L’IDAHO ferraille contre l’homophobie d’Etat

Publié par Mathieu Brancourt le 23.05.2011
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Louis-Georges Tin, fondateur du Comité IDAHO (International day against homophobia and transphobia), créé en 2005, livre ses impressions quant à la situation de l’homophobie en 2011. Dans le monde, les revendications sont permanentes face aux obstacles politiques, culturels ou religieux. Après la journée mondiale du 17 mai, les promesses politiques ressurgissent alors que l’égalité des droits reste obstinément refusée à la communauté LGBT.
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L’homophobie est encore synonyme de condamnation à mort. Cette réalité est glaçante, quand on  observe la situation en Ouganda. "Il y a des lieux où la situation avance et d’autres où pas du tout" observe Louis-Georges Tin, initiateur de la Journée mondiale. "Avec la proposition de loi de David Bahati [député ougandais ndlr], nous sommes face à une problématique de sur-pénalisation de l’homosexualité. La loi prévoit même la peine de mort pour les cas d'homosexualité agravée. Qu'est-ce qu'un cas d'homosexualité agravée ? C'est le fait, par exemple, d'une personne homosexuelle et séropositive !". Il aura fallu toute la mobilisation de la société civile ougandaise et le soutien international (notamment la pétition en ligne "AllOut" (lancée par la communauté internationale LGBT) pour faire capoter cette initiative d’homophobie d’Etat. "C’est une bataille gagnée, mais la loi sera surement représentée bientôt". Le constat de recul des droits des homosexuels se fait également au Cameroun ou en Iran.
Le contexte légal est certes bien plus favorable en France, mais la question de l’égalité des droits se pose toujours. Les avancées ont été importantes, avec le PACS, datant désormais de 1999 ou la caractérisation de l’homophobie comme circonstance aggravante lors d’une agression en 2003. Mais ces dernières années, les avancées du droit sont au point mort et les quelques gestes symboliques des gouvernants concernent plutôt l’étranger que l’hexagone. "Il est difficile de faire transformer les promesses des politiques en actes". Des membres de la majorité, comme Christine Boutin (ancien ministre, opposante historique au PACS) s’obstinent encore à bloquer la proposition d’une loi autorisant le mariage homosexuel.  "Pour se faire pardonner cette inégalité des droits, on accorde  quelques mesures pour lutter contre l’homophobie. Mais justement, ce refus d’égalité, c’est de l’homophobie !", constate le fondateur d’IDAHO.
Pour répertorier les ministères français les plus performants, comprendre les plus pro-LGBT, le comité IDAHO a créé "l’IDAHOmètre". Il décerne bons et mauvais points aux différents ministères dans leur lutte contre la discrimination envers les personnes homosexuelles. Certains comme, le ministère des Affaires étrangères, font figure de bon élève avec, dès 2008, une résolution portée par Rama Yade (à l’époque secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme) aux Nations Unies, pour une dépénalisation universelle de l’homosexualité (cela reste un délit dans 76 pays dans le monde et elle est même passible de mort dans sept d’entres eux ndlr). Cette année, le ministère a relayé le message d’IDAHO auprès de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) aboutissant à une déclaration de la directrice générale de l’organisme, Irina Bokova, pour la journée du 17 mai. "Le ministère de l’Intérieur a annoncé aujourd’hui plusieurs mesures, indique Louis-Georges Tin. Une enquête nationale sur les agressions homophobes et transphobes, la mise en place d’un référent homophobie dans tous les commissariats de France et une cellule sur la cyber-délinquance homophobe". Tous les ministères n’affichent pas cette volonté. C’est le cas du ministère de la Justice, de l’Intérieur et même de la culture, qui arrivent bons derniers dans l’IDAHOmètre. "Matignon fait figure de bonnet d’âne, avec aucune avancée dans l’égalité des droits". Le ministère de la Santé est également en queue de peloton. C’est le seul à s’être fendu d’un communiqué de presse à l’occasion du 17 mai. Il insiste logiquement sur les enjeux de santé (IST, VIH), mais en omettant de pointer l’immobilisme gouvernemental en matière de mise à niveau des droits entre homos et hétéros.
Plus d’infos sur le communiqué du Ministère de la santé.

Note : Certains partis (MODEM, PS) et syndicats (CFDT, CGT) ont publié un communiqué à l’occasion de la journée du 17 mai.