Mariage pour tous : une mobilisation Denfert

Publié par Mathieu Brancourt et Kahina Boudarène le 28.01.2013
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Les partisans de l’égalité des droits ont réussi leur pari en mobilisant ce dimanche davantage de personnes que lors de la manifestation du 16 décembre.

Crédits photos : Kahina Boudarène

125 000 personnes selon les autorités, 400 000 manifestants selon les organisateurs ; en tous cas, ce dimanche 27 janvier, la place Denfert Rochereau était noire de monde. Pour les partisans du mariage pour tous, le pari est réussi. Malgré un temps capricieux, la mobilisation est bien plus conséquente que celle du 16 décembre dernier. Si sur certaines pancartes on peut lire : "Hollande ne recule pas, les pédés sont derrière toi", personne ne semble vraiment croire à un retour en arrière du gouvernement. Le chef de l’Etat l’a affirmé, il "ne cèdera pas sous la pression de la rue", tout comme il n’a pas flanché devant les représentants des autorités religieuses ou face à Frigide Barjot. La mobilisation est surtout une démonstration de force face à la "Manifestation pour tous" du 13 janvier qui avait rassemblé au moins 340 000 personnes.

Le combat pour l’égalité des droits a rassemblé bien au-delà des mouvements LGBT. Ce dimanche, c'est le mélange des genres. Derrière la même banderole, on retrouve Jack Lang, nouveau président de l’Institut du Monde arabe et Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé sous Nicolas Sarkozy et désormais membre du Haut Conseil à l’égalité hommes-femmes. Quelques mètres plus loin, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, en compagnie d’Harlem Désir, le chef du PS et d’Eva Joly, défilent eux aussi pour l’égalité des droits. "Je pense qu'il est important que ceux qui se battent pour un progrès, pour plus de liberté, pour plus d'égalité, que eux aussi se fassent entendre. Qu'on n'entende pas que les conservateurs ; ceux qui ont peur de l'avenir, ceux qui ont peur des autres, ceux qui parfois distillent la haine ou des propos discriminatoires", déclare le maire de Paris. A ses côtés, Christophe Girard, maire du 4ème arrondissement à Paris, affirme que : "Notre pays qui est un peu à la traine va être à nouveau dans le peloton des démocraties modernes, des démocraties qui savent donner des droits à tout le monde".

Beaucoup de personnalités de gauche, donc, à qui il faut notamment ajouter Jean-Luc Mélenchon, le président du Parti de Gauche, pour qui la manifestation est "un combat pour l’ouverture d’esprit". Mais le rouge n’était pas la seule couleur. Parmi les manifestants, le mouvement Gaylib, une ancienne faction de l’UMP, qui, sur ses tracts en faveur du mariage gay, en profite pour annoncer sa rupture avec le parti de droite. Ou encore, des Francs-maçons, là pour revendiquer "la liberté absolue de conscience et la tolérance mutuelle." Aux partis politiques, aux syndicats, aux associations et aux Femen qui ont, à nouveau, usé de leurs attributs pour promouvoir l’égalité ; il faut ajouter des citoyens lambdas, venus ici parce qu’ils étaient choqués des revendications portées par les "anti". Le succès de la manifestation de ce dimanche est, en grande partie, dû aux analyses sociétales d’une autre époque qu’ont porté les participants de la "Manif pour tous". Comme le résume parfaitement Bruno Spire, le président de AIDES, "plus les homophobes défilent, plus ça stimule notre militantisme et plus ça convainc les indécis que ce sont nous qui sommes du bon coté".