Ma santé enfumée ?

Publié par Mathieu Brancourt le 16.01.2014
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Thérapeutiquecigarettetabacfumeur

Quand on vit avec le VIH, la consommation de tabac n’est pas anodine. Cette dernière nuit (encore) plus gravement à la santé que pour la population générale. Risque accru de cancers, accidents cardio-vasculaires ou infections pulmonaires, la cigarette est un véritable danger pour les personnes séropositives.

Le tabac est responsable de plus de décès chez les personnes séropositives que le virus du sida en lui-même. C’est le constat sans appel qu’ont fait des chercheurs danois et dévoilé dans une étude d’avril 2013. De 1995 à 2010, ils ont évalué les risques de mortalité par rapport aux effets de l’infection au VIH. Les résultats montrent qu’un décès, qu’il soit lié ou non au virus, est plus probable chez les personnes vivant avec le VIH fumeuses. Le taux est même deux fois plus élevé. La part de décès attribuable au tabagisme dépasse les 60 %, contre 34 % dans la population générale.

Une vie plus courte et en moins bonne santé

Dans cette même étude, les scientifiques estiment que le nombre d’années perdues lié au tabagisme associé au VIH est trois fois supérieur à celui des non-fumeurs. Douze années en moins, contre cinq strictement attribuées à l’infection. Cela est d’autant plus problématique que la prévalence déjà très importante (51 % dans la cohorte Aquitaine de l’ANRS de 2009) du tabagisme parmi les personnes vivant avec le VIH est encore plus élevée chez les personnes dont l’infection au VIH n’est pas contrôlé, ou celles qui consomment également des drogues injectables. D’où le développement plus fréquent de cancers et d’infections pulmonaires pouvant être mortels. Ce faisceau de preuves scientifiques a conduit les auteurs du rapport d’experts 2013 sur le VIH de réaffirmer leurs inquiétudes face à ce facteur négatif pour la santé des personnes. "La consommation chez les personnes vivant avec le VIH constitue un problème essentiel dans la prise en charge de ces personnes et des mesures d’arrêt de la consommation de tabac doivent être impérativement proposées régulièrement au cours du suivi". Dans le bulletin épidémiologique de l’InVS (Institut de veille sanitaire), la prise en charge à 100 % du sevrage tabagique a d’ailleurs été évaluée comme la mesure la plus intéressante sur le plan du rapport coût/efficacité pour l’assurance maladie. Note positive, les effets de la combustion du tabac ne sont pas irrémédiables. En effet, une étude montre qu’un arrêt effectif de la cigarette d’au moins une année permet de faire redescendre le risque de développer une pneumopathie bactérienne à un niveau comparable qu’une personne n’ayant jamais fumé.

Un sevrage délicat

L’enjeu de surconsommation de tabac chez les personnes séropositives devient primordial, car cette dernière est un des facteurs de bonne santé sur lequel on peut influer au niveau individuel. Mais la maîtrise de la cigarette reste plus difficile à mettre en œuvre que pour la population générale. Car au-delà du tabac, il y a la gestion de la séropositivité et de ses implications socio-économiques comme psychologiques qui doivent être prises en considération. "Il y a un véritable travail d’information à faire auprès des personnes, en facilitant et en expliquant l’arrêt du tabac, qui n’est pas une perte mais un gain en matière de qualité de vie", explique un médecin tabacologue. C’est ce que rappellent les experts du rapport Morlat 2013, indiquant que les "thérapeutiques disponibles restent peu nombreuses, peu efficaces et à la tolérance variable selon les individus". Ce qui nécessite selon eux un suivi complet, à la fois au niveau tabacologique, mais aussi psychique, pour maximiser les succès en matière de sevrage tabagique. Ils invitent à la réflexion sur les stratégies déjà en place comme pour les futures, donnant l’exemple de la cigarette électronique, représentant une voie "à "préciser" mais "prometteuse". L’arrêt définitif du tabac chez les personnes vivant avec le VIH ressemble à une bataille, notamment chez les femmes, et les échecs demeurent nombreux. Mais les arrêts ne sont jamais vains ni trop tardifs, la probabilité de succès augmentant d’ailleurs de pair avec le nombre de tentatives. Alors le seul échec, c’est celui d’arrêter d’essayer !

Commentaires

Portrait de Spooky

La cigarette électronique est 100 fois moins dangereuse que la 'tueuse' (comme l'appelle les 'vapoteurs'). C'est ce qu'affirme de plus en plus de médecins. Je m'y suis mis depuis 3 semaines et au bout de quelques jours je n'ai plus fumé de tabac (le temps que mon dernier paquet soit fini) !!! Au début ce n'est pas évident mais on s'y fait facilement avec un peu de motivation. Pour les conseils sur quel modèle d'e-cig choisir et quel e-liquide (c'est primordial), il existe de nombreux forums et sites d'avis sur le sujet. Essayez

Portrait de ALBATROP

Pour ma part j'ai pris du Champix pendant une semaine. C'était il y a 7 ans....Je fumais mes 2 paquets et toussais tous les matins. Maintenant je peux nager, courrir et travailler...Mon corps se fatigue parfois mais  j'ai du souffle. Sans vouloir donner de leçon, je crois qu'une fois la décision vraiment prise, il faut se faire à l'idée de souffrir deux semaines. Avec le temps on se demande pourquoi on avait commencé.