Mediator : Servier énerve son monde !

Publié par jfl-seronet le 11.03.2011
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Audition à huis clos devant la mission d’information de l’Assemblée nationale, arrêt cardiaque d’une victime à la suite d’une expertise médicale exigée par les laboratoires Servier, premiers signes d’une défense particulièrement procédurière…. Servier agace (déjà) et même jusqu’au gouvernement.
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C’est mercredi 3 mars, en soirée, qu’a eu lieu, à huis clos, l’audition de Jacques Servier, propriétaire des laboratoires du même nom. Il s’agissait d’une audition dans le cadre de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator. "Jacques Servier est un vieux monsieur, mais, à l'évidence, il a encore toute sa tête", a expliqué à "L’Express" (3 mars) le député socialiste Gérard Bapt qui préside la mission parlementaire. Le moins que l’on puisse dire, à la lecture de la presse, c’est que le fondateur des labos et l’actuel directeur Jacques Seta n’ont pas convaincu les députés. C’est "Le Figaro" (3 mars) qui s’est montré le plus précis. Il faut dire que le journal a eu accès à un enregistrement de l'audition. "Comment pouvez-vous dire qu'il n'y a eu que trois morts ?", demande aux laboratoires Servier un député membre de la mission d'information. Réponse de Jacques Servier : "Je l'avoue, ils viennent seulement de ma conviction personnelle. Tout est très compliqué dans cette affaire". Bref, aussi probant qu’une boule de cristal.
Les laboratoires se sentent d’ailleurs si sûrs d’eux qu’ils ont exigé le huis clos pour cette audition et qu’aucun procès verbal ne soit dressé. Ils sont d’ailleurs venus à onze, mais sans leurs avocats, indique "Le Figaro". "Les débats ont été houleux, notamment entre les députés Maxime Gremetz (PC) qui a pris du Mediator pendant quinze ans et Jean-Marie Le Guen (PS) et certains représentants de l'entreprise". Evidemment, le labo se fait fort de rappeler qu’il a obtenu tous les feux verts pour être commercialisé. Jacques Servier n’aime pas être mis en cause. Il n’aime pas non plus l’Igas (l'Inspection générale des affaires sociales) à laquelle il s’en est violemment pris, selon "Le Figaro". "Nous n'avons jamais été reçus par l'Igas malgré notre insistance. C'est tellement contraire au droit contradictoire des démocraties que c'est un peu surprenant". Réponse de l’Igas au "Figaro" : "Nous n'avons jamais sollicité Servier car nous n'avons pas le droit d'enquêter sur le secteur privé. Et eux ne nous ont jamais demandé à être entendus". L’échange donne une bonne idée de ce qui sera la stratégie de défense de Servier. Et lorsque "L’Express" demande à Gérard Bapt ce qu’il a pensé de l’audition du 3 mars. Voilà, ce que répond le président de la mission : "Que le laboratoire est totalement homogène, qu'il parle d'une seule voix et que sa ligne de défense est claire : ses responsables entendent se battre pied à pied, se placer sur le terrain scientifique et proclamer que le principe actif du Médiator n'a rien à voir avec un coupe-faim... Ce qui reste à prouver".
Servier entend aussi pousser les procédures à l’extrême avec expertises à tout bout de champ. On a pu s’en apercevoir après le problème qu’a connu une victime présumée du Mediator tombée dans le coma pour cause d’arrêt cardiaque à la suite d’un test d’effort exigé à titre d’expertise par Servier. La malade est, aujourd’hui, sortie du coma.
Cette ligne de défense, une certaine morgue de l’équipe Servier, agace jusqu’au gouvernement. Ainsi Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a conseillé (3 mars) au laboratoire Servier de "changer d'attitude" vis-à-vis du Mediator. Le ministre relève, selon l’AFP, que les "premiers échanges" qui ont eu lieu "ne permettent pas d'apporter toutes les réponses sur le processus d'indemnisation par le laboratoire Servier" des victimes présumées du Médiator. Xavier Bertrand met même en garde : "Je l'ai dit le premier jour, je le redis aujourd'hui : que ce soit sur la question de l'indemnisation des victimes du Mediator ou sur celle des expertises, il ne faut pas infliger de double peine, il ne faut pas infliger une deuxième épreuve au patient". On verra bien si Servier suit ces conseils. Ça promet !