Marche des fiertés parisienne 2014 : battre le rappel des engagements de Hollande

Publié par Mathieu Brancourt le 27.06.2014
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InitiativeMarche des fierté 2014

L’année 2013 fut celle du combat victorieux de la communauté LGBT pour l’obtention de l’ouverture du mariage à tous les couples. Un an plus tard, l’euphorie est retombée et le constat est "amer" selon Nicolas Rividi, porte-parole de l’Inter-LGBT en charge des discriminations. Le 28 juin prochain, l’organisation innove tout en repartant de ces "vieilles" revendications restées lettre morte. Passage en revue.

Nouveau départ et continuité

Exit le bouquet final sur la Place de la Bastille, trop petite et sans terre-plein. Fini également le départ depuis Montparnasse. Les festivités commenceront à 14 heures au Jardin du Luxembourg et serpenteront dans les artères de la capitale jusqu’à République, fraîchement restaurée et réaménagée. Là-bas, un concert de clôture conduira les participants jusque tard dans la soirée. Le Slogan : "Nos corps, nos vies, nos familles : plus de droits pour tou-te-s" choisi pour cette nouvelle édition balaye l’ensemble des problématiques de vies auxquelles les personnes LGBT sont confrontées au quotidien. Nicolas Rividi souhaite une Marche des fiertés de "consolidation" des revendications, face aux "renoncements" du gouvernement. Reconnaissance de toutes les familles, droits pour les trans et vraie lutte contre les discriminations : l’Inter-LGBT veut relancer ces initiatives "au point mort" selon Nicolas Rividi.

Adoption, PMA : le compte n’y est pas

C’est sûrement sur ce point que les griefs de l’Inter-LGBT sont les plus nombreux. L’adoption de la loi Taubira au printemps dernier n’a pas tout réglé. Selon Marjorie Monni, l’inaction du gouvernement qui a suivi a, aujourd’hui, des conséquences directes pour les familles et les couples. "Il faut toujours passer devant un juge pour adopter ses propres enfants", déplore la porte-parole de l’Inter-LGBT en charge des questions de famille. Elle cite la dernière décision du TGI de Versailles concernant l’adoption, où un juge a débouté deux lesbiennes. Pour Marjorie Morri, c’est la preuve de "l’insécurité juridique quotidienne que vivent ces familles". Rien non plus n’est prévu en cas de séparation antérieure à la loi. "C’est pourquoi nous demandons que l’adoption sorte du cadre strict du mariage, avec une reconnaissance de parentalité devant un officier d’Etat-civil", explique-t-elle.

Concernant la procréation médicalement assisté (PMA), c’est la "colère" qui prime. Une véritable déception avec "l’impression d’être baladé", indique Nicolas Rividi, à la vue de la chronologie d’une reculade sur une promesse de campagne présidentielle de… 2012. La loi Famille a été reportée aux calendes grecques et rien ne garantit la présence d’un amendement sur la PMA lors de sa discussion. "Toutes les femmes doivent pouvoir avoir le choix, comme les couples hétéros", conclut sur le sujet Marjorie Monni.

GPA et prostitution hors de propos

Contrairement à la Marche des Fiertés de Lyon, où le groupe local avait choisi un slogan intégrant la question de la pénalisation du client pour les travailleuses du sexe et de la GPA, pas de sujets polémiques pour Paris. Le mot d’ordre dans le Rhône avait d’ailleurs provoqué la scission de quelques associations féministes locales. Ces sujets ne sont "pas à l’ordre du jour" selon les porte-paroles, qui reconnaissent qu’ils font l’objet de discussions en interne. La gestation pour autrui "ne se pose pas comme une question d’égalité, en tout cas pas pour l’instant", ajoute Nicolas Rividi. Mais il précise que l’Inter-LGBT soutient la reconnaissance par l’Etat des enfants nés par GPA.

Encore beaucoup trop de phobies

Ici encore,les militants pointent les errances des politiques de lutte contre les discriminations, malgré le constat d’un retour galopant des actes et propos homophobes depuis les parades de la "Manif pour tous". "Nous sommes très inquiets du probable retour en arrière concernant les "ABCD de l’égalité", programme de lutte contre les stéréotypes de genre dès l’école. Tout comme sur le plan Belkacem contre les discriminations dont nous n’avons plus de nouvelles", avance un des porte-paroles. Il réclame des "indicateurs officiels chiffrés sur les LGBT phobies et exhorte le gouvernement à prendre de véritables mesures" face à un mouvement de fond à combattre. "Il est effarant de voir des gouvernants de forces politiques favorables à l’égalité aussi peu engagés dans la lutte contre les discriminations, notamment chez les plus jeunes", s’indigne encore Nicolas Rividi.