L’immunothérapie anti-cancer pour lutter contre le VIH

Publié par Rédacteur-seronet le 28.03.2019
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Thérapeutiqueimmunothérapie

Des chercheurs du Centre de recherche du centre hospitalier de l'université de Montréal (crChum) ont démontré que les traitements d’immunothérapie contre le cancer pourraient diminuer la quantité du virus qui persiste chez les personnes qui sont soignées par trithérapie. Les résultats d’une étude publiée le 19 février dans la revue Nature communications montrent sur des cellules de personnes vivant avec le VIH comment ces traitements rendent visibles au système immunitaire le virus, jusqu’alors caché au creux des cellules infectées.

« Nous montrons pour la première fois par quel mécanisme les immunothérapies anticancéreuses peuvent « sortir » le virus de ses cachettes et réduire la taille des réservoirs du VIH chez les personnes traitées par trithérapie. Bien que la majorité de nos expériences aient été réalisées in vitro, notre approche pourrait conduire à la mise au point de nouvelles thérapies », explique le chercheur Nicolas Chomont et professeur à l'université de Montréal. Dans un communiqué (19 février), l’université de Montréal rappelle que « les réservoirs du VIH sont des cellules et des tissus dans lesquels le virus persiste malgré les traitements [par] trithérapie (…) Pour vivre et se répliquer, le VIH a besoin d'être hébergé dans une cellule. En règle générale, il emménage dans les lymphocytes T CD4+, des globules blancs responsables d'activer la défense du corps humain contre les infections ».

Dans une partie de ces cellules, le virus s’endort (il est latent) et établit un réservoir qui, aujourd’hui, est contrôlé, mais pas éliminé par les trithérapies. Ces cellules réservoirs, à propos desquelles sont menées de très nombreuses recherches, sont les « derniers obstacles à l’éradication du virus » et « obligent les personnes vivant avec le VIH à prendre les trithérapies toute leur vie ».

En 2016, Rémi Fromentin, chercheur associé au laboratoire de Nicolas Chomont, a démontré que les cellules abritant les virus persistants ont des caractéristiques immunologiques particulières : trois protéines nommées PD-1, LAG-3 et TIGIT s’expriment fréquemment à leur surface. Or, aujourd’hui, ces molécules sont ciblées par les immunothérapies utilisées dans la lutte contre le cancer. Les chercheurs-euses ont donc évalué l’effet de ces thérapies anti-cancéreuses sur les réservoirs du VIH.

Réveiller le virus pour mieux le combattre

« Nos résultats prouvent que les immunothérapies ciblant des molécules comme PD-1 permettraient de réduire la quantité du virus qui persiste chez les personnes soignées par trithérapie, explique Nicolas Chomont dans le communiqué de l’université de Montréal. « L’une des prochaines étapes serait de combiner l’immunothérapie avec des molécules (…) sur les réservoirs de VIH. Cette combinaison entre une immunothérapie et des molécules chimiques pourrait « réveiller » le virus et ainsi favoriser l’élimination des cellules infectées par le VIH », indique le chercheur.

Dans leur article pour Nature communications, Rémi Fromentin et Nicolas Chomont présentent aussi les données d’une personne de Montréal infectée par le VIH et traitée par immunothérapie pour un mélanome (cancer de la peau ou des muqueuses).  « La taille de ses réservoirs de VIH a diminué de façon significative, ce qui est encourageant. Toutefois, nous devons rester prudents, car cela ne fonctionne pas chez tous les patients. Ces traitements présentent aussi d’importants effets secondaires », indique Rémi Fromentin. Les résultats d’essais cliniques menés actuellement aux États-Unis sur des personnes atteintes d’un cancer et du VIH devraient permettre d’orienter les futures recherches.