : 11 % des Français-es déclarent avoir déjà assisté à ce type de situation. Le terme « PD » est, quant à lui, toujours banalisé : plus de trois quarts des personnes interrogées l’ont déjà entendu (76 %), et pour la grande majorité, plusieurs fois (64 %).

Quid des jeunes LGBT+ ?

Dans un contexte où les actes LGBTphobes semblent diminuer au sein de la société, mais croître au sein du cercle familial (Rapport annuel de l’association SOS homophobie), les Français-es se montrent globalement sévères quant aux comportements extrêmes des parents vis-à-vis de leur enfant LGBT+. Par exemple, 84 % ne comprennent pas que ces derniers puissent le bannir du domicile familial et 83 % qu’ils refusent tout contact avec lui-elle. L’opposition s’avère, toutefois, légèrement moins importante lorsqu’il s’agit du refus d’accepter que leur enfant soit LGBT+ (71 %) ou qu’il ait un ami ou un compagnon LGBT+ (77 %) : c’est donc un Français sur cinq (19 %) qui peut comprendre qu’on n’accepte pas l’orientation sexuelle de son enfant, signe qu’il reste encore de nets progrès à accomplir pour que ces enfants soient pleinement acceptés.

Quel rôle pour l’État ?

Les Français-es se sont toujours très favorables à une implication de l’État dans la lutte contre les LGBTphobies. Ainsi, 75 % jugent, notamment, que le gouvernement doit soutenir la mise en place de dispositifs d’accueil spécifiques pour les jeunes rejetés-es par leurs parents en raison de leur orientation sexuelle et/ou identité de genre, une proportion plutôt similaire à celle observée il y a deux ans (77 % ; –2 pts). Plus de deux tiers des Français-es assurent également que l’État doit accroître ses actions de lutte au sein du milieu scolaire (67 %). Enfin, les deux tiers des Français-es (65 %) souhaitent également que l’on puisse sensibiliser les enfants à ce sujet dès le plus jeune âge, alors même que le président Macron s’y était récemment opposé. Mais cette proportion est toutefois en baisse depuis l’an dernier, l’opposition à cette idée gagnant du terrain (21 % ; +4).

Salariées lesbiennes invisibles

Autre enquête (2) publiée dans Le Monde (11 mai) réalisée par l’Ifop pour L’Autre Cercle (une association contre les discriminations faites aux LGBT+ en entreprise) sur la visibilité et l’inclusion des lesbiennes au travail en France. Un tiers (33 %) seulement des femmes lesbiennes ou bisexuelles interrogées se sont déclarées « visibles » en tant que telles par leurs supérieurs hiérarchiques, et 40 % par leurs collègues de même niveau hiérarchique. Parmi celles qui n'ont jamais évoqué au bureau leur vie de couple avec une femme, quatre sur dix disent avoir « inventé » une vie hétérosexuelle pour les conversations entre collègues, en changeant, par exemple, le prénom de leur compagne par un prénom masculin. Plus de la moitié des lesbiennes qui n'ont pas caché leur homosexualité déclarent, selon l'enquête pour L'Autre cercle, avoir été victime d'au moins une forme de discrimination ou d'agression en raison de leur orientation sexuelle. Une proportion plus élevée dans des secteurs traditionnellement masculins, comme les transports ou l'industrie. L’enquête est disponible en intégralité sur le site de Komitid.

Remontada de la France

L'European Region of the International Lesbian and Gay Association, que l'on peut traduire par branche européenne de l'association internationale lesbienne et gay, créée en 1996, est la section européenne de l'Ilga. Chaque année, l’Ilga-Europe publie un classement des pays les plus LGBT friendly en Europe. Dans le rapport 2022, rendu public le 12 mai, la France remonte à la septième place sur 49 pays rapporte le site têtu. L'année dernière, la France était passée de la 4e à la 13e place. Pour réaliser cet index, Ilga-Europe se fonde sur plus de 70 critères, passant en revue les législations contre les discriminations, l'autorisation du mariage, l'auto-détermination de genre etc. La France remplit, cette année, 64 % des critères. Dans le top 10, on retrouve en première position Malte puis le Danemark, la Belgique, la Norvège, le Luxembourg, la Suède, la France, le Monténégro, l’Islande et le Portugal. Les dix pays les moins LGBTfriendly sont, par ordre croissant : la Bulgarie, la Roumanie, la République de  Saint-Marin, la Principauté de Monaco, la Pologne, la Biélorussie, la Russie, l’Arménie, la Turquie et l’Azerbaïdjan.

(1) : Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français-es interrogés-es par Internet le 21 avril 2022. La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et CSP du chef de famille. Échantillon de 1 583 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
(2) : L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 402 femmes lesbiennes ou bisexuelles exerçant une activité professionnelle, extrait d’un échantillon représentatif de 2 431 femmes homosexuelles et bisexuelles âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. Les interviews ont été menées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 novembre 2021 au 25 janvier 2022.

Une parade flamboyante
Ces deux dernières années, crise sanitaire oblige, Idahot avait lieu principalement en virtuel. Cette année, les associations qui soutiennent les personnes LGBT+ sont de retour dans la rue pour montrer l’importance de visibiliser ces questions dans l’espace public. AIDES Paris a prévu une parade « flamboyante et revendicative » à vélo le 17 mai de 17h à 20h dans Paris. Puis à partir de 18h à 22h, l’association sera présente à la Fontaine des innocents sur la place Joachim du Bellay (quartier des Halles dans le 1er arrondissement) avec le mot d’ordre suivant : « Les LGBTQI-phobies nuisent gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». Les militants-tes proposeront aux passants-es des informations et un quizz afin de sensibiliser le grand public aux impacts que peuvent avoir les LGBT-phobies sur la santé des personnes concernées, et leur proposer des pistes de réflexions pour transformer la société.

 

LGBT+ d'ici et d'ailleurs
De son côté, Shams France, l’association qui soutient et accompagne les personnes LGBT+ maghrébines et moyen-orientales vivant en France, organise une rencontre des personnes LGBT+ issues de l'immigration. L’association va faire un panorama des différents combats, ici et ailleurs, en mettant en évidence les problématiques des personnes concernées. Plusieurs invités-es ont prévu de participer aux débats : Rania Amdouni, (artiste queer et militante LGBT+ en Tunisie), Ophélie Adolle (militante LGBT+ d'origine asiatique), Anouar (bénévole Acceptess T) et Ariel Djessima (membre d'Afrique arc-en-ciel). La rencontre aura lieu samedi 20 mai de 19h à 21h30 à la Mairie du 19e arrondissement de Paris.

 

Commentaires

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Le joueur du PSG Idrissa Gueye refuse de jouer lors de la Journée de lutte contre l'homophobie (et ce n'est pas la première fois)

C'est la deuxième fois que le joueur sénégalais du PSG refuse, pour "raisons religieuses", de porter le maillot du club arborant le flocage arc-en-ciel, une tunique adoptée par toutes les équipes du championnat à l'occasion de la 37e journée, pour lutter contre l'homophobie. La polémique enfle.

La rédaction (avec AFP)  Publié le 16/05/2022 à 12:48, mis à jour le 16/05/2022 à 16:12Idrissa Gueye Photo AFPABONNEZ-VOUS 

Le joueur du PSG Idrissa Gana Gueye a prétexté une "fatigue" et n'a pas joué ce samedi 14 mai contre Montpellier lors de la 37e journée du championnat de France, alors qu'il avait été annoncé au préalable dans la composition de l'équipe, ont remarqué les journalistes sportifs de RMC et du Parisien

Pourtant, l'ancien joueur d'Everton n'était pas blessé ce week-end. Il aurait simplement refusé, pour "raisons religieuses", de porter le maillot du club arborant le flocage arc-en-ciel, une tunique adoptée par toutes les équipes du championnat à l'occasion de la Journée de lutte contre l'homophobie. L'événement est en effet organisé chaque année en France par la Ligue de football professionnel (LFP).

Pas la première fois

Lors de la conférence de presse post-match, Mauricio Pochettino, l'entraîneur du PSG, a justifié l’absence d' Idrissa Gueye par "une raison personnelle". Selon Franceinfo, l’entraîneur aurait pourtant "très mal pris" la véritable raison de son absence sur le terrain.

Ce n'est pas la première fois que le joueur sénégalais évite de jouer avec, sur les épaules le maillot au numéro arc-en-ciel: il n'avait pas non plus disputé le match lors de la même occasion en 2021, rappelle RMC

 

L'homosexualité étant pénalement réprimée au Sénégal en tant qu'"attentat aux mœurs", certains journalistes sénégalais ont soutenu leur compatriote dans sa démarche homophobe.

"L'homophobie est un délit"

L'association de lutte contre l'homophobie dans le sport, Rouge Direct, attend des explications du joueur au sujet de cette polémique, qui cotinue d'enfler: le joueur a-t-il, oui ou non, refusé de porter le maillot floqué de l'arc-en-ciel des fiertés LGBT?

"L'homophobie n'est pas une opinion mais un délit. La LFP (Ligue) et le PSG doivent demander à Gana Gueye de s'expliquer et très vite. Et le sanctionner le cas échéant", a écrit l'association dans un message posté dimanche soir sur Twitter.

La président de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a interpellé le club de football parisien via la réseau social, en lui demandant que des sanctions soient prononcées à l'encontre du joueur. "Les joueurs d’un club de football, et ceux du PSG en particulier, sont des figures d’identification pour nos jeunes", a-t-elle tweeté"Ils ont un devoir d’exemplarité. Un refus d’Idrissa Gana Gueye de s’associer à la lutte contre l’homophobie ne pourrait rester sans sanction!" Certains internautes lui ont aussitôt reproché sa présence à la Manif pour tous en 2013, l'accusant de ne pas avoir montrer l'exemple dans le passé.

Contactés par l'AFP, ni la LFP ni le PSG n'ont pour l'instant réagi à la polémique suscitée.

 

Homophobie présente dans les stades

Le football français a déjà été touché par des polémiques sur des attitudes à caractère homophobes dans les stades. Le 16 août 2019, un match de Ligue 2 entre Nancy et Le Mans était devenu la première rencontre de football professionnel à être interrompue par l'arbitre en France pour des chants homophobes.

Douze jours plus tard, le 28 août, Nice-Marseille, en L1, avait aussi été interrompu quelques minutes après le déploiements de banderoles à caractère homophobe ("Pour des stades plus gay", par exemple, avec ce dernier mot aux couleurs de l'arc-en-ciel) et des chants ("Les Marseillais c'est des pé...").

Parmi les stars de l'équipe de France, Antoine Griezmann avait alors publiquement pris position, jugeant "très bien d'arrêter les matches" en cas de chants ou banderoles homophobes.

   

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Les plaintes pour crimes et délits anti-LGBT + en hausse de 28 % en 2021 en France

 

Les actes anti-LGBT+ ont augmenté de 28% en France en 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION)Les actes anti-LGBT+ ont augmenté de 28% en France en 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) — Ahn Young-joon/AP/SIPA

C’est une hausse inquiétante divulguée à la veille de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie… Les plaintes pour crimes et délits commis envers les personnes LGBT+ ont augmenté de 28 % en France en 2021 par rapport à 2020, selon les chiffres publiés lundi par le ministère de l’Intérieur.

Si l’on prend en considération l’année 2019, qui a précédé la crise sanitaire du Covid-19, la hausse est ramenée à 12 %. En cinq ans, sur la période 2016-2021, le nombre d’actes anti-LGBT + a doublé (+104 %), souligne dans une note le Service statistiques du ministère.

Près de 3.800 faits

Au total, 2.170 crimes et délits contre les lesbiennes, gay, bi et trans ont été enregistrés en 2021 par la police et la gendarmerie. Si l’on ajoute les 1.620 contraventions dressées (à plus de 90 % pour injure ou diffamation), les forces de l’ordre ont recensé un total de 3.790 atteintes « commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ».

Une large majorité de ces atteintes au sens large concerne les injures et les diffamations (59 %), précise le ministère.

Peu de plaintes

Les victimes font rarement la démarche de déposer plainte : seules 20 % des personnes LGBT+ agressées ou menacées ont dénoncé les faits aux forces de l’ordre en moyenne sur la période 2012-2018, selon l’enquête Cadre de vie de sécurité. Ce taux chute à 5 % pour les injures.

 
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Ces atteintes ont lieu en majorité en milieu urbain, à 53 % dans des agglomérations de plus de 200.000 habitants, même si « cette proportion a diminué au cours des deux dernières années », souligne Beauvau.

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Les droits LGBTQ évoluent, les brimades perdurent

Faire partie d’une minorité sexuelle ou de genre représente encore un risque en Suisse. Une étude se penche sur le vécu des jeunes LGBTQ dans le canton de Vaud durant leurs années de formation et apporte des chiffres inédits

Les jeunes lesbiennes, gays et bisexuel-les sont proportionnellement deux fois plus nombreux-euses à avoir été victimes de harcèlement et cinq fois plus nombreux-euses à avoir subi une agression sexuelle au cours de leur formation. — 

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Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie : l'Italie sans loi contre la haine

Près de 150 personnes en un an ont signalé des cas de violence dans le pays même s'il n'existe pas de véritable base de données

16 mai 2022 à 01:00Fabio Cimaglia (boucle) 

148 personnes LGBT ont signalé des cas de violence homotransphobe en Italie de mars 2021 à avril 2022. C'est ce que rapporte le rapport sur l'homophobie. org, qui par l'intermédiaire de militants LGBT recueille les épisodes homotransphobes en surveillant les services qui soutiennent les victimes et les médias. Le chiffre fait partie de la controverse déclenchée par Lega et Fratelli d'Italia contre la circulaire avec laquelle le ministère de l'Éducation, en vue de la Journée internationale contre l'homophobie d'aujourd'hui, a invité les écoles à organiser des moments de réflexion.

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« Les personnes LGBTphobes deviennent de plus en plus virulentes » : encore une année de hausse pour les violences en raison de l’orientation sexuelle

En 2021, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 3 790 atteintes commises « en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », soit une augmentation de 27,6 % par rapport à 2020.

Est-ce le miroir d’une hausse des violences envers les minorités sexuelles ou la conséquence d’une libération de la parole des victimes, davantage enclines à pousser les portes des commissariats et des brigades ? Cette année encore, le nombre d’actes anti-LGBT, rendu public lundi 16 mai par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, connaît une forte progression. En 2021, 3 790 atteintes commises « en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre » ont ainsi été enregistrées par les services de police et de gendarmerie, contre 2 970 en 2020, soit une augmentation de 27,6 %.

Parmi elles, on dénombre 2 170 crimes et délits (+ 28 %) et 1 620 contraventions (+ 16 %). Les diffamations et les injures arrivent en première place, suivies des atteintes physiques. L’espace public au sens large est le premier lieu d’expression des LGBTphobies, selon ces données officielles. Toutefois, conséquence des confinements récents ayant assigné les personnes à domicile, davantage de faits se sont déroulés dans les habitations (24 %, contre 20 % avant la crise sanitaire). Les hommes sont les principales cibles des crimes et délits, avec une surreprésentation des jeunes parmi les victimes.

Acceptation d’une part, rejet de l’autre

Le nombre d’actes anti-LGBT a doublé depuis 2016, première année de la publication distincte des chiffres relatifs aux plaintes reçues pour crimes, délits et infractions aggravées par un mobile discriminatoire en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. Une hausse moyenne de l’ordre de 15 % par an est enregistrée, relèvent les services du ministère de l’intérieur. « Je ne peux pas croire qu’il n’y ait pas d’augmentation réelle du nombre de faits, réagit Sophie Elizéon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Comme le montrent les enquêtes d’opinion, certes on est dans une meilleure acceptation par la société, mais parallèlement les personnes LGBTphobes deviennent de plus en plus virulentes, vindicatives. Elles passent à l’acte. »